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CHAPITRE VII.

STYLE OGIVAL TERTIAIRE.

Quels sont les caractères du style de la troisième époque?

Les caractères du style ogival de la troisième époque sont faciles à saisir, et l'on éprouve peu d'incertitude dans la détermination des monuments de cette période.

Forme des églises. Il ne paraît pas qu'aucunes modifications aient été introduites au XV. siècle dans le plan des églises; la forme générale demeura la même depuis le XIV. jusqu'au temps où l'on abandonna le style ogival pour revenir à l'architecture classique. Toutefois des artistes du XV. ont eu de la tendance à s'écarter de la régularité symétrique des XIII. et XIV. siècles; ils ont fait aux églises existantes des additions qui en détruisent souvent l'harmonie : ils leur ont accolé les chapelles hors de proportion avec celles qui existaient auparavant et qui produisent l'effet d'une excroissance monstrueuse sur le corps des édifices. La Bretagne est une des contrées de la France où ces irrégulières additions sont les plus fréquentes et les plus frappantes.

Ornements. Les formes prismatiques ou anguleuses dominent dans les moulures du XV. siècle; elles se manifestent dans les tores, les nervures, les traverses et jusque dans les moindres détails, ce qui donne aux ornements un air de maigreur, une sécheresse de trait que n'offrent point ceux des XIII. et XIV. siècles.

Ces nervures prismatiques sont peut-être le caractère le plus frappant de l'architecture ogivale de la troisième époque et la font reconnaître au premier abord.

Trèfles et quatre-feuilles. Les pétales des trèfles et des quatre-feuilles ne se terminent pas toujours par une pointe-mousse, comme dans les siècles précédents, mais par une pointe aiguë.

Ornementation végétale. Les feuillages affectent, à partir du XV. siècle, des formes tout-à-fait différentes de celles que nous avons remarquées au XIII. et au XIV. ; ce sont des feuilles de choux frisés,

de chardon et de quelqu'autre plante. Les feuilles de vigne ont été em

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Crochets. Les crochets, quelquefois peu différents de ceux du XIV. siècle, montrent pour la plupart un changement de forme analogue à celui des ornements.

Ordinairement ils représentent des feuilles de choux ou de chardons frisées, arrondies, contournées et ressemblant à des têtes de Dauphins.

Arcatures. Les arcatures sont presque toutes surmontées d'un fronton pyramidal portant des impostes, qui est souvent garni de crochets et couronné d'un bouquet de feuillages frisés. La plupart de ces arcatures en renferment d'autres qui sont trilobées.

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RALUSTRADE DU XV. SIÈCLE.

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Pinacles. Les pinacles en application sur les contreforts et sur les parties saillantes des édifices sont ornés de crochets. Les rampants des frontons reposent assez souvent sur des animaux.

Dais. Les dais offrent aussi des couronnements pyramidaux trèscompliqués, beaucoup d'églises du XVe siècle renferment des ornements de ce genre d'une grande finesse d'exécution.

Panneaux. Tel est le nom que M. Rickmam et plusieurs autres Antiquaires anglais donnent à de petites arcades trilobées, ordinairement superposées les unes aux autres et séparées par des lignes

PINACLES EN APPLICATION.

horizontales, qui ont été figurées sur les murs durant les XV. et XVI. siècles. Ces sculptures symétriques, qui divisent les murailles en com

partiments égaux, et qui en cachent la nudité, présentent de l'analogie avec les panneaux des boiseries, et c'est en raison de cette ressemblance qu'elles ont reçu le nom par lequel on est convenu de les désigner.

En Angleterre, on a poussé très-loin l'emploi de cet ornement vers la fin du XVe siècle.

C'est aussi à la fin du XV. siècle que nous trouvons le plus fréquemment, en France, les moulures pannelées; elles recouvrent quelquefois les contreforts de

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PANNEAUX.

puis le haut jusqu'en bas, comme à St.-Wulfrand d'Abbeville, mais elles n'ont pas été employées avec tant de profusion qu'en Angleterre.

En Allemagne, les panneaux soit collés, soit détachés du mur et formant claire-voie, sont quelquefois disposés de manière à suivre le mouvement du toit ou celui des frontons triangulaires dans les fa

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çades; on avait,

dès le XI. siècle, disposé de même les arcatures à plein-cintre, sur les bords du Rhin; et ceci est une preuve de la persistance de certaines combinai

sons qui ont traversé les siècles

et se sont reproduites dans les différents styles.

Lefragmentque voici montre l'effet des panneaux, des pinacles en application portant sur des animaux - cariatides, enfin celui des frontons triangulaires garnis de

feuilles frisées au

Contreforts. Les contreforts, soit qu'ils supportent des arcs-boulants,

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soit qu'ils soutiennent immédiatement les murs, ont de distance en dis

CONTREFORTS, FENÊTRE, BALUSTRADE RT ARCATURES DANS LE STYLE FLAMBOYANT DE LA FIN DU XV. SIÈCLE.

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