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ARMATURE D'UN BOUCLIER MÉROVINGIEN, VUE DE DEUX CÔTÉS.

LANCES PRÉSUMÉES MÉROVINGIENNES.

M. Hugo, conservateur de la bibliothèque publique de Colmar, a recueilli un très-grand nombre d'objets de cette espèce qu'il regarde comme mérovingiens : on en voit une série à Epinal, dans le musée départemental des Vosges ; à Dijon, dans la riche collection de M. Beaudot; dans celles de la ville de Metz et dans beaucoup d'autres que j'ai visitées.

Enfin M. l'abbé Cochet, de Dieppe, a fouillé plusieurs cimetières mérovingiens dans la Seine-Inférieure, et décrit avec soin les caractères qui distinguent tous ces objets et les sépultures qu'ils accompagnent. On peut consulter les renseignements qu'il donne à ce sujet dans le 19. volume du Bulletin monumental.

Les trésors des églises n'étaient-ils pas très-riches en objets d'art durant la période romane primitive?

Oui, mais il reste à peine quelques pièces d'orfèvrerie, qui puissent remonter aussi loin : s'occuper de cette branche de l'archéologie serait nous écarter du plan que nous avons annoncé vouloir suivre dans cet Abécédaire. Je dirai pourtant un mot des calices et des vases accessoires de l'autel, parce qu'il en existe encore quelques-uns réputés antérieurs au X. siècle, et qu'il est utile de connaître la forme qu'ils affectèrent alors pour la comparer avec celle des vases de même espèce figurés aux XI., XII., XIII. et XIV. siècles, sur des pierres tombales et dans des bas-reliefs.

Il y avait deux sortes de calices; les calices qui servaient au prêtre pour le Saint Sacrifice, et ceux avec lesquels on administrait la communion aux fidèles; on appelait ceux-ci calices-ministériels : ils étaient plus grands que les premiers.

Il y avait encore d'autres calices dont parlent Anastase-le-Bibliothécaire et divers auteurs, et qui, vu leurs grandes dimensions, ne pouvaient servir que d'ornement dans les églises.

Les calices étaient en or, en argent, en cuivre, etc.; on en fit aussi en ivoire, en corne, en verre, en étain, et même en bois, etc., etc.

Le pape Léon IV (IX. siècle) défendit de se servir de calices de bois ou de verre. Cette défense fut renouvelée par le Concile de Tibur

tenu en 895.

Les calices ordinaires étaient souvent ornés de pierres précieuses; ils avaient la forme d'une coupe hémisphérique, portée sur un pivot et

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sur un pied plus ou moins orné de moulures. La plupart étaient garnis de deux anses.

Pour exemple de calices anciens, je présente l'esquisse du calice

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de saint Gozlin, évêque de Toul de 922 à 962, lequel a été décrit par M. Auguste Digot, et qui se trouve à Nancy dans le trésor de la cathédrale.

L'extérieur de la coupe, le pied et les anses, sont richement ornés de ciselures, de pierres précieuses et d'émaux verts et bleus.

Les patènes avaient, dès les premiers temps, à peu près la même forme que de nos jours; les plus riches étaient ornées de pierres précieuses, de ciselures et d'émaux, comme les calices. Voici la patène de saint Gozlin.

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Son diamètre est de 15 centimètres; la partie intérieure présente une sorte de rosace formée de cinq arcs de cercle garnis d'un ornement en filigrane: des pierres enchassées se trouvent dans les angles formés par la réunion des ares. Le cercle extérieur est orné de pierres et d'émaux.

On a trouvé, il y a peu d'années, à Gourdon, arrondissement de Châlons-sur-Saône, une certaine quantité de médailles, dont plus de cent étaient à l'effigie d'Anastase et de Justin, qui ont régné à Constantinople de 508 à 527, et avec elles un petit plateau et un vase à anses en forme

de calice orné de diverses moulures de filigranes et de cœurs, les uns en grenat, les autres en turquoises: si ce n'était pas un calice, attendu

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qu'il est d'une très-petite dimension, ce serait, comme le pense M. Rossignol, une des ampullæ que nous connaissons sous le nom de burettes. Ainsi les burettes auraient eu parfois, dans le VI. siècle, la forme de petits calices; à cette époque, on en avait aussi d'une forme très-différente, comme il serait facile de le prouver, et qui se rapprochait beaucoup de la forme actuelle.

Paléographie murale.

Qu'appelez-vous paléographie murale ?

Je désigne ainsi la science des écritures anciennes gravées sur pierre ou sur mur, l'étude des inscriptions gravées à diverses époques dans les églises ou sur d'autres édifices: il est utile de connaître les chan

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