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tie de notre vie! Oh! non, nous ne vous oublierons jamais, bons jeunes gens, qui répondiez si bien à nos soins et à nos efforts, et qui justifiez dans les diverses carrières où vous a appelés la divine Providence, les espérances que nous avions conçues de vous. Jamais, non plus, vous ne serez oubliés de nous, fonctionnaires et professeurs de l'instruction publique, que nous avons vus, en si grand nombre, non moins passionnés pour le bien que pour le beau. »

Après les colléges viennent les établissements d'instruction primaire pour les deox sexes. Le prélat est trop bien sur le terrain cultivé par les labeurs de sa vie entière ; il est trop pénétré de la nécessité de l'intervention de la religion dans cette partie si intéressante du troupeau confié à ses soins, pour taire les inspirations de sa charité et de son dévouement:

«Par un bienfait dont nous ne saurions assez remercier le Ciel, les Ecoles primaires nous présentent, ainsi que les Séminaires et les Colléges, les plus légitimes sujets de joie et d'espérance. S'il est encore des Instituteurs qui ne soient pas assez fidèles à tous leurs devoirs, combien n'en comptonsnous pas qui instruisent par leurs exemples non moins que par leurs leçons vet se montrent aussi attentifs à graver de bons sentiments dans les cœurs qu'à répandre dans les esprits les premières notions de la science!

Enfin, s'adressant collectivement à tous ceux dont l'existence est consacrée à l'éducation de la jeunesse : « Continuez, leur dit-il, instituteurs et institutrices de l'enfance, directeurs et professeurs des séminaires et des colléges, continuez, sous l'œil de Dieu et sous les inspirations de la Religion, votre œuvre si chère et si nécessaire à la Religion et à la société ; poursuivez-la avec une ardeur toujours croissante, fraternellement unis d'esprit et de cœur, et n'ayant d'émulation et de rivalité que pour le plus grand bien de la jeunesse, et la plus grande gloire de Dieu. Bonum œmulamini in bono semper. »

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A la lecture de ces lignes, qui respirent un dévouement si profond aux vrais intérêts du jeune âge et une intelligence si éclairée de ses besoins, qui ne regretterait que les hommes tels que Mgr Daniel aient été si rares dans l'université? Au lieu de devenir un épouvantail pour les familles et de marcher comme il a fait, vers une ruine infaillible, ce grand corps eût également mérité de la science, de la religion et de la patrie; et il est hors de doute que les générations nouvelles qui se sont élevées depuis un demi-siècle eussent été fidèles aux principes religieux et sociaux. Loin de nous toutefois la pensée de vouloir renouveler ici des reproches si souvent, et pourquoi ne dirions-nous pas? si justement adressés à l'Université.

Bornons-nous à féliciter le beau et religieux diocèse de Coutances, de voir ses destinées morales confiées à des mains aussi sores, aussi exercées, aussi saintes, en un mot, et aussi savantes que celles de Mgr Daniel. L'instruction publique eût pu sans doute continuer à profiter de son concours tet de ses lumières, en le conservant dans son conseil supérieur où il siégeait avec tant de distinction; personne, en effet, ne connaissait mieux que lui et les hommes, et les traditions de l'enseignement. Mais, puisque M. le ministre en a jugé autrement, ce n'est pas nous qui nous en plaindrons, étrangers que nous sommes aux affaires universitaires; il y a plus, le zèle de Mgride Goutanées trouvera dans les établissements diocésains un aliment

assez considérable pour que nous le voyions avec bonheur se concentrer dans les soins de la nombreuse jeunesse directement confiée à sa sollicitude.

Pénétré de la grandeur et de l'étendue de sa mission, le Prélat ne se borne pas à faire un appel aux prêtres, aux professeurs, aux instituteurs et aux institutrices. Il s'adresse aussi aux magistrats de tout ordre, et en général, à tous ceux à qui les emplois, le talent, l'instruction ou la fortune donnent de l'autorité et de l'influence.

Puis, ce sont les bons habitants des villes et des campagnes, les hommes du commerce et de l'industrie, les laboureurs, les ouvriers, qu'il exhorte à conserver et à ranimer la divine lumière de la foi. Son cœur s'échauffe surtout quand il s'agit des pauvres; et à cette occasion, le Prélat, énumérant les œuvres de charité qui s'accomplissent dans son diocèse, y trouve une triomphante démonstration de la vérité et de l'immortalité de la religion qui les inspire et les commande.

Non, s'écric-t-il, la religion n'a pas fait son temps, comme l'ont prétendu de vains et orgueilleux philosophes. L'histoire contemporaine s'est elle-même chargée de les démentir, en nous présentant en foule d'éclatantes manifestations de la vigueur et de la fécondité inépuisable de la foi catholique! Et en vit-on jamais de plus admirables et de plus frappant 's que celle qui fut donnée, à la fin du siècle dernier, par les prêtres français? I leur fallait manquer à leurs devoirs ou subir le dernier supplice, s'ils ne parvenaient à s'y soustraire par la fuite et l'exil. L'immense majorité n'hésita pas: la fuite, l'exil, une vie errante et cachée, pleine de privations, de misères et de dans gers, la mort dans les déserts, dans les prisons, sur l'échafaud, tout fut accepté avec joie plutôt que de désobéir à la Religion et à la conscience.

«Non, la source de ces héroïques sentiments n'est pas tarie. Ne mérite-t-il pas d'être exalté comme un illustre martyr, ce bon Pasteur que la France a vu naguère entreprendre, avec autant de simplicité que de courage, de mettre fin à des luttes fratricides, et donner sa vie pour son troupeau, en demandant que son sang soit le dernier versé? Ne retrouvez-vous pas, N. T.-C. F., la même piété et le même dévouement dans ces prêtres savants et vertueux, qui exercent parmi vous le ministère paroissial, ou qui vont, sans que rien puisse lasser leur courage et refroidir leur ardeur, porter la bonne nouvelle de l'Evangile jusqu'aux contrées les plus lointaines et les plus barbares? Ne les retrouvez-vous pas dans ceux qui se livrent aux saintes rigueurs de la pénitence à l'ombre des cloîtres, providentiellement rouverts, dans le vénérable vieillard qui a fondé et qui gouverne encore aujourd'hui l'abbaye de Notre-Dame-de-Grâce, à Bricquebec, et dans les fervents solitaires que ses leçons et ses exemples élèvent à la perfection del a vie chrétienne ?...

« Sans doute, N. T.-C. F... le retour aux croyances et aux pratiques de la Religion est loin d'être complet. Hélas! bien des hommes encore, demeurés flottants sur l'océan du doute, livrés au monde et à ses enchantements, s'avancent, les yeux fermés, vers le formidable avenir qui nous attend au delà du tombeau, comme s'ils pouvaient l'anéantir en le niant stupidement ou en n'y pensant pas! Oh! redoublons tous ensemble de prières, de soius et d'efforts, bien-aimés Coopérateurs, pour eclairer et toucher ces frères aveugles et malheureux. Embrassons-les étroitement dans la charité, afin de mériter le bonheur de les embrasser bientôt dans la foi, et de les conquérir tout à fait à J.-C. » L'abbé J. COGNAT.

Bulletin Politique de l'Etranger.

Le Moniteur, rompant enfin le silence qu'il avait gardé jusqu'ici à cet égard, a publié, hier jeudi, la circulaire de M. le comte de Nesselrode. Ily a joint la circulaire de M. Drouyn de L'Huys dont on ne possédait pas encore le texte. L'analyse que nous avons donnée de cette pièce, où nous avons du constater des faits si affligeants pour les catholiques, était assez exacte pour nous dispenser de reproduire le texte presque identique du document lui-même.

La circulaire de M. de Nesselrode a été l'objet d'une interpellation au Parlement anglais. Lord Lyndhurst a demandé quelques éclaircissements au ministre des affaires étrangères qui, selon l'usage, a répondu par des paroles de nature à ne pas l'embarrasser ni l'engager beaucoup, de quelque façon que tournent les événements. Dans la Chambre des Communes, M. d'Israéli a aussi interpellé sur ce sujet lord John Russell, dont la réponse a été également enveloppée de nuages et de réticences.

- « Ce

La presse semi-officielle de Paris était ces jours derniers encore fort animée contre la Russie. M. A. de Céséna, notamment, a repris ses accents les plus vifs d'indignation. En même temps, il a combattu cette idée favorite du gouvernement de Saint-Pétersbourg, « que la Russie remplit une misasion sainte, accomplit un devoir sacré en intervenant entre le Sultan et ceux de ses sujets qui appartiennent à la communion grecque. » protectorat, dit-il, non-seulement les Grecs ne le sollicitent pas, ne le désirent pas, mais même ils le redoutent et le repoussent. C'est ce qui résulte des termes mêmes de l'adresse suivante qui a été remise à la Sublime-Porte au nom du patriarche des métropolitains, des Archevêques. des Évêques, des notables et des chefs de la nation grecque, dès le mois de juin dernier:

Les patriarches grecs de Constantinople et de Jérusalem, les métropolitains et les évêques de premier ordre, les notables de la nation et les chefs de corporations, sujets de la Sublime-Porte, soumettent la présente adresse au pied du trône snblime plein de justice, et du seuil impérial et miséridieux, (qu'il soit conservé jusqu'à la fin du monde !)

« Notre humble nation, qui se glorifie de sa fidèle sujétion et soumission au gouvernement impérial (d'éternelle durée, de S. M. le sultan, notre maître bienfaisant, ayant convoqué un conseil général à notre patriarcat, à Toccasion de la lecture (en présence de vos serviteurs les métropolitains, les notables de la nation et les chefs de diverses corporations qui se trouvent à Constantinople) du firman impérial, revêtu du khatti-chérif de Sa Majesté notre très-auguste souverain, et émané dernièrement au nom de notre patriarche, votre serviteur, dans le but de confirmer les conditions particulières, priviléges spirituels et concessions, accordés par les grands sultans et empereurs (de glorieuse mémoire), et que Sa Majesté impériale, notre auguste maître et bienfaiteur, s'est plu à maintenir depuis qu'elle a commencé à faire briller sa justice du sommet du trône majestueux du sultanat, d'éviter les abus qui ont eu lieu par suite de quelque négligence ou inattention, de conserver en tout temps intacts et d'exécuter entièrement et exactement les immunités et les droits particuliers des églises, monastères, et c'es terres, propriétés et autres endroits et sanctuaires qui en dépendent, enfin

les priviléges et immunités contenus dans les bérats relatifs aux anciennes concessions et donnés au patriarche actuel, aux métropolitains et archevêques, les soussignés, sujets fidèles, furent comblés d'une joie infinie et d'une reconnaissance éternelle. Il est hors du cercle de la possibilité de faire en actes ou en paroles les remercîments dus pour une seule des bontés, priviléges et concessions, accordés à notre humble nation d'une manière propre à attirer la jalousie des autres nations et faire la gloire de la nôtre, suivant la miséricorde ordinaire de Sa Majesté Impériale, le très-auguste et très-puissant sultan, miséricordieux envers tous, loué pour ses actions, bienfaiteur du monde, notre bienfaiteur particulier, ornement de la couronne des sultans, et faisant l'admiration des souverains du temps et de la terre par ses bontés et par ses perfections. Tout le monde connaît que la sûreté et la tranquillité de tous les sujets sont parfaites, grâce à la protection pleine de justice du gouvernement impérial, auquel est confié, comme un gage divin, Je bien-être et le contentement de tous les habitants des Etats Impériaux. Ainsi, notre nation considère comme le premier de ses devoirs de religion et de loi de rester, de tout son cœur et de toute son âme, constante à jamais dans sa sujétion et sa soumission au gouvernement impérial, et de verser jusqu'à la dernière goutte de son sang pour l'auguste personne de Sa Majesté Impériale, et elle fait des prières ardentes à Dieu, tout puissant, nuit et jour, avec ses enfants et ses familles, la tête découverte et versant des larmes, pour qu'il préserve l'auguste personne de Sa Majesté notre magnanime souverain sur le trône du sultanat, d'éternelle durée, en bonne santé et pour de longues années, et qu'il conserve les ministres du gouvernement impérial qui sont l'intermédiaire de tant de bontés impériales dans l'honneur et la gloire, sous la gracieuse bienveillance de Sa Majesté Impériale. Nous prions Votre Altesse de vouloir bien prendre connaissance de la présente adresse et de soumettre aux pieds du trôné du très-auguste sultan, ombre divine, notre parfaite reconnaissance, notre joie et nos remerciments sincères. »

Après cette citation réellement curieuse, le Constitutionnel ajoute:

".... L'empereur Nicolas ne veut ni protéger, ni opprimer les Grecs. Il veut supprimer de fait les Sultans, en attendant de les supprimer de droit. Mais que l'Europe y songe : si jamais la Turquie devenait une seconde Pologne, il ne tarderait pas à y en avoir une troisième ; et cette troisième Podogne, ce serait l'Allemagne. »>

Après cette appréciation de la feuille parisienne, nous placerons d'autres observations d'un excellent journal de province, la Gazette du Midi :

<< En bonne règle, dit-elle, l'empereur Nicolas pourrait être satisfait des .concessions obtenues par les Grecs et les Arméniens; mais il a derrière lui de vieux parti moscovite, qui, dans une question religieuse, est capable de tout, et se tournerait au besoin vers le grand-duc Constantin, le prédestiné de la croisade grecque.

«La marche d'une armée russe sur Constantinople présente des obstacles que les popes et les boyards ne connaissent pas, mais que l'empereur sait apprécier. La Bulgarie, en deçà et au delà des Balkans, est un pays de plaines que la négligence turque a transformé en un foyer de fièvres. Les eaux demeurent stagnantes faute d'écoulement, et l'on trouve, çà et là, de grands amarais, fort redoutables pendant les chaleurs. Ces plaines sont interrompues de loin en loin par des accidents de terrain sur lesquels on aperçoit

quelques pyramides de terre qui paraissent avoir été des 'tombeaux. C'est parce que les généraux russes connaissent bien ce pays, qu'ils resteront dans les provinces danubiennes jusqu'à l'automne, la seule saison supportable en Bulgarie. Ainsi tout l'avantage sera pour eux : ils vivront aux dépens des provinces, et laisseront le trésor turc s'épuiser complétement par le pied de guerre. D'ailleurs, les Osmanlis ne sont pas gens à savoir attendre. Ils ont de la fougue; ieur premier mouvement est impétueux; mais s'ils restent trop longtemps dans l'inaction, ils se découragent et retombent dans leur indolence naturelle. »-H. Abel.

Nous continuons à enregistrer les faits divers qui se rattachent à la question d'Orient et nous arrivent par les journaux d'Allemagne et les correspondances, soit de Constantinopie, soit de Saint-Pétersbourg.

On écrit de cette dernière ville au Nouvelliste de Hambourg, le 2 juillet : « L'empereur exprime dans un ordre du jour, daté de Peterhoff, 26 juin, sa satisfaction de la rapidité avec laquelle plusieurs détachements de troupes ont été transférés de Twer et de Moscou, par le chemin de fer, à SaintPétersbourg et aux environs. L'armée concentrée aux environs de la capitale s'élève à 100,000 hommes.>>

Nous lisons dans la Gazette de Cologne, du 12 juillet :

■ Il est arrivé un supplément de la Gazette d'Odessa, contenant un article très-belliqueux. On apprend aussi la nouvelle que le prince Mentschikoff étaît arrivé à Sébastopol, où il avait embarqué 30,000 hommes de la flotte russe. On assure que les ambassadeurs de France et d'Angleterre ont donné T'ordre aux consuls de se rendre à Varna et Tarnowa. »

Une lettre de Constantinople, du 25 juin, annonce que le grand-vizir Mus¬ tapha-Pacha a reçu une lettre très-amicale de son ami le pacha d'Egypte, qui lui annonce que la flotte égyptienne allait se mettre en mer avec le contingent de troupes demandé par le sultan. Les soldats des garnisons du littorial se sont embarqués. Les troupes venant de l'intérieur étaient en route.

La dépêche télégraphique suivante, datée de Canstantinople, 4 juillet, est venue par la voie de Trieste :

« Les affaires sont toujours dans le même état. Le colonel Magnan, au service de la Porte, est parti pour Schumla.

Voici les dernières nouvelles du théâtre de l'occupation. On écrit de Bucharest :

« Omer-Pacha a conféré plus de deux heures avec le général Niepokoitschiski, envoyé par le prince Gortschakoff, en présence de deux officiers d'état-major, dans son cabinet particulier, au quartier général de Schumla, et immédiatement après il a expédié deux Tartares à Constantinople avec des 'dépêches; bientôt après, le général Niepokoitschiski est parti sous une escorte du séraskier. »

On mande de Sinoutz (Moldavie) à la Gazette d'Augsbourg :

« D'après l'inspiration du consul général russe, le gouvernement moldave a nommé dix-huit délégués chargés d'exécuter les ordres du commandant en chef de l'armée russe ; il a envoyé trois délégués au quartier général Kischeneff pour accompagner le général en chef à son entrée à Jassy, qui est annoncée pour le 5 juillet. »

Maintenant, ce qui paraît résulter de tous les articles des journaux étrangers, et surtout de ceux d'Allemagne, Gazette de Cologne, Nouvelle Gazette de

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