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A l'extrémité de ces trois galeries il y avait un espace peu profond qui, comme dans nos tribunaux actuels, était réservé exclusivement aux avocals, aux greffiers et aux autres officiers de justice, et qui se terminait par un enfoncement semi-circulaire placé vis-àvis de la galerie centrale. C'était au milieu de cet hémicycle que s'asseyait le président ou premier juge, ayant à ses côtés les juges

assesseurs.

Comment utilisa-t-on les basiliques au culte?

Les basiliques une fois transformées en églises, il ne fut pas difficile d'adapter les cérémonies religieuses à la disposition du local.

L'évêque ou le prêtre qui officiait entouré des prêtres assistants se plaça au fond de l'hémicycle appelée tribune, où siégeaient auparavant les juges sur un siége cathedra, ordinairement en marbre, et qui s'élevait au-dessus des bancs en pierre adossés à l'abside destinés aux autres prêtres de là il dominait et présidait l'assemblée. L'espace réservé aux avocats entre l'hémicycle et les nefs devint une enceinte privilégiée pour les chantres et les ecclésiastiques; il prit le nom de chaur, l'autel fut placé à peu près entre le chœur et le presbyterium ou tribune. En avant de l'autel on plaça une chaire que l'on appela ambon,

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dans laquelle on montait de deux côtés différents et où l'on venait

lire l'épitre et l'évangile.

Les galeries ou nefs des basiliques furent occupées par les fidèles : le côté droit était celui des hommes et le gauche celui des femmes.

Lorsqu'il y eut deux ordres de colonnes dans la nef centrale, et qu'il régna une galerie au-dessus du premier ordre, ces espèces de tribunes furent réservées aux veuves et aux vierges qui se consacraient à la prière.

Pour rappeler les temps de persécution où les fidèles célébraient les mystères dans les catacombes, sur les tombeaux des martyrs, on creusa sous l'autel un caveau dans lequel on déposa les restes des chrétiens morts en odeur de sainteté.

Ce caveau fut appelé la confession, en mémoire des martyrs qui avaient versé leur sang pour confesser la foi chrétienne, et dont il contenait les reliques.

Qu'est-ce que les catacombes dont vous venez de parler?

Ce sont des galeries souterraines auxquelles les Romains avaient donné le nom d'Arenaria, parce qu'elles avaient été creusées pour extraire la pouzzolane, espèce de sable volcanique que l'on employait pour la confection des mortiers.

Ces galeries souterraines se ramifient à l'infini sous la campagne de Rome et forment, à une certaine profondeur au-dessous du sol, une multitude de chemins dans les directions qu'affectaient les veines de pouzzolane exploitées pendant des siècles.

Ce furent ces espèces de labyrinthes que les premiers chrétiens choisirent pour prier en commun, pour inhumer les saints, les martyrs et ceux qui appartenaient à la communion chrétienne.

Comment célébrait-on les mystères dans l'obscurité des catacombes? On trouve dans les catacombes des espèces de chambres cubicula, qui ont pu servir à cette célébration. Le tombeau d'un martyr (titulus, memoria, confessio) adossé au mur servait d'autel; c'était sur ce tombeau recouvert d'une dalle de pierre que le saint sacrifice se célébrait. Des lampes suspendues à la voûte ou attachées aux murailles. éclairaient ces réduits souterrains.

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La forme des basiliques fut-elle exclusivement adoptée pour les églises ?

Non. Il y eut dès l'origine quelques églises circulaires: telle fut entr'autres celle de St.-Etiennele-Rond, à Rome, qui remonte

SAINT-ETIENNE-LE-ROND.

au V. siècle. Cette forme fut adoptée pour l'église bâtie à Jérusalem sur le St.-Sépulcre par l'impératrice Hélène, et elle paraît avoir été préférée dès les premiers temps pour les églises dont on faisait des chapelles funéraires.

La forme circulaire et plus fréquemment encore la forme octogone furent aussi adoptées pour les baptistères, qui étaient des édifices distincts près des églises, et dont on parlera dans un autre chapitre.

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Les églises bâties en Occident, au Ve, siècle, offrirent-elles des innovations partielles dans le plan des basiliques?

Oui, la plus notable, peut-être, fut l'apparition des transepts, c'est-à-dire l'élargissement que prit le vaisseau entre l'abside et les nefs, de manière à donner au plan de l'édifice la forme d'une croix. Quelquefois aussi, au lieu d'une seule abside, on en fit trois de proportions différentes, on mit leur diamètre en rapport avec la largeur des nefs vis-àvis desquelles elles étaient placées.

Le plan des églises d'Orient fut-il semblable à celui des églises d'Occident? Quand Constantin eut transporté à Byzance le siège de l'Empire, et qu'il voulut y fonder, sous l'invocation du Fils de Dieu, un temple auquel il donna le nom de Ste.-Sophie, on reproduisit vraisemblablement le type de l'église St.-Pierre de Rome, qui passait alors pour la plus belle du monde; et l'église de Constantinople dut, à son tour, servir de modèle dans l'empire d'Orient.

Mais, cette basilique, relevée par Constance, brûlée et réparée deux fois sous Arcadius et Théodose-le-Jeune, fut détruite entièrement dans la cinquième année du règne de Justinien (532).

Ce prince, ami des arts, conçut le projet de rétablir la basilique, et pour l'exécution de cette entreprise, il choisit, entre les plus célèbres architectes de son siècle, Anthémius de Tralles et Isidore de Milet. Ces hommes habiles formèrent le dessin d'élever un temple tel que, surpassant tous les autres en étendue et en majesté, il eût encore sur eux l'avantage de n'être bâti qu'en pierres et en briques; les voûtes

remplacèrent les plafonds en bois, et l'on vit apparaître de lourds pilastres destinés à supporter des coupoles hémisphériques.

L'église de St.-Sophie est carrée; elle a 250 pieds de long et autant

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de large. Du milieu de l'édifice s'élève une vaste coupole, suspendue

sur quatre arcades à plein-cintre, que supportent un égal nombre de pilastres isolés, disposés de manière

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à figurer la croix grecque.

Ce qui avait frappé dans cette construction, c'était le parti qu'on avait su tirer de l'emploi des voûtes hémisphériques, et le bel effet de la coupole centrale. On s'efforca donc de la reproduire dans des temples moins considérables, soit qu'on leur donnât la forme d'une croix grecque, soit qu'ils offrissent simplement un carré ou une enceinte arrondie.

La forme carrée et les voûtes en coupole devinrent ainsi un des caractères principaux des églises grecques.

L'Occident resta fidèle au style latin; le plan des églises fut, à partir du V. siècle, peu différent de celui que j'indiquais tout-àl'heure (pages 9 et 11); seulement le chœur s'allongea progressivement, les autels se multiplièrent, les cryptes prirent un accroissement notable, et s'étendaient parfois sous tout le chœur.

Quels sont les caractères du style roman primitif ou style latin?

Ces caractères sont multiples, et pour les mieux saisir, il sera bon d'adopter la méthode analytique suivie dans mon Cours d'antiquités monumentales, c'est-à-dire, d'examiner séparément chaque membre du corps architectonique : l'appareil, les colonnes et les pilastres, les corniches, l'entablement, les fenêtres, les portes, les ornements intérieurs et extérieurs, etc.

Qu'appelle-t-on appareil ?

On appelle appareil la taille et la disposition des pierres qui entrent dans la construction des murs.

Quels sont les appareils usités dans l'architecture romane primitive? La plupart des appareils romains se trouvent encore dans cette architecture: ce sont le petit appareil régulier, l'appareil en feuilles de fougères ou en arète de poisson, l'appareil réticulé.

Petit appareil.

Arêtes de poisson.

DODODDE
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0000000000

Appareil réticulé.

Le grand appareil n'a été employé que rarement dans les premières constructions religieuses de la France du nord; il devait être moins rare dans le midi.

La brique avait été fréquemment employée dans les constructions romaines de petit appareil; elle y avait été disposée par zônes horizontales pour maintenir le niveau des assises, et aussi pour l'ornement extérieur des édifices (1). Le même système se perpétua durant plusieurs siècles du moyen-âge.

(1) V. la troisième partie de mon Cours d'antiquités.

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