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> pour certain, et c'est le bruit commun et dire du ⚫ peuple que ledit château d'Albâtre fut démoli au

temps des Armignacs. ›

En d'autres endroits du même manuscrit (1), il est parlé du viel château d'Albâtre, à propos d'objets divers qui ont été trouvés sur son emplacement.

Onzièmement: Melchior Regnault (2) suppose que des Troyens et autres peuples de l'Asie quittant des lieux nommés Crise et Alabastre, vinrent à Soissons et y élevèrent en souvenir de la patrie des châteaux du même nom. < Celui d'Albastre, dit-il, étoit vers le septentrion, > abordoit le fleuve de l'Aisne et s'étendoit jusqu'au lieu › où est à présent l'abbaye de Saint-Crépin-en-Chaye, › nommée in cavea, à cause qu'auparavant étoient des › prisons dans lesquelles saint Crépin et saint Crépinien › avoient été emprisonnés par Rictiovare, qui com› mandait à Soissons sous les empereurs Dioclétien et » Maximien. »

Douzièmement: Dormay (3) réfute la fable des Troyens. Il admet que notre monument était un château et une forteresse, et il suppose que, puisqu'il y avait à Soissons des arsenaux et des dépôts de vivres, il fallait de grands édifices pour serrer les grains et mettre les » armes qu'on y faisoit. L'un étoit le château du gou› verneur, l'autre le palais de justice. Un peu plus loin (4), il rapporte le passage de la Notice des dignités de l'Empire, en ajoutant qu'on ne peut blâmer ceux qui pensent: 1° que ces fabriques étoient dans les › deux châteaux ; 2o qu'ils avoient été commencés sous ⚫ Auguste..

(1) Livre premier, chapitre 9 et livre 8, chapitre 20.

(2) Abrégé de l'histoire de l'ancienne ville de Soissons, imprimé en 1630, page 9.

(3) Histoire de Soissons imprimée en 1663. Premier vol. page 37. (4) Page 83.

Enfin, il dit : « Nous lisons dans les plus anciens auteurs que la 25e légion étoit ordinairement à Soissons > ou aux environs pour la sûreté de la province. Quels sont ces anciens auteurs? Nous pensons que si d'anciens auteurs en effet avaient énoncé positivement ce fait qui a de l'importance pour Soissons, Dormay les aurait nommés.

Treizièmement Rousseau-Desfontaines (1), qu'une affirmation n'embarrasse jamais, prétend que les Romains firent bâtir à Soissons vers le septentrion regardant l'occident une forteresse de pierres blanches qui » en fut nommée le château d'Albâtre, en une place » entre la ville d'aujourd'hui et Saint-Crépin-en-Chaye; » qu'il fut accommodé pour y loger Drusus, fils de l'im› pératrice Livia, et servit depuis d'arsenal, ce qui > attira beaucoup d'ouvriers de ce côté-là, et fit que les » gouverneurs romains se firent bâtir un autre château > au milieu de la ville à l'endroit où est l'évêché. 11 › ajoute (2): que le martyre de saint Crépin et de saint › Crépinien eut lieu sur la place d'exécution entre les ‣ prisons et la rivière. Enfin, il dit (3): « que les religieux de Saint-Crépin, lors de la reconstruction des › nouveaux bâtiments en 1706, firent démolir la tour » qui avoit servi de prison aux deux saints, et qui étoit › proche de leur église à l'endroit où est le bel escalier du dortoir. »

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Il suffit de lire quelques pages de ce manuscrit pour voir que l'auteur ne peut être pris au sérieux lorsqu'il s'occupe d'une époque éloignée du temps où il vivait.

Quatorzièmement: Dans sa Dissertation de 1735 (4),

(1) Histoire manuscrite de Soissons, écrite en 1707. Première partie, page 11.

(2) Deuxième partie, page 19.
(3) Quatrième partie, page 227.
(4) Page 41.

l'abbé Leboeuf s'exprime ainsi : « On ne doute pas que, » dans cette plaine de Saint-Crépin, il y eut un palais › sous les empereurs romains... et de là vient proba⚫blement la tradition sur le palais d'Albâtre où il est › vraisemblable que ces princes logeoient lorsqu'ils » passoient à Soissons. »

Quinzièmement: Lemoine (1) dit, en parlant du château d'Albâtre : « Que quelques-uns tirent son nom › de deux mots latins: Albarium opus, sorte d'ornementation employée par les architectes d'Italie... que › d'autres attribuent ce nom aux morceaux de marbre › b'anc qui paraissent avoir été insérés dans la surface › des murailles de ce château... qu'il y a tout lieu de > croire aussi que le château d'Albâtre, qui paroît avoir › été vaste et orné, fut dès son origine destiné à rece› voir les empereurs pendant leur séjour à Soissons... › que (2) l'arrêt qui condamna saint Crépin et saint Crépinien fut exécuté à Soissons, derrière le palais du » gouverneur, proche des prisons dans un lieu destiné > alors à l'exécution des criminels. >>

Seizièmement Cabaret (3) est assez confus dans ce qu'il rapporte sur le palais d'Albâtre. Il ne donne pas comme certain, mais il semble admettre que ce fut l'arsenal des Romains. Après cette observation, nous allons le citer textuellement: Nous savons que sa › construction eut lieu sous Drusus, fils de Livia, femme › d'Auguste (4); il se nommait Albâtre à cause de ses

(1) Histoire des antiquités de la ville de Soissons, imprimée en 1771. Tome 1er. Voir page 122.

(2) Page 162.

(3) Mémoires manuscrils pour servir à l'histoire de Soissons, écrits en 1785. Tome 1er, page 27.

(4) Mais d'après lui, Drusus serait nommé (ce qui n'est pas) dans la Notice des dignités de l'Empire, notice qu'il semble croire contemporaine de Drusus, et qui n'a été rédigée que quatre cents ans plus tard.

› logements et jardins embellis de figures, vases et » statues d'albâtre ou marbre blanc... Les anciens his»toriens nous ont appris que ce château avait été cons

truit à trois étages par les Romains, dont le premier › servoit d'arsenal; le second pour y loger la 25° lé»gion; le troisième pour l'habitation des gouverneurs, ⚫ sans compter les greniers qui servoient de magasins. › En 1762 (1), M. de Méliant fit faire des fouilles, et ⚫ on trouva l'assiette du palais d'Albâtre entre l'abbaye › Saint-Crépin et l'ancienne porte Barat; les fondations › se trouvèrent à quatre et six pieds de profondeur. On > y trouva aussi les bases et fondations de tours rondes › dont partie en briques et moellons; mais l'impossibilité › de trouver les issues des caves et prisons souterraines › firent abandonner l'entreprise... Les saints Crépin et › Crépinien furent conduits dans les prisons impériales » du palais d'Albâtre, et ils eurent la tête tranchée sur › la place publique de ce château, qui se trouvait dans › l'emplacement où se voit encore une croix de pierre qui représente celles que nos pères y avaient succes› sivement plantées pour nous en conserver la mé› moire. »

Dix-septièmement: Les manuscrits de D. Grenier dans lesquels nous pensions trouver de nombreux renseignements, indiquent seulement (2) qu'à l'embranchement de la chaussée romaine qui allait traverser l'Aisne à Pasly, était un château digne de la grandeur des Romains et séjour ordinaire des empereurs dans les derniers temps de l'empire.

D. Grenier rappelle ensuite les évènements importants qui, d'après lui, se seraient passés au château d'Albâtre.

(1) Page 34.

(2) Mémoires manuscrits à la Bibliothèque impériale. 166. Page 20, article 6. Histoire de Soissons.

Nous citerons plus loin son opinion à ce sujet, opinion que nous partageons.

Dix-huitièmement: H. Martin et P. Lacroix (1) rapportent tout ce qui a été dit par Berlette, Dormay et le chanoine Cabaret; ils admettent que le nom d'Albâtre vient de Balistaria, et selon toute apparence, disent-ils, lorsque le maître des offices de l'empire, le préfet des Gaules, et même l'empereur, se trouvaient à Soissons, ils y logeaient dans un château ou palais situé au nord de la ville; c'est-à-dire au palais d'Albâtre.

Ces deux auteurs n'ont pas fait d'études particulières sur le palais d'Albâtre ; ils n'ont donc rien ajouté à ce que l'on en savait avant eux.

Dix-neuvièmement: Leroux (2) rapporte aussi ce qu'ont dit Berlette et Cabaret, et il ajoute quelques détails sur les découvertes faites de 1826 à 1836, à la suite des travaux du génie militaire. Quant à l'ancienne destination de toutes ces ruines, Leroux suppose l'existence de deux monuments différents, l'un tout militaire destiné aux arsenaux et logements de troupes, l'autre plus orné servant de palais aux gouverneurs. Il est amené à faire cette supposition, parce qu'il voit des restes de construc tions sur une étendue considérable, et surtout parce qu'il regarde comme vraie l'opinion qui met la 25o légion en résidence à Soissons.

Leroux est de plus disposé à croire à l'existence d'un camp permanent dans le coude formé par la rivière au nord-est du palais d'Albâtre. Les restes d'un grand fossé qu'il croit distinguer à droite de la promenade du cours

(1) Histoire de Soissons imprimée en 1837. Premier volume, page 61.

(2) Histoire de Soissons imprimée en 1839. Premier volume, page 89.

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