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l'encyclopédie, où il croit avoir trouvé l'explication d'un cachet dont il avait adressé l'empreinte dans le cours de l'année dernière. Il signale en même temps à l'attention de la Société un tableau sur toile représentant la sainte Famille. Ce tableau, ainsi que deux autels latéraux, proviennent de l'abbaye du Sauvoir-sous-Laon. Ces objets sont aujourd'hui dans l'église de Faucoucourt, église qui possède en outre de magnifiques débris de verrières. M. Vinois désire que la Société offre le concours de ses Jumières et de ses conseils à Messieurs les ecclésiastiques, dans la vue de les aider dans la direction des travaux de restauration qu'ils entreprennent dans leurs églises.

La Société sera toujours heureuse de pouvoir mettre ses connaissances et son zèle à la disposition de Messieurs les ecclésiastiques et de tous ceux qui voudront bien la consulter pour les constructions ou les réparations qu'ils auraient à entreprendre.

M. Williot lit une notice nécrologique sur M. de Bussières, ancien maire de Soissons et membre de la Société, mort à Soissons le 1er septembre 1853.

Né à Besançon le 27 janvier 1791 d'une famille noble de la Franche-Comté, M. de Bussières (Charles-Brocart), entra à l'école polytechnique vers 1809, après avoir fait dans les meilleures institutions de Paris de bonnes études littéraires, et surtout de fortes études scientifiques. Entraîné par l'enthousiasme général et suivant l'impulsion imprimée par l'époque impériale, il choisit à la fin de son cours l'arme du génie et fut envoyé à l'école d'application à Metz. Il servait à Besançon en qualité de lieutenant du génie lors de la première invasion, et il partagea, avec son régiment, les efforts héroïques qui signalèrent la campagne de 1814. En 1815, il se trouvait, la veille de la bataille de Waterloo, à la défense du pont de Vavres où la mort, sur le champ de bataille, du

capitaine et du lieutenant en premier, le laissa chargé seul du commandement de sa compagnie. Après la fatale issue de la campagne, il suivit au-delà de la Loire les restes de l'armée.

Sous la Restauration, il fut successivement employé dans son arme à Cherbourg, à Charleville et à Soissons où il arriva capitaine en 1818. Officier distingué, il prit une part très-active jusqu'en 1830 au rétablissement de nos remparts ruinés. Dans l'intervalle, il s'était allié avec une des plus honorables familles du pays, en épousant Mlle Lévesque de Pouilly. Cette union le détermina à quitter une carrière où l'attendait un bel avenir, et à se consacrer tout entier, en se fixant à Soissons, aux intérêts de sa nouvelle patrie. Dès lors, nous le voyons prendre une place importante au conseil municipal, au conseil d'arrondissement, au bureau d'administration du collége, et s'y faire remarquer par un dévouement et des lumières qui ne font défaut à aucune tâche, à aucun intérêt..

Bientôt, le département de la Marne auquel il se rattache par M. Lévesque de Pouilly, son beau-père, l'envoie à la chambre des députés où il se fait connaître par des connaissances pratiques et des travaux consciencieux. Son mérite, son activité le désignent au choix de ses collègues pour une des places de secrétaire. Il en remplissait les difficiles fonctions, lors de l'envahissement sauvage qui dispersa la chambre le 25 février 1848.

Les travaux des sessions et les agitations de la politique avaient déjà sérieusement altéré sa santé; les événements qui surgirent alors ne contribuèrent pas à la rétablir.

Il resta donc à Soissons pendant la session de la première assemblée républicaine. C'est alors et pendant ce repos forcé, qu'il vint assister à nos séances et prendre part aux discussions de la Société dont déjà il

était membre. Chacun de nous put admirer, avec la distinction de son langage, la politesse de ses manières, et la justesse de ses aperçus et de ses observations. Nos travaux, on le voyait bien, l'intéressaient ; et il regrettait d'en être distrait par d'autres occupations plus absorbantes. C'est alors aussi qu'il mit à la disposition de la Société la borne milliaire qui se trouve dans son jardin de la rue de Panleu.

Mais bientôt cédant, avec un complet oubli de sa santé, aux instances de ses amis, il fut appelé à siéger au conseil général du département et à l'assemblée législative; il se consacre de nouveau avec une abnégation rare à la défense de l'ordre et du pays, malgré les sinistres avertissements des hommes de l'art. Le 2 décembre 1851 le rendit un moment à la liberté de la vie privée et aux soins de sa santé. Mais les intérêts de ses concitoyens auxquels il ne sait rien refuser, les exigences des événements qui ne lui laissent ni paix, ni trève, le rappellent aux affaires en lui faisant accepter la nomination de maire de Soissons. Nous pouvons le dire, parce que c'est la vérité: M. de Bussières a usé le reste de ses forces dans les travaux qui étaient la conséquence de ces fonctions; il le savait bien, et il était loin de se dissimuler quelle en serait l'issue. Aussi, c'est en quittant le conseil général où des travaux importants l'avaient occupé, et à peine arrivé à Soissous où l'attendaient d'autres affaires sérieuses, qu'il fut frappé d'une mort soudaine.

Peu de carrières ont été aussi bien remplies que celle de M. de Bussières; peu d'hommes aussi ont montré réunies dans toute leur vie autant de belles qualités; peu ont fait preuve d'autant de dévouement aux intérêts dont ils étaient chargés; peu ont montré autant d'abnégation dans les plus hautes positions, autant d'amour du pays,

autant de modération, autant de dignité dans les manières, autant de délicatesse dans les sentiments.

M. de Bussières n'a laissé aucun ouvrage; mais les procès-verbaux des différentes assemblées où il a siégé sont remplis de rapports et d'opinions où il a déployé des connaissances profondes et variées, et qui donneraient par leur réunion la preuve d'une intelligence distinguée. Les procès-verbaux de la chambre des députés depuis 1839 jusqu'à 1851 contiennent, en particulier, des travaux de M. de Bussières qui, par leur étendue et leur développement, forment de véritables ouvrages, donnent de son esprit l'idée la plus avantageuse. Je me contente d'indiquer ceux qui concernent les travaux publics, la canalisation et la défense du territoire par les places fortes.

Le même membre rend compte de quelques médailles trouvées sur l'emplacement de la corderie de M. Lebel.

M. Périn fait à la Société la communication suivante :

Messieurs,

Il m'a été confié, il y a quelques jours, un jeton qui présente un grand intérêt pour notre histoire locale. C'est un jeton de Louise de Lorraine, abbesse de NotreDame de Soissons, portant la date de 1598.

Antoinette - Louise de Lorraine d'Aumale était le onzième enfant de Claude de Lorraine, duc d'Aumale, pair et grand veneur de France, chevalier de l'ordre du roi, colonel général de la cavalerie légère et lieutenantgénéral au gouvernement de Bourgogne, et de Louise de Brezé, dame d'Anet; elle était petite fille de Claude de Lorraine, duc de Guise, et d'Antoinette de Bourbon. Elle naquit le 19 septembre 1561, et mourut le 29 août 1643 à l'âge de 83 ans. A deux ans, elle était confiée à Catherine de Bourbon, abbesse de Notre-Dame, qui

lui fit prendre le voile blanc lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant, la fit professe à seize ans, et aussitôt prieure, car en ce temps-là, dit l'historien de NotreDame, on ne faisait point de coadjutrices.

Les guerres civiles qui ensanglantèrent le commencement du règne de Henri IV forcèrent Catherine de Bourbon à abandonner l'abbaye où sa vie était menacée, et à se réfugier à Paris avec quelques-unes de ses religieuses. Elle ne devait plus revoir la maison où elle était restée cinquante-quatre ans, et mourut à l'hôtel de Vendôme. Son corps fut transporté à SaintDenis. Lorsque les guerres civiles eurent cessé, Louise de Lorraine et toutes les communautés écrivirent au roi pour demander le corps de leur abbesse: cette demande fut accueillie, et la suscription de la réponse portait : A ma cousine, l'abbesse de Soissons. Ce fut là le brevet de Louise de Lorraine.

Avant elle, le prédicateur de la cathédrale préchait tous les samedis à Notre-Dame. Guidée par sa piété, Louise y fonda les prédications de l'Avent et du Carême; elle donna à son église des ornements précieux, des reliquaires magnifiques, de riches tapisseries; elle soutint contre divers particuliers, pour des biens qu'elle revendiquait et contre des curés des environs pour des dîmes qu'on lui contestait, des procès qui augmentèrent les richesses de l'abbaye, à qui elle fit don en outre de sommes d'argent considérables que lui envoyèrent les princes de sa famille.

Deux princesses de sa maison, Miles d'Elbeuf et de Pagny lui furent confiées. Celle-ci mourut à Notre-Dame, la première lui succéda dans le gouvernement de l'abbaye.

Le jeton que nous vous présentons représente d'un côté une pyramide allongée, surmontée d'une croix et entourée de flammes ardentes, avec cette légende : Lumen rectis; au-dessous de la pyramide se lit la date de

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