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au sud du lac à peine a-t-il rejeté le premier vers le nord, à Salo, qu'il rencontre le second à Lonato (31 juillet). Il le coupe en deux, lui tue et lui prend sept mille hommes. Marmont a vanté cette bataille comme la plus belle qu'il eût vue encore; elle devait être dépassée. Wurmser en personne accourt de Mantoue; le 4 août, il est en ligne avec trente mille hommes. Sa droite s'appuie à Castiglione; son centre s'étend dans la plaine, en avant des collines fameuses de Solferino et de Cavriana; le mamelon isolé de Medolano couvre sa gauche. Bonaparte, emportant Medolano, force Wurmser à dégarnir sa droite; Masséna enlève alors Castiglione. Tandis qu'Augereau se rue sur

(') Le conseil des Anciens tenait ses séances dans la salle de la Convention, aux Tuileries.

le centre, Serrurier prend l'ennemi à dos par Solferino (5 août). Wurmser, épargné par la fatigue des vainqueurs, put regagner le Tyrol. Après quelque repos, Bonaparte poussa au nord, gagna la bataille de Roveredo (4 septembre) sur le haut Adige, prit Trente, et, retombant sur Wurmser qui lui échappait, l'atteignit à Bassano. Il était temps: Wurmser allait passer la Brenta et envahir la Lombardie; mais son armée se débanda, et il ne rentra dans Mantoue que pour y être assiégé. Il tenta une sortie, et, battu à Saint-Georges, attendit des secours.

Bonaparte avait conquis le Tyrol, ressaisi la Lombardie, anéanti pour la seconde fois une armée de soixante mille hommes. Mais il pouvait craindre qu'une troisième attaque ne compromît son armée épuisée; il attendait avec impatience des renforts,

et des succès en Allemagne. Son double espoir fut trompé.

Le passage du Rhin s'était effectué en juin."

Carte des membres du conseil des Cinq-Cents (Comité d'inspection.) (1)

Moreau, vainqueur à Rastadt, se trouvait en août sur la rive gauche du Danube, vers Donauwerth. Jourdan, un instant rejeté derrière le Rhin, l'avait

de nouveau franchi, et, suivant la vallée du Mein, y occupait toutes les places jusqu'à Amberg; la retraite de l'ennemi l'attirait en Bohême. Ainsi, les lignes parallèles suivies par les deux généraux tendaient à s'écarter; l'archiduc Charles, qui reculait sur le Danube, profite de leur isolement, et, bien que battu à Neresheim, échappe à Moreau pour courir au-devant de Jourdan (11-20 août). Jourdan se retire devant des forces supérieures: mais, atteint à Wurtzbourg, sur le Mein, il est défait et rejeté en France; Marceau périt dans la retraite.

Quant à Moreau, ignorant d'abord la marche de l'archiduc, il passait le Danube et le Leck, menaçait Munich, et lançait même une division dans le Tyrol pour donner la main à Bonaparte (1er septembre). L'inquiétude l'avait ramené près de Donauwerth, lorsqu'il apprit la défaite de Jourdan. Craignant que l'archiduc ne l'attendit sur le Necker, il se retira en bon ordre par la rive droite du Danube. Avant de s'engager dans la Forêt-Noire et de traverser les défilés du val d'Enfer, il battit à Biberach l'ennemi qui le harcelait; enfin il rentra heureusement en France par Huningue et Brisach. Sa belle attitude, le succès de sa marche, les dangers qu'il eût pu courir, firent autant pour sa gloire qu'une campagne hardie, et sa retraite est demeurée fameuse.

La ligne du Rhin était sauve et les deux ar

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de Gênes, deux millions; de l'Angleterre, de fausses ouvertures de paix (octobre). Malmesbury s'obstina plusieurs mois, sans pouvoirs, à repré senter toute la coalition; mit en avant, sans en préciser l'application, le principe de la compensation des conquêtes, et finit par des propositions dérisoires. Ce négociateur, écouté par politesse, fut renvoyé avec dignité. Ne pouvant rien tirer de Pitt, le Directoire envoya le général Clarke porter à Vienne des conditions modérées; mais il était trop tard.

Bonaparte, réunissant Bologne, Ferrare, Modene, avait fondé une république cispadane; il poursuivait les fripons; il contenait, par la crainte de

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17 novembre 1796. - Passage du pont d'Arcole. - D'après une estampe du temps

ARCOLE ET RIVOLI.

Le successeur de Wurmser, Alvinzi, s'avançait en Frioul avec soixante mille hommes, Davidowitch en Tyrol avec vingt mille. Bonaparte attaque Alvinzi à Bassano, et le rejette derrière la Brenta; mais un revers de son lieutenant Vaubois l'appelle en Tyrol; il y court, et place lui-même Vaubois à la Corona et à Rivoli, positions qui commandent la route du haut Adige. De retour, il trouve Alvinzi à trois lieues de Vérone, sur les hauteurs de Caldiero; il engage un combat sanglant, stérile (12 novembre), et recule désespéré : « Nous sommes abandonnés au fond de l'Italie, écrit-il; peut-être l'heure du brave Augereau, de l'intrépide Masséna, est près de sonner! >> C'est alors que son génie lui inspira une résolution merveilleuse.

L'Adige, en quittant Vérone, fait un coude à l'est, et se rapproche de la route qui conduit de Bassano à Vérone. Bonaparte longe de nuit la rive

droite (14 novembre), repasse le fleuve à Ronco, et se trouve sur les flancs de l'ennemi. Ce n'est pas le seul avantage qu'il ait cherché devant lui s'étend un marais formé par le confluent de l'Alpon, et coupé de deux chaussées qui, de Ronco, rejoignent la route. L'une tombe à gauche, en avant d'Alvinzi, entre Vérone et Caldiero; l'autre franchit l'Alpon à Arcole, et débouche derrière l'ennemi à Villanova. Le marais garantira l'armée; les chaussées supprimeront l'avantage du nombre.

Le 15 novembre, Masséna culbute Provera sur la chaussée de Caldiero. Augereau tente en vain le passage de l'Alpon; Bonaparte, qui, en personne, un drapeau à la main, s'est précipité sur le pont fameux d'Arcole, est foulé aux pieds, jeté dans la vase, et ramené par ses soldats à Ronco; vers le soir seulement, Arcole fut tourné et pris.

Après cette journée indécise et glorieuse, Bonaparte, inquiet de Vaubois, repasse l'Adige. Le 46, des escarmouches nombreuses noient en foule les Autrichiens dans les étangs. La nuit se passe

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14 janvier 1797. Bataille de Rivoli. D'après Philippoteaux. (Musée de Versailles.) tuait sur le haut Adige et dans le Frioul; Wurmser avait douze mille hommes dans Mantoue. L'archiduc assiégeait et prenait Kehl. Enfin l'expédition de Hoche en Irlande échouait, contrariée par la tempête. Ce fut un grand coup donné dans le vide, mais qui indiquait assez le point vulnérable de l'Angleterre.

de porter l'armée d'Italie à cinquante mille hommes.

Le besoin de renforts et d'argent pour les équiper était plus urgent que jamais, et les conseils, qui harcelaient le Directoire de pamphlets et lui refusaient une loi sur la presse, ne purent rejeter quelques réformes financières. La perception de l'impôt entier en argent fut garantie par l'institution des garnisaires, et les acquéreurs arriérés de biens nationaux durent souscrire des obligations à terme fixe, valeurs fondées sur le crédit privé et d'un cours certain. Ces mesures préparèrent la rentrée de 120 millions, et permirent

Nos petits ennemis partageaient l'assurance de l'Autriche. Venise soldait en secret des Esclavons; le pape faisait de Colli son général. Bonaparte effraya Venise par l'occupation de Bergame, et offrit Rome au duc de Parme. Il préparait déjà la conquête des Marches, lorsqu'il apprit, à Bologne, l'invasion d'Alvinzi en Tyrol et l'attaque de Provera vers Legnano. Suivi de Masséna et de Rey, il court à Joubert, qui n'a que dix mille hommes à Rivoli.

Alvinzi suit la rive droite de l'Adige; la ronte, resserrée entre le fleuve et les hauteurs, s'éleve par les rampes escarpées d'Incarnale jusqu'au plateau de Rivoli. Tandis que son artillerie et sa cavalerie suivent le chemin d'Incarnale, son infanterie gravit le mont Baldo, qui domine le

Typ. de 4. Best, rue St-Maur-St-G. 15.

plateau; un détachement tourne la position par le village; un autre, avec du canon, occupe la rive gauche.

rejoignait Masséna. On s'était battu au-dessus des nuages.

Les Alpes entières sont à nous; mais l'inaction de l'armée du Rhin arrête un instant Bonaparte; il envoie au Directoire une lettre furieuse et malveillante pour Moreau: «En ne voulant jamais exposer sa gloire, dit-il, on la perd quelquefois. >> L'état de l'Italie aussi était alarmant : les idées libérales et la réaction se heurtaient dans les États de Venise. La révolution avait éclaté à Bergame, Brescia, Salo, Crème; de son côté, le Sénat, armant les paysans contre les Français isolés, demandait secours à Bonaparte, sans vouloir accepter son alliance. Enhardis par l'absence de nos armées, par l'apparition en Lombardie d'un

Bonaparte a pris position avant le jour; il a groupé les dix mille hommes de Joubert en face du mont Baldo et d'Incarnale, entre lesquels il se maintient d'abord avec peine; mais, renforcé par Masséna, au moment où l'ennemi croit le tenir enfermé, il se dégage par deux coups décisifs. Il rejette à droite la colonne d'Incarnale dans la rude descente où chevaux et canons roulent pêle-mêle; puis il lance toutes ses forces sur l'infanterie, balaye le plateau, sème de fuyards les sentiers du mont Baldo, et, se rabattant vers l'extrême gauche au moment où arrive sa réserve, désarme le corps qui pensait le tourner (44 jan-petit corps autrichien échappé à Joubert, excités vier 4797).

Laissant à Rey et à Joubert le soin de ramener les prisonniers, il court, avec Masséna qui marche depuis trois jours, anéantir Wurmser et Provera sous les murs de Mantoue, près du château de la Favorite. Provera se rendit avec six mille hommes le jour même où Joubert détruisait Alvinzi à la Corona (16 janvier). Wurmser capitula le 2 février. Trois victoires, vingt-trois mille prisonniers, la ruine d'une troisième armée, la conquête de Mantoue, quels résultats pour une campagne de trois jours!

TOLENTINO. LEOBEN.

Vainqueur de l'Autriche, Bonaparte se tourne contre le saint-siége. Il disperse Colli, et s'avance jusqu'à Tolentino. Le pape achète la paix au prix d'Avignon, d'Ancône, des légations et des Romagnes, et de 30 millions en argent, tableaux, pierreries, manuscrits. Le Directoire eût voulu la destruction du pouvoir temporel; mais Bonaparte, indifférent aux questions de principe, ménageait tous les pouvoirs, surtout le clergé. A Tolentino mème, il enjoignit aux couvents de recevoir avec honneur les prêtres émigrés.

De retour sur l'Adige, et menacé d'une quatrième invasion, Bonaparte songe à terminer la guerre en Autriche; Hoche et Moreau, partant du Rhin, doivent le seconder. Il laisse Kilmaine avec dix mille hommes en Italie; lance vers le nord les soixante mille qui lui restent, et, tandis que Joubert en Tyrol fait six mille prisonniers en trois combats, tandis que Masséna, s'emparant du col de Tarwis, domine, du haut des Alpes Noriques, la route de Carinthie, lui-même franchit la Piave, bat l'archiduc Charles au passage du Tagliamento (16 mars), prend Gradisca (49 mars) et remonte

l'Isonzo.

L'archiduc voulait couvrir la Carniole; mais, poussé par Bernadotte qui occupa derrière lui Trieste et Laybach, il rallia deux divisions à Villach, pour disputer au moins à Masséna le col de Tarwis et la route de Carinthie. Après des succès divers, il fut repoussé, au moment où Bonaparte

par les moines, les paysans entrent dans Vérone, massacrent les familles françaises, assiégent la garnison. Les autorités vénitiennes encouragent les meurtriers par leur silence (17 avril), et la ville n'est reprise qu'après un violent combat. Pour comble, l'équipage d'un bateau français est égorgé dans les lagunes, et l'assassin récompensé.

Venise ignore sans doute que Bonaparte a repris sa marche, vaincu l'archiduc à Neumarkt, occupé, le 7 avril, Leoben, à vingt-cinq lieues de Vienne; que princes et trésors sont déjà embarqués pour la Hongrie; quel sort enfin lui réservent le général qu'elle irrite et la cour qu'elle a servie.

Sans nouvelles du Rhin, inquiet de Venise et de la Carniole insurgée, heureux d'ailleurs d'humilier seul toute la coalition, Bonaparte, sans même attendre notre envoyé Clarke, se prête aux ouvertures de l'Autriche et signe des préliminaires de paix (18 avril). En échange de la Belgique, des lignes du Rhin et de l'Oglio, il offre une partie du territoire vénitien; l'Autriche n'hésite pas à dépouiller son alliée. Un nuage d'orgueil et de colère a dérobé l'avenir à ces yeux si lucides : rendre à l'Autriche un pied en Italie, c'est remettre au hasard de guerres sans fin le sort d'une nation qui eût pu être fondée au profit de la France. Un pas de plus, Bonaparte était à Vienne; quelques jours encore, Hoche et Moreau l'y joignaient. Déjà Hoche, vainqueur à Heddesdorf, marchait sur Francfort, et Moreau s'avançait par les montagnes Noires. Ils furent arrêtés en plein succès (23 avril), et sans l'enthousiasme du peuple à la nouvelle d'une paix prochaine, le Directoire n'aurait pas ratifié les préliminaires de Leoben.

Bonaparte avait appris par des courriers les atrocités de Vérone, et la vengeance que Kilmaine en avait tirée. Mais les représailles ne lui suffisaient pas; il disait aux députés que Venise osait lui envoyer: « Vous m'attendiez pour me couper la retraite; eh bien, me voici!... Je veux faire la loi... Je serai un second Attila... Votre gouvernement est trop vieux, il faut qu'il s'écroule ! »> Bientôt, instruit du crime commis au Lido, il déclare la guerre à Venise, et concentre autour des

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