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Je présente encore le plan de l'église abbatiale de Fontenay (Côted'Or), qui ne date que de la 2. moitié du XII. siècle, et dont le chevet est rectangulaire aussi bien que celui des chapelles orientales; cette disposition terminale a été assez commune au XIIe siècle.

Cryptes. Les grandes églises romanes ont souvent été élevées sur des cryptes. Ces chapelles souterraines ont été établies tant que l'architecture à plein-cintre a régné; en général on a cessé d'en construire après l'adoption de l'architecture à ogives (1).

La plupart de nos cryptes des XI. et XII. siècles sont placées sous le chœur; dans les petites églises elles affectent souvent la forme rectangulaire, avec des voûtes sans colonnes, comme celle-ci. Dans les cryptes

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CRYPTE DE SAINT-ARNOULT PRÈS TROUVILLE (CALVADOS).

plus considérables, la voûte est ordinairement soutenue par des colonnes cylindriques disposées sur deux ou quatre rangs. On peut citer la crypte de la cathédrale de Bayeux, celle qui existe sous le chœur de l'abbaye de Ste.-Trinité de Caen; la crypte de l'abbaye de St.-Florentle-Vieil, à Saumur; celles de La Couture, au Mans; de Notre-Dame de Poitiers; de St.-Seurin, de Bordeaux; de la cathédrale d'Auxerre, de St.-Maixent, de Médoc, de Nantes, de Cunault (Maine-et-Loire), de

(1) A peine pourrait-on citer quelques exemples de cryptes postérieures au XII. siècle.

Limoges, de Montmille et de Pierre-Font (Oise), etc., etc. Des cryptes plus étendues sont celles de la cathédrale de Chartres, de St.-Eutrope, à Saintes; de St.-Gilles et de quelques autres grandes

PLAN DE LA CRYPTE DE SAINT-EUTROPE.

églises romanes de France et d'Italie.

Quelques cryptes, comme celles de Spire, de Sillé-le-Guillaume (Sarthe) et de plusieurs églises d'Italie, s'étendent sous les deux transepts jusqu'à leurs extrémités.

On descend dans les cryptes par des escaliers placés dans les transepts, dans la nef près de l'entrée du chœur, ou de côté, dans les collatéraux.

Appareils. Les principaux appareils en usage dans l'architecture ro

10. MEZBEA.

maine et dans l'architecture romane primitive, se retrouvent dans celle des XI. et XII. siècles.

Le petit appareil régulier de quatre pouces carrés et le moyen appareil de huit pouces environ sur cinq, se rencontrent très-fréquemment. Les édifices construits en moëllon, tels que certaines églises de campagne, offrent assez souvent des murs en blocage. Lorsqu'on s'est servi de pierres plates pour le revêtement, elles ont presque toujours été rangées sur le côté et inclinées alternativement à droite et à gauche ( opus spicatum, maçonnerie en feuilles de fougères ou arête de poisson). Une combinaison à peu près semblable a été figurée, mais très-rarement par la coupe des pierres de taille de moyen appareil.

D'autres appareils, les uns composés de pierres hexagones, les autres dont les pièces sont en forme de losange, ont été employés dans les murs extérieurs comme décoration. Ces pièces sont séparées les unes des autres par une couche de ciment coloré en rouge (1).

On rencontre assez souvent en Poitou un autre appareil composé de pierres arrondies d'un côté, carrées de l'autre, et séparées par du ciment coloré. Une fois rangées, elles ressemblent à des écailles imbriquées, ou plutôt à certaines feuilles, car la partie arrondie est souvent placée en-dessus. Elles sont disposées ainsi dans les couronnements coniques de certaines tours, où l'imitation végétale est plus caractérisée (2).

Signes d'appareils. On appelle ainsi des figures diverses très-variées dont quelques-unes ressemblent à des lettres renversées, et que l'on trouve gravées en creux sur les pierres d'appareil dans la plupart des édifices du midi de la France et dans beaucoup d'autres contrées. On

croit communément que ce sont des signes de tâcherons ou de tailleurs de pierre qui auraient à ce moyen reconnu les pièces qu'ils avaient dégrossies.

(1) Ordinairement la couleur rouge a été appliquée seulement à la surface du ciment et n'a pas plus de six lignes d'épaisseur dans les jointures des pierres. (2) Voir la quatrième partie de mon Cours d'antiquités et l'atlas.

Contreforts. Dans l'architecture romane primitive, les contreforts se présentaient comme de simples pilastres d'ornement; à partir du XI. siècle, ils n'ont encore magga tibay F

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que très-peu de saillie comparativement à ce qu'ils en acquirent dans la suite. Ce sont des pilastres parfois ornés sur les angles, de colounes engagées, avec couronnements en pente garnis d'imbrications, ou bien des demi-colonnes qui tantôt s'élèvent jusqu'à la corniche, tantôt s'arrêtent un peu plus bas et se terminent par un petit toit conique (façades de Parthenay-le-Vieux, de St.-Jouin-de-Marnes, etc.,

etc.), murs latéraux de St.-Germer (Oise), etc., etc.

Quelques contreforts rectangulaires à la partie basse se transforment en colonnes à une certaine hauteur.

En Italie, dans le midi de la France, en Alsace, sur les bords du Rhin, etc., les contreforts très-plats ne consistent souvent que dans des ressauts espacés également les uns des autres sur la muraille.

Ornements. Les ornements et les moulures employés dans les XI. et XII. siècles, se voient sur les archivoltes des portes, des arcades et des fenêtres, sur les corniches et sur le plain des murs.

Pour abréger les explications, je présente l'image de quelques moulures typiques du roman secondaire : si j'avais une série complète de figures, je pourrais les ranger par grandes régions, c'est-à-dire réunir celles qui se voient le plus habituellement dans une même circonscription, et qui caractérisent, jusqu'à un certain point, une école. Il ne faut pas attacher trop d'importance à ces vues générales qui peuvent être contredites par quelques faits exceptionnels; mais elles méritent la plus grande attention.

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