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du reste, la dépense à faire pour le département ne serait pas très-considérable, puisqu'un seul baudet pouvant féconder deux cents femelles, il y en aurait assez d'un par arrondissement; et pensez, Messieurs, que vous auriez des mules pour le moins aussi belles que celles de nos ma quignons, qui ne conduisent jamais la première qualité, comme nous le dit M. Gayot : « Les moyennes qualités » sont achetées par la Lozère, l'Ardèche, les Pyrénées » orientales, la Haute-Loire, et dans toutes les montagnes » du midi. »

Ces moyennes qualités donnent cependant des bénéfices à nos agriculteurs, qui en élèvent en assez grande quantité, il suffit pour s'en convaincre d'assister à nos foires de la Toussaint et de la Saint-André.

Permettez-moi de vous dire, Messieurs, que Thomas Simon, fermier à Malfray, canton de Cayres, possède un baudet que vous avez déjà primé. Ce baudet, de la race des guenilloux, quoique laissant beaucoup à désirer, donne cependant avec des juments médic cres des produits qui se vendent ordinairement, à cinq ou six mois, de 240 à 280 francs. En visitant cette ferme cette année, j'ai vu dans ce village deux muletons issus de ce baudet, qui se sont vendus à la Toussaint, l'un 500 francs et l'autre davantage.

Je n'ai pas besoin de vous détailler les grands avantages qu'offre le mulet au point de vue agricole. Ces avantages me paraissent suffisamment démontrés par la sobriété et la robusticité qui sont ses caractères essentiels, par les services qu'il rend dans les plus rudes travaux, et par le choix qu'en a fait l'administration de la guerre pour le transport du matériel.

Voilà pourquoi, Messieurs, je me suis permis de vous faire ces quelques réflexions, pensant que notre Société, en favorisant l'élevage du mulet, augmenterait le bien-être de nos éleveurs.

Le Président, M. Ch. Calemard de Lafayette, n'est point d'avis qu'on doive abandonner la production du cheval, et porter tous ses efforts sur la race mulassière. Il admet bien que les résultats de la protection qu'on a donnée jusqu'ici à la race chevaline sont à peu près nuls, et que les dépenses qu'on a faites depuis plus de 20 ans, pour l'amélioration de cette race, l'ont été à peu près en pure perte. Il partage l'opinion de M. Balme du Garay, que ce pays ne convient nullement à l'élève du cheval de race pure, espèce délicate, plus exposée dans nos montagnes à l'influence pernicieuse de la fluxion périodique. L'air vif de nos vallons, les matinées froides et brumeuses, les brusques et si fréquents changements de température, les rosées glacées qui, pendant nos hivers si longs, s'étendent sur les prairies et sur les pacages, ne nous permettent pas le luxe du cheval de sang pur. C'est là une opinion parfaitement établie, et qui ne laisse aucune place au doute, devant les résultats si médiocres de nos concours annuels. Mais est-ce à dire qu'il faille ne plus s'occuper de la race chevaline, lui ôter toute espèce d'encouragement, pour se tourner exclusivement du côté de la race mulassière, si sobre, si rustique, et qui offre chez nous tant de chances de succès, et se tient si bien sur nos marchés? Telle n'est point la pensée

de M. le Président, ni celle de la majorité des membres de l'Assemblée. Personne ne saurait nier l'utilité de ce bel animal, qui est entré dans les besoins de la ferme, et qui est employé à des services auxquels on ne saurait assouplir le mulet. Mais jusqu'ici la bonne voie n'a pas été suivie, ce qui explique les mécomptes qu'on a subis jusqu'à ce jour.

M. le Président désirerait qu'on encourageât la tendance à la production du cheval rustique. La race percheronne et bretonne réussirait à merveille dans nos contrées; c'est de ce côté que doivent tendre les efforts de la Société.

Il ne s'agit plus que d'arrêter définitivement ce qu'il convient de faire à ce sujet.

PERSONNEL DE LA SOCIÉTÉ. M. de Payan-Dumoulin donne lecture du rapport sur la candidature de M. le prince de Polignac.

MESSIEURS,

La commission que vous avez chargée de vous soumettre un rapport sur la candidature de M. le prince Alphonse de Polignac a examiné les travaux qu'il a publiés sur les mathématiques transcendantes, qui ont fixé l'attention des spécialistes savants se livrant à ces difficiles études.

M. de Polignac fait déjà partie, en qualité de membre correspondant, de l'Académie des sciences de Toulouse. Cette Société a publié dans ses Mémoires de 1857, p. 308, une savante étude de M. de Polignac sur quelques formules

TOME XXIII.

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très-générales qui se présentent dans la théorie des nombres premiers.

M. de Polignac est ancien élève de l'école Polytechnique, officier distingué d'artillerie; il parle plusieurs langues étrangères; les difficultés les plus ardues des hautes mathématiques lui sont familières, il l'a prouvé par une série d'ouvrages soumis à l'Institut impérial de France, et dont le rare mérite à été reconnu par l'Académie des sciences.

De 1849 à 1858, M. de Polignac a successivement publié six opuscules in-4o, contenant des recherches nouvelles sur les nombres premiers. Plusieurs de ces ouvrages, soumis à l'Académie des sciences, ont été insérés dans les Annales de cette Société, t. xxix, séance du 15 octobre 1849; t. XLV, séance du 24 septembre 1857.

M. de Polignac a publié un traité, sur la suite médiane, et sur les suites constantes qui tendent à se former dans les suites diatomiques, écrit inséré dans les nouvelles Annales mathématiques, t. vi, p. 425.

M. de Polignac, utilisant les problèmes qu'il avait résolus dans la sphère élevée des mathématiques transcendantes, s'est récemment occupé de la mécanique appliquée aux machines à vapeur. Il a soumis à l'Académie des sciences un travail remarquable sur un nouveau mode de transmission du mouvement relatif aux machines à vapeur, fixes ou mobiles. Il a été rendu compte de cette invention dans la séance de l'Académie des sciences, du 8 novembre 1858, t. XLVII. (Voir Mémoires de l'Académie des sciences.) M. de Polignac continue la série de ses expériences sur ce sujet, si intéressant pour nos chemins de fer, nos machines à vapeur fixes, et nos navires à vapeur.

Il est utile que les savants descendent quelquefois des hautes régions des sciences purement spéculatives aux études plus modestes d'applications industrielles des découvertes scientifiques nouvelles. Tout fait espérer que les expériences continuées par M. de Polignac seront couronnées du succès, et qu'il aura résolu un problème de mécanique dont la solution permettra d'introduire de sensibles améliorations dans le régime des machines à vapeur.

De cet ensemble de travaux scientifiques, que votre commission s'est bornée à mentionner, sans se permettre d'en discuter, d'une manière approfondie, la portée scientifique, qui a déjà été appréciée avec éloges par d'autres Académies, il est permis de conclure, que le concours de M. de Polignac serait fort utile à la Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Loire.

M. de Polignac, par les profondes études scientifiques auxquelles il se livre, montre qu'il a compris le mouvement intellectuel du XIXe siècle, il a su donner ainsi un nouveau lustre au glorieux nom qu'il porte si noblement.

La Commission dépose sur le bureau les divers ouvrages de M. de Polignac qu'elle a mentionnés, et elle vous propose, à l'unanimité, d'admettre ce candidat comme membre de la Société académique de la Haute-Loire.

Ce rapport est suivi d'un vote au scrutin secret qui donne, sur 24 votants, 24 boules blanches pour l'admission du prince, en qualité de membre non résidant.

M. l'abbé Sauzet fait hommage, de la part de M. Dubois de St-Etienne-de-Lugdarès, des Annuaires statisti

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