gements qui se sont successivement opérés dans la forme des lettres, pour distinguer l'âge des inscriptions. En quoi la paléographie murale differe-t-elle de la paléographie manuscrite? En ce que l'on a presque constamment employé les lettres capitales pour les inscriptions murales et qu'elles ont toujours eu des proportions comparativement assez grandes, tandis que la paléographie manuscrite embrasse l'étude de tous les genres d'écriture, capitale, onciale, cursive, mixte, minuscule, etc., etc. Pouvez-vous présenter quelques exemples d'inscriptions murales se rapportant à la période romane primitive? Durant cette période et la suivante (roman secondaire), les capitales romaines furent presque constamment employées sans altération; INSCRIPTION DU V. SIÈCLE, A TRÈVES. plus tard, quelques altérations seulement s'introduisirent dans la forme de certaines lettres. Les c devinrent quelquefois carrés; les o approchèrent de la forme d'un losange; puis on vit les lettres liées ou intercalées dans d'autres, mais les lettres liées étaient déjà en usage sous l'empire romain. Les inscriptions sur pierre des premiers siècles parvenues jusqu'à nous sont presque toutes tumulaires : on y voit le plus souvent le monogramme du Christ avec les lettres A et ∞, les colombes symboliques, HICINACEQMES CI etc., etc., comme dans cette inscription qui existe au musée de Trèves (1). Dans l'inscription suivante que l'on voit au musée de Lyon, et qui doit être aussi d'une date fort reculée, quoique moins ancienne peut-être que la précédente, les lettres sont assez inégales et montrent les altérations que subissaient quelquefois les capitales. Le mot tumolo y est employé pour tumulo. La lettre L dans tumulo ressemble à un T renversé. A la seconde ligne on trouve requiiscit pour requiescit, et le Q a la forme du chiffre arabe 9; à la quatrième ligne le Q se compose d'un petit o et d'un I. Cette inscription est encore remarquable en ce que les figures symboliques, qui consistent en deux paons devant un vase d'où sortent des pampres, ont la tête en bas; je conclus de cette bizarrerie qu'on traçait quelquefois ces figures avant de donner une destination au marbre qui les portait : ici la négligence du graveur des lettres a été telle qu'il n'a pas (1) Elle doit être lue ainsi en rétablissant les mots abrégés: Hic in pace requiescit Dignissima Fideles qua vixit annum I menses VIII dies V Dignantius et Meropia patris titulum posuerunt. distingué de quel côté il fallait placer le commencement de l'inscription (1). IN HOG TV Mojo REQVIISCIT BONAE PRESBITER VIVIXIT INPAGE ANNIS (XTIL •BIII NONVM KFEB A une époque donnée, chaque ligne est comprise entre deux raies horizontales tracées dans la pierre et dont l'écartement détermine la hauteur des caractères. Cet usage remonte au moins au VII. siècle, DOXENDISAVIE d'après les Bénédictins, mais on VIXIT INPACE ne peut affirmer que tous les graveurs aient constamment employé ce moyen de se guider ni qu'ils aient commencé en même temps à s'en servir. Ce sont toujours des vues générales que nous présentons. Voici une inscription de ce genre qui pourrait remonter au VII. ou au VIII. siècle. (1) L'inscription doit être lue ainsi : In hoc tumulo requiiscit bona memoria Romanus presbiter qui vixit in annis LXIII obiit nonum Kalendas febrarias. pace Le fragment d'inscription suivant existe au musée d'Auxerre ; il porte sa date, et quoiqu'il n'en reste plus que quelques lettres, elles sont tellement pures que j'ai cru devoir le faire graver: l'encadrement de l'inscription offre d'ailleurs des moulures bien conservées, et les quatre fleuves du Paradis se trouvaient aux angles du cadre représentés sous la forme humaine, comme dans l'antiquité classique. Celle qui suit doit être moins ancienne et peut être du IX. ou du Xe siècle. Elle est ainsi conçue : VII idus februarii obiit Ra noldus. Ille fuit natus de Gesta francorum anima ejus requi escat in pace. Amen. Ille fecit istam ecclesiam. VILIDFER OBIT MA EIVS REQVi ESCAT IN PACE AMILLE FEGISTAN En voici une autre qui remonte au IX. siècle, et qui doit être ainsi lue. Elle offre plusieurs lettres liées et enclavées les unes dans les autres : IN ANNO XXXIIII REGNAN TE DOMINO CAROLO REGE L'inscription suivante a été trouvé à Château-Gonthier et replacée sur le mur de l'église voisine; elle est gravée sur une grande planche en ardoise, et les caractères en sont magnifiques. Elle a été érigée au IX. siècle, comme le porte le texte, sous le règne de Charles-le-Chauve. |