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Quentin, saint Crépin, saint Rufin, etc. Il en est d'autres enfin qui, sans être nés, sans être morts dans le diocèse, lui appartiennent néanmoins par quelques circonstances remarquables de leur vie, comme saint Rigobert exilé à Gernicourt; saint Tillon vendu à l'encan sur le marché de Saint-Quentin; saint Guillaume, chanoine du chapitre de Soissons, etc. Enfin, on trouve plusieurs traces dans l'histoire de pieux personnages qui, sans être inscrits sur le catalogue des saints, sans être placés sur les autels, recevaient néanmoins une part d'honneur dans la liturgie du culte; tels étaient le bienheureux Luc, abbé de Cuissy, le vénérable Godefroi, trésorier de l'église collégiale de Saint-Quentin.

Les patrons du diocèse s'élèvent au nombre de cent vingt; leur histoire est feconde en documents utiles. Les uns doivent le choix que les pieux fidèles ont fait de leur intercession aux évènements de leur vie accomplis dans la contrée, comme saint Vulgis, saint Wast, saint Rufin et saint Valère, saint Norbert, saint Montain, sainte Macre, saint Eloi, etc. D'autres ont été choisis par les populations, non pas à cause des souvenirs historiques, mais à cause de leur puissance reconnue dans le ciel. De ce nombre, il faut compter saint Pierre, saint Jean l'Evangéliste, saint André, saint Barthélemy et les autres apôtres. Le même motif a également inspiré beaucoup de paroisses à choisir la sainte Vierge pour patronne. Coucy-le-Château et Quincy-sous-le-Mont ont adopté pour fête patronale la Transfiguration; peut-être faut-il voir dans ce choix la pensée que Notre-Seigneur a été transfiguré sur une montagne, et que ces deux localités sont également situées sur des montagnes.

La possession de reliques insignes a souvent motivé le choix du saint à qui elles appartenaient, comme saint Norbert, saint Marcoult. Enfin, on remarque que plusieurs patrons ont donné leur nom aux localités qu'ils

avaient habité ou qu'ils avaient illustré par leurs bienfaits ou leurs miracles, leur protection, comme saint Gobain, saint Agnan, saint Algis, saint Aubin, saint Bandry, saint Clément, saint Christophe, sainte Croix, saint Erme, saint Eugène, sainte Geneviève, saint Gengoulph, saint Gobert, saint Juvin, saint Marcel, saint Martin, saint Médard, saint Quentin, saint Thomas, saint Vulgis, etc. Tous ces saints ont donné leurs noms aux villages qu'ils patronaient, ou les villages qui portaient ces noms de saints, les ont adoptés par similitude de noms pour leurs protecteurs.

On remarque plusieurs patrons dont il n'est pas facile d'expliquer l'origine du culte dans le diocèse, comme saint Winox à Bergues; saint Ursmer à Fontenelle; saint Thimothée à Vénérolles; saint Théodulphe à Gronard et à Ramecourt; saint Sylvestre à Luzoir; saint Rupert à Vasseny; saint Roch à Deuillet; saint Quiriace à Crouttes; saint Moran à Margival; Saint Nicodème à Leury; saint Lubin à Bouresches; saint Glorieux à Ostel; saint Evence à Chermizy; saint Didier à Essigny-le-Petit; saint Boétien à Pierrepont; saint Autbot à Soize, etc.

Une dernière observation générale, c'est la différence des jours adoptés pour la célébration de la fête du même saint. Ainsi, Belleau et Proviseux célèbrent la Saint-Etienne le 3 août, tandis qu'Ambrief, Homblières et Cys-la-Commune célèbrent cette même fête le 26 décembre. Essommes célèbre saint Ferréol le 18 septembre, et Verneuil-Courtonne le 16 juin. Lappion, Bézu, Mareuil-en-Dôle, Ollezy, Ronchères, etc., célèbrent la Saint-Germain le 31 juillet, tandis que Coucy-lès-Eppes, Lesquielles, Nogent-l'Artault, Prémont, placent cette fête le 28 mai. Chouy fait la Saint-Gervais et la SaintProtais le 8 septembre pendant que Cuiry-lès-Chaudardes, Saconin et Verdilly la placent le 19 juin. Il en est de même pour saint Hilaire: Autreppes, Montgru, Ville

montoire fêtent ce saint le 14 janvier; Berry-au-Bac, Mâchecourt, Montbavin et Revillon le célèbrent le 13 du même mois.

Saint Jean-Baptiste a le même sort. Abbécourt, Allemand, Becquigny, Boncourt, Le Câtelet, Chaudardes, Chery-lès-Pouilly, Cohan, Guivry, Jaulgonne, Lesquielles, Mennessis, Montaigu, Mortiers, Muret, Pasly, Pontarcy, Priez, Ribeauville, Romeny, Royaucourt, etc., célèbrent cette fête le 24 juin; Landouzy-la-Cour, Marfontaine, Mont saint-Jean, Moussy-sur-Aisne, Pancy, etc., la solennisent le 29 août. Chacrize seul fait la SaintJean le 25 juin. Aizonville met saint Jean l'Evangéliste au 6 mai; la Ville-aux-Bois au 27 décembre, et Hannape à la deuxième fête de Pentecôte. Bieuxy célèbre saint Léger le 2 septembre; Billy-sur-Aisne et cinq autres paroisses le 2 octobre. Chierry, Dampleux, Etrepilly, etc., font la Saint-Leu le 1er septembre; Proix et Parpeville la font le 2 du même mois. Trente-quatre paroisses célèbrent la Saint-Martin le 4 juillet, et cent quinze paroisses la solennisent le 11 novembre. Quarante-sept paroisses placent saint Médard le 8 juin; Pont-saint-Mard le place au 26 mai, et Bellenglise au 6 juin. Dix paroisses célèbrent saint Michel le 29 septembre, et Brécy le 8 mai. Beaumé, Grandrieux, Laval font saint Nicolas le 8 mai; Mennevret, Oisy et Meurival font saint Nicolas le 9 mai; Aubigny, Besmont, Bancigny, etc., célèbrent ce saint le 6 décembre, et les Autels le sollennisent le 8. Blérancourt et Champs font saint Pierre le 1er août, ainsi que Fontaine-Uterte, Hérie-la-Viéville, MontignyCarotte, Ployart, Ramicourt. Saint Quentin est aussi fêté tantôt le 3 novembre, et tantôt le 31 octobre; Saint Remy tantôt le 13 janvier, le 14 janvier ou le 1er octobre. Saint Sulpice se voit porté au 17 janvier et au 19. Saint Théodulphe se célèbre le 1er mai à Gronard, et le

29 août à Ramecourt. Enfin, la sainte Vierge est honorée à toutes les différentes fêtes.

La coïncidence des fêtes au même jour entre des localités rapprochées n'a pas toujours été le motif qui les a fait ajourner à une autre époque de l'année. Plusieurs fois, cette divergence a pour cause première des faits appartenant au domaine de l'histoire. Tantôt ce sera la déposition, la reconnaissance ou le passage de reliques précieuses, tantôt la commémoration d'un évènement miraculeux, et tantôt le désir des paroissiens; toutes ces causes variées touchent de près aux origines du culte, et nous y reviendrons.

Un mot sur les pélerinages. Le diocèse de Soissons et Laon comprend soixante-six pélerinages connus: neuf dans l'arrondissement de Soissons, sept dans celui de Château-Thierry, vingt-neuf dans celui de Laon, douze dans celui de Vervins, et neuf dans celui de Saint-Quentin.

L'origine de ces nombreux pélerinages n'est pas sans intérêt pour l'histoire générale et particulière. Ils sont l'expression des croyances et de la foi des populations. Beaucoup de ces lieux de dévotion doivent leur réputation à ces affluences de fidèles qui se pressent chaque année autour des autels où la tradition des ancêtres a constamment attaché des faveurs spéciales; d'autres sont fréquentés depuis que quelque solitaire a éternisé le rocher de la montagne ou la grotte de la vallée, témoins de ses vertus et de ses austérités. Il importe donc de conserver ces pieux monuments de la religion de nos aïeux.

M. de Villermont adresse à la Société une copie d'un compte de 1652, relatif aux frais du service funèbre de la femme d'un gentilhomme champenois. Ce compte donne des détails très-curieux sur un côté des mœurs

provinciales au 17° siècle; on y voit que les frais d'un enterrement à cette époque étaient considérables au point de vue des dépenses de bouche.

Ce compte peut donner lieu aussi à des observations intéressantes et à des comparaisons économiques sur les prix des diverses denrées alimentaires en 1652 avec les prix actuels.

M. de Villermont fait suivre ce mémoire d'un certificat relatant des frais de voyage et de justice qu'il est intéressant de connaître.

Mémoire de la dépense qui a été faite au service et enterrement de feue Perrette de B., veuve de Pierre Des C., vivant écuyer demeurant à Bisseuil, laquelle B. a été décédée le quatorzième jour de janvier mil six cent cinquante et un.

Et premièrement :

Fourni un poinçon de vin de quarante livres.
Plus en viande pour les survenants, trois livres.
Plus deux chapons, cinquante sous.

Pour avoir de la chandelle pour veiller ladite défunte, quarante sous.

Pour la nourriture des femmes qui ont veillé, six livres.

Pour avoir été à Sainte-Hélène faire dire une messe, vingt sous.

Pour avoir été à Epernay quérir l'apothicaire, sept

sous.

Plus pour du beurre, trente-deux sous.

Plus pour des œufs, vingt sous, pour un mouton, huit livres.

Pour la viande salée de porc et autres, dix livres.
Pour deux messes à M. le curé de Vauldenange, trente

sous.

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