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Quant à sa destruction, nous ne croyons pas qu'elle fut brusque et complète du premier coup. Nous pensons, au contraire, qu'elle dut être successive, et que le monument ne disparut entièrement du sol qu'en 1414.

Après la victoire que Clovis remporta sur Syagrius en 486, victoire qui anéantit les derniers restes de la puissance romaine dans les Gaules, le chef vainqueur vint prendre possession de Soissons, et il ne paraît pas que la ville se défendit. Le palais des gouverneurs fut sans doute livré au pillage, mais il ne fut pas détruit, et il est vraisemblable, comme nous en avons exprimé l'opinion, que Clovis et les rois de la première race, ses successeurs, en firent leur habitation.

Malgré les efforts que faisaient ces chefs à demi-barbares pour imiter les empereurs qu'ils avaient renversés, on ne peut supposer qu'ils entretinrent avec soin un palais où ils ne séjournaient qu'à des intervalles irréguliers. Le palais d'Albâtre alla donc sans cesse en déclinant, jusqu'au moment où les courses des Normands dans le 9° siècle consommèrent sa ruine. Enfin, selon l'historien Berlette, on fit disparaître en 1414 tout ce qui, de ce moment, se montrait encore alors au-dessus du sol, Etiam periére ruinæ. Ce sont donc des travaux faits pour la défense de Soissons en 1414 qui renversèrent les restes encore debout du palais d'Albâtre, et ce furent également des travaux de fortifications qui, dans ces dernières années, en nous faisant voir tant de substructions, en mettant à découvert tant d'objets divers, ont permis de se faire une haute idée d'un monument qui avait entièrement disparu depuis trois cents ans, mais dont la tradition avait, avec une ténacité singulière, conservé le souvenir.

DESCRIPTIONS DES OBJETS LES PLUS REMARQUABLES TROUVÉS AU CHATEAU D'ALBATRE.

Groupe du fils de Niobé et de son pédagogue.

Ce morceau de sculpture, que M. A. de Longperier regarde comme un chef-d'œuvre, est aujourd'hui au musée des antiques à Paris. Après sa découverte en 1831, il fut déposé à la bibliothèque de Soissons, et en 1833, la ville le céda au musée du Louvre. En échange de cette statue d'un si grand prix, la ville reçut une collection de plâtres et une somme de 1200 francs applicable à l'école de dessin. Pour expliquer ce mauvais marché, on doit supposer que l'administration d'alors considéra comme incertaine la propriété du chef-d'œuvre, bien que le ministre compétent eut décidé qu'il serait placé dans le musée établi près de la bibliothèque de Soissons (1).

Ce groupe appartenait vraisemblablement à une série de statues représentant la famille de Niobé, sujet si sou

(1) On trouve, aux archives de la mairie, les pièces suivantes relatives, au groupe du Niobide: 1o 7 mars 1831, lettre de M. Vauvilliers, commandant du génie, prévenant le maire qu'il peut faire enlever la statue; 2o 13 août 1831, lettre de M. d'Argout, ministre du commerce et des travaux publics, qui décide que le groupe sera placé dans le musée établi près de la bibliothèque de Soissons; 3o 19 mars 1833, délibération du conseil municipal qui accepte la proposition faite par le maire de céder le groupe au gouvernement pour une collection de plâtres; 40 10 juin 1833, lettre de M. de Forbin, directeur général des musées qui accepte la cession, moyennant la collection de plâtres et 1200 francs en argent applicables à l'école de dessin. Il y a de plus, aux archives, une lettre du ministre de la guerre en date du 27 novembre 1836, qui autorise les officiers du génie à remettre à la ville tous les objets d'antiquité trouvés dans les fouilles, et qui annonce en même temps que le ministre de l'intérieur s'est désisté de toute répétition en faveur des musées royaux.

A. Decamp, à Soissons.

NIOBIDE ET SON PÉDAGOGUE

Trouvé à Soissons en 1830.

D'après un livret du Musé du Louvre.

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