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régné aussi autrefois parmi nous. La scolastique a été enveloppée chez nous dans ce dédain, malheureusement si universel, que professait le dix-huitième siècle pour l'héritage des siècles précédents. Hélas! l'on sait par quoi il l'a remplacé. L'Italie a maintenu ces traditions conservatrices des bonnes études, et de là sa supériorité dans la plupart des branches de la théologie; de là ces œuvres vraiment magistrales qui viennent de temps en temps nous avertir de notre retard dans cette carrière autrefois si glorieuse pour nous. Lorsqu'on reporte sa pensée à ces époques si florissantes pour la science ecclésiastique, qui alors absorbait et groupait toutes les autres sciences autour d'elle-même, et où la France pouvait si légitimement revendiquer le sceptre, l'on se sent pris d'un mouvement de tristesse profonde!

Sans doute nous avons beaucoup perdu; mais nous pouvons tout regagner et ajouter encore à notre gloire passée. A l'heure même qu'il est, notre épiscopal, toujours si rempli de sollicitude pour tout ce qui intéresse la force et la prospérité de cette belle Eglise de France, confiée à sa sagesse, témoigne un zèle de plus en plus grand pour les intérêts si précieux de la science ecclésiastique. Plusieurs décisions de conciles provinciaux, plusieurs essais d'institutions, sont les commencements d'efforts qui font entrevoir des résultats plus complets encore, et bientôt, nul doute, nous pourrons retrouver, dans une bonne et sage organisation de l'enseignement théologique supérieur, les possibilités et les encouragements nécessaires à une pareille rénovation.

Dans cette matière, il ne nous appartient que d'exprimer modestement nos vœux et de nous en rapporter à la sagesse et aux dispositions éclairées de nos juges et de nos pères dans la foi.

L'abbé A. SISSON.

SOUSCRIPTION

Pour la défense du R. docteur Newman. Rapport du Comité sur l'emploi des fonds.

Le procès intenté au généreux et illustre converti par l'apostat Achilli, a fourni un nouvel et admirable exemple des sentiments de confraternité véritable, qui, malgré les différences de nationalité et de langage, rassemblent et lient tous les enfants de l'Eglise.

Nous apprenons avec une vive satisfaction que dans cette circonstance, les résultats ont répondu au delà même de toute espérance, aux efforts du dévouement et de la charité. Non-seulement le jugement du confesseur de la foi a été l'occasion d'un triomphe pour la religion qu'il a consolée par son retour, puisque ses juges protestants, la main forcée par le verdict d'un jury inique, se sont Nus contraints néanmoins, même en prononçant une condamnation

contre lui, de rendre hommage à son mérite et à ses vertus. Mais tandis qu'un tribunalsupérieur, dominé par le réveil de la conscience nationale et par l'éclat de l'indignation européenne, diminuait les charges édictées par le premier jugement, les abondantes offrandes recueillies dans les parties les plus éloignées du monde, atteignaient et même dépassaient le chiffre des dépenses exigées au nom de la justice anglaise ou nécessitées par les frais de la défense.

Tel est le fait principal qui ressort des comptes rendus par le comité de souscription dans un meeting général tenu le 24 juin dernier, à Londres, scus la présidence du R. E. G. Mac-Mullen, en la résidence du comte d'Arundel et Surrey, l'un des catholiques les plus éminents de l'Angleterre.

Dans cette réunion, il a été décidé que le rapport et l'état des recettes et dépenses seraient adressés aux journaux dont les noms suivent: En Angleterre, le Tablet, le Catholic Standard, le Weekly Telegraph, le Freeman's Journal, le Rambler; en France, l'Univers, l'Ami de la Religion, l'Assemblée nationale, la Gazette de France et l'Union; en Italie, l'Armonia (de Turin), la Civiltà cattolica (de Rome); aux Etats-Unis, le New-York Freeman's Journal; et en Allemagne, la Wolkshalle (de Cologne).

Ces journaux sont ceux qui ont été assez heureux pour apporter à une aussi excellente manifestation le concours de leur publicité.

C'est un honneur et un plaisir d'autant plus grands pour nous de déférer au désir du comité, qu'il résulte du tableau de souscription qu'après la Grande-Bretagne la France y tient le premier rang. Notre pays a fourni à lui seul presque autant que les autres contrées ensemble.

La presse, en France comme partout, a le droit d'être fière de la reconnaissance que lui témoignent les catholiques anglais. Elle a pu, en reproduisant au fur et à mesure des listes chaque jour plus nombreuses, et où figuraient les sommités de l'Eglise et de l'Etat, encourager et multiplier les dons par le stimulant d'une utile émulation. Toutefois, elle usurperait un honneur qui ne lui appartient pas si, chez nous surtout, elle ne reportait pas à l'Episcopat et au clergé l'initiative et la gloire de l'éclatant succès qu'elle a le bonheur de constater. Ce sont, en effet, NN. SS. les Evêques qui, comme toujours, ont donné, avec l'autorité de leur parole et de leur exemple, cette puissante impulsion qui, du palais épiscopal, s'est communiquée à tous les presbytères et des presbytères aux chaumières comme aux châteaux. A peine la nouvelle de la condamnation étaitelle parvenue ici, que Mgr l'archevêque de Paris autorisait le secrétariat de l'Archevêché à recevoir les offrandes. Un grand nombre d'autres prélats ont fait mention du même objet dans leurs mandements.

Nous avons reproduit les pressantes circulaires publiées à cette

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intention spéciale par NN. SS. les évêques du Mans, de Vannes, de Saint-Brieuc, de Carcassonne, etc., etc. Le diocèse de Carcassonne notamment, l'un des moins riches et des moins populeux, a produit à lui seul plus de 2,500 francs, parce qu'il était organisé de telle sorte qu'à chaque degré de la succursale, de la paroisse ou du canton, des bourses étaient ouvertes et de là versées à l'évêché qui centralisait les fonds. Dans les autres diocèses, les plus abondantes offrandes ont été rassemblées dans les conférences ecclésiastiques, dans les retraites pastorales, etc., etc. Les fidèles n'ont eu qu'à suivre et à imiter la générosité de leurs pasteurs et de leurs guides.

Dans le rapport qu'on va lire, on remarque que, toutes dépenses soldées, il reste un reliquat assez considérable, et l'on a bien voulu nous consulter sur la destination à y affecter. Nous ne parlons que pour nous; mais nous croyons que notre vœu est celui de tous les souscripteurs. C'est au nom du R. D. Newman que s'est attachée la sympathie universelle dont la religion a recueilli les fruits; c'est, quant à nous, le R. D. Newman que nous prierions, d'accord avec ses amis, d'en faire le meilleur emploi possible au nom de la foi et de la charité. Charles DE Riancey.

Voici le rapport du comité pour les fonds concernant la défense du R. D: Newman :

Lorsqu'il fnt connu que des poursuites judiciaires étaient commencées contre le T. P. D. Newman pour avoir retracé la vie et le caractère de l'indigne Achilli, et que les charges reposaient sur une quantité de faits embrassant plusieurs années et fort distants les uns des autres, il fut évident pour tout le monde que les ressources du D. Newman ne lui permettraient pas de supporter les dépenses que produirait le procès. Ces dépenses s'augmentaient d'une manière énorme par le refus qu'avait fait la Cour du Banc de la Reine d'accorder permission pour une poursuite criminelle. Au lieu de produire des affidavit sur quelques points légaux, contradictoirement aux dires du demandeur, et de pouvoir lui retirer ainsi ses titres à l'intervention de la Cour en sa faveur, il devint nécessaire d'apporter la preuve de chaque allégation, conformément aux strictes règles de la loi anglaise sur les témoignages. A cet effet, il fallut dépêcher des agents à Rome, à Viterbe, à Capoue, à Naples, à Zante et à Corfou. Il fallut chercher des témoins qui déposassent de la vérité de faits dont les preuves ou avaient été détruites par la violence révolutionnaire, ou existaient seulement dans une forme que notre législature ne reconnaît pas. Le système adopté par la poursuite, occasionnait un surcroît de dépenses.

Toute l'adresse possible fût mise pour trouver des empêchements de forme aux débats, tous les moyens épuisés pour entraver le procès. Six mois se passèrent avant que l'affaire pût suivre son cours, et pendant ce temps il fallut défrayer les témoins.

Pour faire face à ces frais que le docteur Newman avait subis en accomplissant un devoir sacré de religion, une assemblée de catholiques fut tenue au mois d'août 1852, à l'hôtel d'York, Albermale-Street: il y fut décidé à l'unanimité que des mesures seraient prises immédiatement pour ouvrir

une souscription en faveur du docteur Newman; votre Comité fut nommé pour mettre ce projet à exécution. Son appel fut partout entendu ; et maintenant il est doux pour votre Comité d'avoir à vous annoncer que non-seulement les frais si lourds du procès ont été payés, mais qu'il reste une balance de 3,642 liv. 19 sh. 10 den. qui ont été payés par surcroît au docteur Newman.

En résumé, votre Comité n'a qu'à exprimer ses félicitations sur ce résultat qui fournit un exemple si remarquable de l'étendue de la charité catholique et de l'amour de la justice; et il vous soumet le compte-rendu suivant de la souscription, de novembre 1851 au 21 juin 1853 : Recettes. 1° Souscription de la Grande-Bretagne : 6,725 liv. st. sh. 9 d. -2° de l'Irlande: 2,179 liv. st. 6 sh. 2 d. -3° de la France: 2,983 liv st. 1 sh. 4° d'autres contrées: Prusse: Cologne, 153 liv. st. 4 sh. Breslau: 40 liv. st. 12 sh.-Hollande. Maëstricht: 32 liv. st. 10 sh. Belgique. Liége: 331. st. 1 sh.6 d. - Italie. Piémont, Turin: 40 liv.st.- Rome : 123 l.st. -Malte: 59 liv. st.- Portugal. Lisbonne: 10 sh.- Constantinople: 51 l. st. -Amérique du Nord: 458 liv. st. 6 sh. 10 d.-Amérique du Sud. Brésil : 10 l.st. Rio-de-Janeiro 10 liv. st. Canada: 20 liv. st. 17 sh. 6 den. IndesOrientales: 8 liv. st. - Egypte : 1 liv. st.- Total des recettes: 12,932 1. st. 2 sh. 4 d. (environ 323,400 fr. de notre monnaie.)

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Dépenses. -1° Frais dans les diverses parties de l'Europe, voyages, agents détachés à Rome, à Viterbe, à Capoue, à Naples, à Malte, à Zante, à Corfou; copies de documents pris dans les tribunaux étrangers; frais de traduction, sténographie, avis etc.: 4,392 liv. st. 4 den. - 2° Frais de justice et de défense: 4,784 liv. st. 3 sb. 4 d. - 3° Frais divers: 100 liv. st. - 4° Intérêts des avances faites par les banquiers: 12 liv. st. 6 sh. 2 den. Total des dépenses: 9,289 liv. st. 2 sh. 6 den. (232,233 fr. de notre monnaie.) Balance: 3,642 liv. st. 19 sh. 10 den.

Ordonnance de Mgr l'Evêque de Trèves relative
aux mariages mixtes en Prusse.

Nous avons parlé de l'ordonnance rendue par Mgr Arnoldy, évêque de Trèves, pour assurer l'exécution des prescriptions du Saint-Siége sur les mariages mixtes dans le royaume de Prusse. Voici une traduction de cette pièce :

« Nous avertissons par les présentes MM. les curés que désormais c'est au Saint-Siége que l'on devra demander dispense pour être relevé de l'empêchement au mariage qui résulte de la différence de religion; car, pour nous, nous n'avons plus le pouvoir de dispenser de cet empêchement, sauf les cas tellement urgents qu'il y aurait péril à attendre, et que le temps manquerait pour recourir au Saint-Siége, pourvu que dans ces cas-là il n'y ait pas d'autre empêchement canonique.

• Dans tous les cas où la dispense est accordée, soit par le Pape, soit par l'Evêque, la partie non catholique doit promettre avec serment devant l'Evêque, ou devant le curé délégué par lui, de permettre que les enfants de l'un et de l'autre sexe, nés ou à naître, soient élevés dans la religion catholique, et de n'empêcher ni la partie catholique, ni les enfants, de pratiquer librement la religion catholique.

Le mariage sera célébré devant le curé et deux témoins, conformément

aux prescriptions du saint Concile de Trente, mais hors de l'église et sans bénédiction du curë; on omettra de même les proclamations d'usage.

« Trèves, ce 15 mars 1853.

«† GUILLAUME, Evêque de Trèves. »

Bibliothèques de bons livres pour l'armée.

On sait que, chaque dimanche, aux camps de Satory et de Saint-Omer, la messe est célébrée solennellement en présence de toutes les troupes et, nous sommes heureux de l'ajouter, au milieu du recueillement le plus complet.

Cette première mesure se complétera lorsque la routine des consignes qui, dans certaines localités, retiennent encore les soldats aux casernes le dimanche aura disparu; lorsque les soldats, comme tous les autres chrétiens, pourront sortir librement ce jour-là et sans contrainte servir Dieu qui est le Dieu des armées. Car ces consignes sont un reste des traditions malheureuses du gouvernement de 1830.

En attendant, nous devons applaudir de grand cœur à l'idée qu'on a eue de former pour les deux camps une bibliothèque composée de livres moraux et religieux. C'est au zèle et aux soins de la Société de Saint-Vincent de Paul, avec l'agrément des principaux chefs de l'armée, qu'est due cette œuvre déjà féconde en bons fruits aujourd'hui, sous la tente, le saint Evangile est lu par le soldat. La distribution des livres de cette bonne bibliothèque se fait avec tant d'ordre, qu'il n'y a pas exemple qu'on ait jusqu'ici perdu un seul volume.

Un des officiers de la deuxième brigade de l'armée de Paris, qui a remplacé la première au camp de Satory, racontait que les officiers comme les simples soldats lisaient avec empressement tous ces livres. Ils les avaient scrupuleusement rendus, complétement usés, il est vrai, tant les livres avaient servi.

Les pères et les mères de famille qui voient avec une si profonde douleur partir ceux de leurs enfants qu'appelle le service militaire, n'apprendront pas sans reconnaissance le bien qui s'opère en faveur de ces mêmes enfants jadis abandonnés aux dangers si grands et si nombreux de la vie de caserne. De nos jours, grâce à Dieu et au zèle des chrétiens qui se dévouent à cette œuvre de sanctification, partout ou presque partout, les soldats trouvent des réunions où le soir ils peuvent aller s'instruire. Là, de dignes ecclésiastiques, des membres de la conférence de Saint-Vincent de Paul les reçoivent avec l'empressement de la charité. Dans certaines villes, des chefs bons chrétiens ont accordé à leurs hommes la facilité d'aller à la messe le dimanche. Nous aimons à espérer, que sous peu de temps, tout soldat sera libre de pratiquer sa religion : la société tout entière y est intéressée. Alfred DES ESSARTS.

La Congrégation générale qui vient de se tenir au Gesù est la vingt-deuxième depuis la fondation de la Société. Il est remarquable que la première Congrégation générale se tint également à la fin du mois de juin, en l'année 1558, deux ans après la mort de saint Ignace, et que l'élection du Père Lainez, comme second général de la Société et premier successeur du saint fon

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