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nos églises. Voici pour exemple des carrelages émaillés du XV. siècle,

le pavé du jubé de N.-D. de l'Epine. Quelques chapelles ont offert un

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genre de pavage que nous trouvons indiqué

dans les vitraux et sur quelques tombes colorées ce sont des pavés carrés de deux couleurs, ayant de petits cercles au centre et produisant l'effet indiqué par la figure suivante.

Tuiles émaillées. On sait, par des témoignages historiques incontestables, que les toits des premières basiliques étaient d'une certaine

magnificence et dorés dans quelques-unes de leurs parties. Nous savons aussi que, au XII, et au XIII. siècles, des crêtes en métal découpées à jour couronnaient les combles des églises; et sur les toits en plomb de l'église Notre-Dame de Châlons on voyait des dessins et des personnages.

Probablement on fit dès-lors des tuiles émaillées à glaçure de plomb, comme on avait fait des pavés, mais je n'en connais aucun fragment de cette époque, au lieu que le XV. et le XVI. nous en offrent encore quelques restes; ces toits, dont l'usage s'est conservé en Allemagne, en Alsace, en Franche-Comté, etc., etc., produisaient un effet fort remarquable.

Quel est l'état de la peinture sur verre pendant la troisième période ogivale?

Les vitraux de la troisième époque, comprenant le XV. siècle et la première moitié du XVI., sont tellement nombreux encore, malgré les destructions qui ont eu lieu partout, qu'il suffit de vouloir en chercher pour en trouver quelques-uns dans presque toutes les villes et souvent dans les campagnes.

Les détails d'architecture (arcades, frontons, pinacles, etc., etc.) qui, pour l'encadrement des figures, avaient pris un certain développement dans le XIV. siècle, se multiplient et s'accroissent au XV. de manière à produire, comme sur les pierres tombales, une très-grande complication de lignes et d'ornements; et, comme tout s'enchaîne dans

ce qui tient au goût et aux formes, ces détails sont tous empruntés à l'architecture du temps. On a dessiné sur les vitres, les dais, les pinacles, les frontons garnis de feuillages exubérants qui décorent les églises du XV. siècle et du XVIa.

Il résulte de cette complication des détails architectoniques de l'encadrement, qu'ils deviennent souvent écrasants pour les figures; elles paraissent succomber sous ces clochetons, ces pyramides sans fin qui s'élèvent au-dessus de leurs têtes; et ce premier caractère, joint à ceux que peut fournir l'examen des formes architectoniques, assez fidèlement exprimées en peinture, permet de reconnaître s'ils appartiennent au commencement ou à la fin du XV.

Les légendes ou inscriptions explicatives des scènes, peintes sur des phylactères, se multiplient dans le cours du XV. siècle, et fournissent encore un moyen d'apprécier les époques par la forme des lettres; enfin, quand on examine de près toutes ces vitres, on finit bien souvent par découvrir des dates au milieu des inscriptions.

Les vitres du XV. siècle représentent, comme celles qui avaient précédé, des scènes de martyres, des miracles, etc., etc.; l'histoire de J.-C. et plusieurs faits de l'Ancien Testament, quelquefois aussi le jugement dernier, enfin les figures des apôtres, des prélats, des abbés, les Sybiles, etc., etc., etc.

La couleur est une chose importante à considérer dans les vitraux du XV. et du XVI. siècles. Sans doute, à cette époque, il y a des vitraux éblouissants de coloris dans lesquels le rouge le plus éclatant rivalise avec le bleu le plus velouté, le vert et le jaune le plus transparents; mais aussi bien souvent, surtout dans le XV. siècle, les teintes blanchâtres ou jaunes dominent les tons clairs s'emploient surtout dans les dais et les pinacles qui encadrent les figures; cette tendance à abandonner la couleur finit par faire de tels progrès que, au XVI. siècle, on adopta presque généralement les grisailles ou vitraux dans lesquels le jaune pâle et le gris jaunâtre occupaient la plus grande place. « Au XV. siècle, dit M. Hucher, les ouvertures sont immenses ct « les meneaux qui les partagent peu apparents les peintres verriers « abusent du verre blanc et recourent à des accouplements de cou« leurs qui sont très-piquants dans l'atelier, mais qui, vus à de grandes « distances, produisent de la lumière grise; telle est l'union du jaune « et du violet, du rouge et du vert, etc. Enfin, et c'est là surtout une << des plus mauvaises conditions des verrières, des fenêtres voisines << entièrement garnies de verres blancs, versent souvent dans le lieu où est

placé le spectateur, des torrents de lumière blanche qui attaquent tout « d'abord la rétine et décolorent, comme par anticipation, le tableau.

« Si de l'effet général, nous passons à l'examen de la facture, à la «< critique de l'œuvre intrinsèque, nous reconnaîtrons que les cartons « sont, en général, disposés avec art, qu'ils sont tracés même avec une « certaine vigueur, mais que l'exécution sur le verre est timide et le « plus souvent inhabile on s'aperçoit qu'on n'est plus au siècle des « grandes choses.

« Habituellement les têtes ne sont pas colorées, mais le peintre a « teinté les on bres; on reconnaît à la variété des physionomies des « donateurs, que l'on a cherché à donner leur portrait : le personnage « qui occupe la verrière suivante confirme les observations qui pré« cèdent. »

Comme il n'y a rien de brusque dans la marche de l'art, que tout s'opère par voie de transition, on peut tirer parti de cette modification progressive de la couleur pour classer chronologiquement les vitraux postérieurs au XIV. siècle, il faudra pourtant user de tempéraments suivant les écoles; car certains artistes ont plus ou moins long-temps, suivant leur goût pour le coloris, lutte contre cette dégradation des couleurs si brillantes des XIII. et XIV. siècles.

Ainsi, au XV. siècle et au commencement dụ XVI., le dessin des figures est assez fiui; mais elles manquent d'esset, par suite de l'emploi des blancs, des jaunes et des couleurs pâles: les fonds offrent souvent des étoffes damassées d'une grande richesse, sur lesquelles on distingue des fleurs peintes en apprêt; les étoffes des vêtements présentent la même richesse.

Les tentures figurées derrière les personnages, les lointains, les paysages, produisent souvent de la confusion. Les couleurs éclatantes, employées pour les vêtements des figures dans certains vitraux, s'harmonisent assez mal avec les clairs des fonds il y a moins d'unité, moins d'harmonie de ton que dans les siècles précédents.

L'encadrement des vitres de la 3o. époque présente le plus souvent une guirlande de feuillages déchiquetés assez maigre, qui ne se détache pas assez franchement sur le fond: ces tons indécis, employés non-seulement dans la bordure, mais, comme je le disais, dans l'architecture et dans plusieurs parties des tableaux, donne beaucoup de vague aux compositions, et, comme décoration monumentale, elles sont à mes yeux inférieures à celles des siècles précédents.

Une chose surprenante, dit Le Vieil, c'est la quantité prodigieuse

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FIGURE DE LOUIS II, DUC D'ANJOU, COMTE DU MAINE.

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