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contre la gloriole d'auteur, et qui devint un écrivain classique sans le savoir. Ce fut Marie de Rabutin-Chantal, née en 1627 dans une famille distinguée de la Bourgogne, orpheline des ses premières années, élevée par un bon ecclésiastique, l'abbé de Coulanges, son oncle, mariée en 1645 avec un gentilhomme breton, le marquis de Sévigné, et veuve en 1651 à vingt-cinq ans. La liberté que les circonstances de sa vie lui laissèrent presque toujours semble avoir aiguisé son esprit, sans nuire à sa vertu. Elle était douée, il est vrai, des dispositions les plus heureuses, et enchantait par ses graces non-seulement son oncle et ses professeurs, Ménage et Chapelain, avec lesquels elle avait appris le latin, l'italien et l'espagnol, mais toute la brillante société de l'hôtel de Rambouillet. Elle avait pour proche parent le comte Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), auteur de Mémoires, de jolies lettres et d'une chronique scandaleuse de la galanterie de son temps (Histoire amoureuse des Gaules, 4665); son commerce avec cet élégant et spirituel cousin semble avoir éveillé son talent par l'envie de lui écrire des lettres dignes de lui, et elle réussit de suite à le surpasser de toute la supériorité que donnent à une femme, pour le style épistolaire, la promptitude de l'imagination, la légèreté de la main et la tendresse du cœur. Il n'y avait qu'une plume fine et déliée comme une aiguille qui pût mettre dans des lettres écrites pour les relations journalières de la vie à des amis, à des parents, à une fille chérie, le charme d'une broderie ravissante qui, encore aujourd'hui, n'a rien perdu de son élégance naïve et de son agrément. « Mon Dieu que vous avez d'esprit, ma belle cousine! que vous écrivez bien, que vous êtes aimable!» lui disait Bussy; et cet éloge n'est pas suffisant pour les lettres où elle traitait de sujets graves (4) et celles où elle épanchait des trésors de tendresse en parlant à Mme de Grignan, sa fille. Ce ne fut que longtemps après la mort de toutes deux (en 1734) que le public obtint de leurs descendants l'impression des Lettres de Mme de Sévigné, dont il n'avait eu jusque-là que des fragments dérobés.

On a de mème, apres la mort de Mme de Maintenon, fait un recueil de ses lettres. Elles sont loin du naturel et de l'enjouement qu'on ne peut s'empêcher d'aimer en Mme de Sévigné; mais on y trouve l'esprit, la délicatesse, la justesse, et toutes les qualités de cette femme séduisante et judicieuse. Une partie de sa correspondance était adressée à son amie, Anne de la Trémouille, princesse des Ursins (1643-1722), qui gouverna l'Espagne pendant une partie du règne de Philippe V; les lettres de cette dernière ont également été livrées au public (2), et sont dignes d'une personne qui n'était pas moins remarquable que la marquise de Maintenon.

() Voy. son récit de la mort de Turenne (p. 262), et ses lettres sur le passage du Rhin.

(*) Par MM. Combes et Geffroy; Paris, Didier, 1859.

Mme de la Fayette n'écrivit pas seulement les deux jolis romans dont nous avons parlé; elle composa aussi une courte et tragique histoire, celle de Madame Henriette d'Angleterre (voy. p. 250). Deux autres dames de la plus haute naissance, la grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier, et la duchesse de Nemours, écrivirent aussi les événements dont elles avaient été témoins; bien éloignées toutes trois d'ailleurs du talent qu'avait déployé dans la même carrière la simple et bonne Mme de Motteville. Nous avons souvent cité, dans le cours de notre récit, ces précieux Mémoires de Mme de Motteville, ceux du cardinal de Retz, de Montglat, de la Porte, du roi Louis XIV, du marquis de Torcy, de l'abbé de Choisy, du maréchal de Villars, du duc de Saint-Simon; les merveilleuses anecdotes ou Historiettes de Tallemant des Réaux: il en est encore une foule d'autres, comme les Mémoires du cardinal de Richelieu, du duc de la Rochefoucauld l'auteur des Maximes, de Henri de Rohan, de Navailles, de Sourdis, de Gourville, de Forbin, de Puységur, de Dangeau, de Feuquières, de Lenet, des Arnauld, de Conrart, de Marolles; ce genre de littérature, si piquant et si vif, qu'on avait cultivé de tout temps en France, devint digne de la forme harmonieuse, complète et mesurée à laquelle les autres genres s'étaient élevés pendant cette belle période. Un seul événement donnait lieu à de curieux ou charmants livres : tels sont les trois courageux mémoires de Pellisson en faveur de Fouquet accusé, ouvrage que les meilleurs critiques mettent à côté des plaidoyers de Cicéron; l'histoire de l'Académie française par le même auteur, et celle du malheureux monastère de Port-Royal par Racine. Un religieux oratorien, nommé Levassor, qui avait abandonné son habit, en 1675, pour se retirer en Hollande, composa une estimable et volumineuse histoire de Louis XIII (1700-4744, 20 vol. in-42); Ant. Varillas (Guéret, 4624-4696), historiographe de Gaston d'Orléans, écrivit une Histoire de France de Louis XI à Henri IV (14 vol. in-4o); l'abbé de Choisy s'amusa aussi à rédiger en beau style le récit de quelques règnes, et l'on peut facilement s'imaginer à combien d'essais vulgaires celui de Louis XIV entraîna les panégyristes. Le seul auquel on n'eût pu refuser une grande valeur, la grande histoire que Racine et Boileau devaient écrire, ne reçut pas d'exécution. Il n'y eut d'historien véritable pendant tout le siècle que François Eudes de Mézeray (1640-4683), qui rédigea une Histoire de France finissant à l'avénement de Louis XIII (3 vol. in-fol., 4643-4654), et plus tard un Abrégé chronologique (en 3 vol. in-4o ou 44 vol. in-42) s'étendant jusqu'au règne de Louis XIV. Mézeray est un écrivain facile, clair, indépendant, qui comprenait la dignité de l'histoire et qui parlait avec une liberté inusitée de son temps. Colbert lui enleva une pension de 4000 livres, qu'il touchait du roi, pour le punir de la manière dont il avait blámé, dans son livre, l'abus des impôts; et lorsque l'historien mourut, ses papiers furent saisis

carrière il a évidemment visé à doter son bâtiment de plus de solennité en adoptant un seul ordre au lieu de deux, et en substituant un seul étage aux trois petits étages inférieurs au-dessus desquels s'élève le vaisseau principal de l'ancienne galerie. Le disparate qui résulte de cette double disposition est aujourd'hui fort apparent, mais l'était à peine lorsque ces bâtiments furent construits. Alors existait la grosse tour du Louvre (voy. la gravure p. 208), qui divisait la grande galerie en deux parties, et motivait fort bien un changement d'ordonnance. Quant à la valeur de ces deux systèmes divers de façades, celle de du Cerceau ne justifie pas les prétentions de son auteur, et constitue une décadence évidente. Elle suffit encore cependant, quoique inférieure à l'autre, pour témoigner du talent de l'architecte qui l'éleva.

Cet architecte, Baptiste Androuet du Cerceau, appartenait à l'une de ces races plantureuses qui semblent avoir le privilége de fournir pendant plusieurs générations des sujets distingués à la profession qu'elles ont une fois embrassée. Un de ses prédécesseurs, Jacques Androuet, le premier de la famille qui paraisse avoir pris ce surnom de du Cerceau, emprunté à l'enseigne de sa boutique, était un très-remarquable dessinateur et graveur, qui publia, de 4549 à 1584, une quantité de précieux recueils de planches, notamment le « Recueil des plus excellens bastimens de France »> (Paris, 4576); il prenait la qualification d'architecte, mais on ignore ce qu'il a pu bàtir. Un autre Jacques Androuet du Cerceau mourut, en 1644, « contrôleur et architecte des bâtiments du roi.» Baptiste Androuet avait été nommé, dès 1585, « ordonnateur général » des bâtiments royaux; mais il quitta son titre et ses fonctions pour rester fidèle à ses croyances: il était huguenot. Pierre de Lestoile, dans son Journal, le qualifie d'homme « excellent et singulier dans son art. » C'était lui qui avait commencé le pont Neuf, dont la première pierre fut posée en grande cérémonie le 24 mai 1578, mais dont les travaux interrompus six mois après ne furent repris qu'en 1603, et achevés en un an par Guillaume Marchand, architecte de la ville de Paris. C'est aussi à Baptiste Androuet que quelques-uns attribuent l'achèvement du château neuf de Saint-Germain, qui, placé sur la pente de la colline, à peu de distance du château plus ancien qu'avait commencé Charles V et terminé François Ier, descendait jusqu'à la Seine et formait, avec ses terrasses superposées, un bâtiment immense et magnifique. Nous avons encore le vieux château; mais, de ce qu'on appelait le château neuf, il ne reste plus que les escaliers qui formaient une partie de son soubassement, et une salle peinte, située au rezde-chaussée d'un petit édifice connu des promeneurs sous le nom de pavillon de Henri IV; le reste a été démoli en 1793. Baptiste Androuet mourut avant 4602. Jean, son fils, fut nommé, en 4617,

architecte de Louis XIII, et commença les travaux du pont au Change (bàti de 1639 à 1647). On cite encore Paul Androuet du Cerceau, architecte qui vivait en 4660, auteur, lui aussi, de recueils de planches gravées, et l'on ne sait auxquels de tous ces du Cerceau rapporter les constructions d'un assez grand nombre de jolis édifices du commencement du dix-septième siècle, connus comme sortis de leurs mains, tels que le château de Monceaux, bâti pour Gabrielle d'Estrées; celui de Verneuil, pour Henriette d'Entragues; et, a Paris, les hôtels de Carnavalet, de Sully (rue Saint-Antoine, no 443), de Bretonvilliers, etc.

Henri IV, auquel appartient, comme on voit, la première exécution de l'idée de réunir les Tuileries et le Louvre en un seul palais, a laissé de plus, dans sa capitale, deux traces importantes du goût de son époque pour les effets grandioses d'architecture. Ce sont la place Royale et la place Dauphine, vastes enceintes, la première carrée, la seconde triangulaire, composées d'une série de bâtiments uniformes d'un aspect grand et sévere, égayé, pour toute décoration, par le mélange de la pierre et de la brique. La place Royale surtout, avec ses trente-cinq pavillons, dont la régularite n'a rien de monotone, dont les ouvertures sont hautes et belles, la toiture énorme et la base formée de cent quarante-quatre arcades sous lesquelles le public peut librement circuler, présente un noble caractère. Commencée en 4605, elle fat achevée en 4642. La place Dauphine date de 1608. C'est le temps où fut construit l'hôtel de Rambouillet, dont la célèbre marquise avait elle-même donné tous les plans, et qui fut à la mode aussi bien que les réceptions littéraires qui s'y donnaient. On rapporte que Marie de Médicis envoya son architecte le visiter avant d'entreprendre le palais du Luxembourg. «Sa cour, ses ailes, ses pavillons et son corps de logis ne sont, à la verite, dit Sauval, que d'une médiocre grandeur; mais ils sont proportionnés et ordonnés avec tant d'art, qu'ils imposent à la vue et paroissent beaucoup plus grands qu'ils ne sont en effet. C'est une maison de briques rehaussée d'embrasures, d'amortissements, de chaînes, de corniches, de frises, d'architraves et de pilastres de pierre. Quand Arthenice l'entreprit, la brique et la pierre étoient les seuls matériaux que l'on employàt dans les grands batiments; ils avoient paru avec tant d'applaudisse ment sur les murailles de la place Dauphine, de la place Royale, des châteaux de Verneuil. de Monceaux, de Fontainebleau et de plusieurs autres édifices royaux et publics; la rougeur de la brique, la blancheur de la pierre et la noirceur de l'ar doise faisoient une nuance de couleur si agréable, qu'on s'en servoit en ce temps-là dans tous les grands palais; et l'on ne s'est avisé que cette va riété les rendoit semblables à des châteaux de cartes que depuis que les maisons bourgeoises ont été bàtics de cette manière. » En effet, jas qu'au temps des grandes constructions élevées par

Louis XIV, les édifices aux assises de pierre mariées avec la brique, et dont les proportions semblent exprimer la force et l'harmonie, constituèrent, pour les monuments publics et particuliers, une architecture tout à fait affranchie des imitations italiennes, unc architecture nationale, qui continua de se dégager et de se répandre sous le

règne de Louis XIII. On lui doit une foule de châteaux qui existent encore en France, ainsi qu'un assez grand nombre de magnifiques édifices publics, tels que les hôtels de ville de Reims (1627) et de Lyon.

De Henri IV datent aussi l'hôpital Saint-Louis, dont il posa la première pierre le 13 juillet 1607,

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Château neuf de Saint-Germain, construit sous Henri IV, continué par Louis XIII et Louis XIV.

la jolie fontaine de la Samaritaine, qu'il avait fait établir sur le pont Neuf pour alimenter d'eau le Louvre et les Tuileries, et d'autres travaux exécutés pour l'embellissement de Paris, mais dont il ne reste rien. Sa veuve, Marie de Médicis, amie des arts, comme tous les membres de cette famille, voulut perpétuer son nom par l'érection

d'un édifice non moins splendide que les Tuileries de sa parente, la reine Catherine. Elle acheta, en 4644, du duc de Piney-Luxembourg, un hôtel situé à l'extrémité méridionale de Paris, en agrandit le terrain par de nombreuses acquisitions, et, sur cet emplacement, elle fit commencer, en 4615, un palais qui fut achevé dès 4620. On l'appela d'abord

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administrations publiques, et, ayant été trouvé trop petit, sous le dernier règne, pour la Chambre des pairs qui l'occupait alors, il fut presque doublé (de 4835 à 1840) par l'adjonction de nouveaux bâtiments du côté du jardin. Son premier plan disparut dans ce changement, quoique l'architecte intelligent auquel il était confié ait scrupuleusement reproduit dans ses façades le dessin de celles qu'il était obligé de masquer; mais on n'en considère pas moins le Luxembourg comme le plus bel édifice civil de Paris et de la France après le Louvre et les Tuileries.

La reine ne negligea rien pour en rendre la décoration intérieure digne de l'architecture; elle y fit travailler les peintres les plus habiles du temps, Simon Vouet et Quentin Varin, Nicolas Poussin et Philippe de Champagne tout jeunes encore, d'autres dont les noms ne sont pas restés; et, ne trouvant pas qu'aucun fût comparable à Rubens, elle fit venir celui-ci d'Anvers, pour lui confier le soin de remplir deux galeries entières du palais : l'une en ¡y peignant les principaux événements de la vie de son mari; l'autre en y peignant sa propre histoire. Elle compléta ce prodige de vanité en faisant commencer le travail de l'artiste par cette seconde série, qui fut la seule achevée, et qui se compose de vingt et un grands tableaux que Rubens peignit de 4620 à 1623. Ils sont depuis 4815 au Musée du Louvre.

Marie de Médicis rendit un autre honneur à la mémoire de Henri IV: elle lui fit élever, en 1644, sur le terre-plein du pont Neuf, une statue équestre en bronze qui fut le premier monument de ce genre qu'on ait vu sur une place publique de Paris. Un prince étranger lui avait fait présent d'un cheval de bronze, ouvrage du fameux sculpteur français Jean, dit de Bologne (né à Douai, 45244608); elle fit placer sur ce cheval la figure du roi, exécutée par Guill. Dupré, et sur le piedestal qui la supportait deux bas-reliefs représentant les batailles d'Arques et d'Ivry, accompagnés aux quatre angles de quatre prisonniers accroupis et garrottés. La statue a péri pendant la révolution; mais les prisonniers et les bas-reliefs, sculptés par Pierre de Francheville, existent au Musée du Louvre (sculpt. mod., nos 64 à 67).

L'architecte du Luxembourg, grand artiste dont le nom mérite de figurer avec honneur à la suite de ceux de l'àge précédent, est Salomon de Brosse, parent des du Cerceau et huguenot comme eux, né à Verneuil-sur-Oise, près du village protestant des Ageux, mort en 4626. Ce grand palais fut un de ses derniers travaux ; mais il s'était illustré déjà par beaucoup d'autres. Le temple de Charenton, que Henri IV avait donné permission de batir en 1606, était son ouvrage. Cet édifice, fort admiré des contemporains, était un grand quadrilatère, imité des basiliques de l'antiquité, divisé à l'intérieur en trois galeries superposées, éclairé par quatrevingt-une fenêtres et pouvant contenir quatorze mille personnes; il justifiait bien d'ailleurs le re

proche de sécheresse et de nudité adressé par les catholiques aux œuvres protestantes (voy. la gravure p. 282). Avec une église catholique, au contraire, Salomon de Brosse fit son chef-d'œuvre. Tout protestant qu'il était, Marie de Médicis le chargea d'achever l'église de Saint-Gervais et Saint-Protais, à Paris, qui, réédifiée aux quinzième et seizième siècles, n'avait pas encore de portail. Louis XIII en posa la première pierre en 1616. Un demi-siècle plus tôt, l'artiste chargé d'un tel travail se fût efforcé de concilier les goûts du présent avec ceux du passé, et de conserver quelques caractères du moyen âge à la façade d'une église primitivement conçue par des artistes chrétiens. Mais le moyen âge était déjà oublié, méconnu, et Salomon de Brosse n'en tint aucun compte. Il plaqua sur le devant de Saint-Gervais, pour portail, un édicule purement tiré de la théorie des trois ordres de l'architecture grecque et romaine le dorique à l'étage inférieur, l'ionique audessus, et l'ordre corinthien au sommet, comme le plus digne de former un couronnement par sa richesse. Que cette disposition fût vraiment grecque ou romaine, les architectes modernes le nient, et ils ajoutent qu'elle n'est même pas sensée, car la superposition de trois ordres à la façade devrait répondre à une division intérieure de l'édifice en trois étages, et c'est une règle dont les Romains ne s'écartaient pas. Mais quelque justes que soient ces critiques, le portail de Saint-Gervais n'en est pas moins un bel ouvrage qui plaît aux yeux par sa noblesse harmonieuse et variée. Il excita l'enthousiasme général et servit de type en France, pendant près de deux siècles, pour la plupart des portails d'église. Salomon de Brosse est encore le constructeur de la salle des Pas-Perdus, au palais de Justice (1618-1622), et le réparateur de l'aqueduc par lequel l'eau venait du village de Rungis au palais des Thermes, à Paris, à travers la vallée d'Arcueil; cet ouvrage antique était ruiné depuis plusieurs siècles; Marie de Médicis le fit rétablir pour son palais du Luxembourg, et son architecte exécuta cette restauration avec un talent digne, assure-t-on, d'un Romain.

Le cardinal de Richelieu ne prenait pas moins de part au progrés des arts qu'au progrès des lettres. Il reconstruisit la Sorbonne; il en fit bâtir l'église (4635-4653), dont le dôme fut inspiré par celui de Saint-Pierre de Rome, et dans laquelle on mit plus tard son tombeau (en 1694; voy. p. 243); il se créa des châteaux somptueux à Rueil et à Richelieu; enfin il fit élever, à mi-distance entre le Louvre et les Tuileries, le palais fameux qu'on appela de son temps le Palais-Cardinal, et qui est aujourd'hui le Palais-Royal. Il en confia la conduite au mème architecte qu'il avait chargé de celle de la Sorbonne, Jacques Lemercier. Ce grand travail, pour la perfection duquel on recula de ce côté l'enceinte et les fossés de Paris, qui restreignaient trop le jardin, fut achevé dans l'intervalle des années 4629 à 1636. Le palais se composait, dans

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