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PIERRE TOMBALE DU XIV. SIÈCLE, A DEUX PERSONNAGES,

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L'effigie de la dame de Belin n'est pas moins compliquée de détails intéressants; elle a la tête couverte et la figure littéralement encadrée dans un camail: le costume des femmes a toujours suivi, de loin ou de près, celui des hommes.

La taille et les hanches sont comprises dans cet élégant vêtement qui, sous le nom de surcot, a été en usage depuis saint Louis jusqu'au milieu du XV. siècle. Rien de plus élégant, en effet, que ce vêtement qui dessine et effile la taille, puis l'encadre et la voile à demi dans deux espèces d'ailerons; la partie antérieure, celle qui descend de la gorge sur le ventre est composée d'une plaque de fourrure de menu vair; cette même fourrure orne l'intérieur des ailerons; les bras de la dame de Belin et les faces latérales du surcot portent, d'un côté, le blason d'Averton, et de l'autre, celui de Breinville qui est composé de frettes; une sorte de galon orné entoure les hanches et a l'air de tenir la place de la ceinture,

Les deux personnages ont les mains jointes sur la poitrine : celles de la femme qui étaient en marbre blanc, comme celles du mari, ont disparu.

De chaque côté de leur tête, figure un petit écu aux armes réciproques du chevalier et de sa dame. Le cimier du casque qui surmonte les écus en tournois du chevalier représente un âne, ou un cheval, dont la peau se termine en lambrequins.

Un système de fenestrages découpés d'une manière admirable décore les côtés des personnages; sous ces espèces de niches à pinacles, particulières aux pierres tombales du XIV. siècle, on voit une série de six petits personnages, espèce d'acolytes d'une cérémonie funèbre ; le premier, à gauche, porte la croix processionnelle; le second, audessous, un livre fermé; le troisième, qui paraît être une femme, un livre ouvert, à fermoirs; le premier, à droite, soutient un flambeau, le second plonge l'aspersoir dans un vase d'eau bénite, le dernier lit dans un livre.

Ces niches à pinacles paraissent représenter les travées d'une église, d'autant qu'elles sont surmontées d'autres fenestrages et terminées par un faisceau de clochetons. De chaque côté des deux pinacles principaux qui abritent le sire et la dame Belin est un ange encensant d'une main et portant de l'autre une navette à encens. Ces quatre anges nimbés complètent la décoration du monument (1).

(1) V. le mémoire de M. Hucher dans le tome XIV du Bulletin monumental.

Stalles et boiseries, vases sacrés, croix, ornements en métal.

Nous trouvons dans les stalles de l'abbaye de la Chaise-Dieu, en Auvergne, un magnifique spécimen des boiseries sculptées du XIV. siècle; nous en donnons des fragments dans la planche suivante.

Les châsses, les calices, les croix processionnelles, les ciboires, les crosses, les encensoirs, etc., etc., offrent au XIV. siècle à peu près les mêmes formes qu'au XIII. Les détails architectoniques seulement se modifient suivant le style du XIV. Quelques crosses se chargent de crochets et de festons trilobés : la magnifique crosse conservée dans le trésor de la cathédrale de Cologne est un bel exemple des plus riches monuments de ce genre au XIV. siècle. Les encensoirs ont encore, au XIV. siècle, une forme globulaire comme au XII. (V. la page 242). Ce n'est que dans la seconde moitié du XIV. qu'ils commencent à s'allonger pour prendre, au XV., une forme décidément pyramidale.

Enfin les devants d'autel en bronze doré et émaillé en argent, en or, reproduisaient dans leur composition les décorations architectoniques de l'époque (arcatures, pinacles, feuillages, etc., etc.): le travail en était absolument semblable à celui des châsses et souvent des statuettes occupaient les arcatures. Les rétables prennent des dimensions aussi considérables qu'au XIII.

Tissus.

Déjà, dans le XIII. siècle, on avait quelquefois brodé sur quelques tissus des personnages encadrés, comme sur les vitraux, dans des cercles ronds, quadrilobés, etc. Au XIV. siècle, diverses chapes sont ornées de la sorte, telle que celle de St.-Maximin (Var), qui offre dans une suite de cadres arrondis diverses scènes de la vie de J.-C., depuis sa naissance jusqu'à sa mort. M. Rostan, inspecteur des monuments, décrit et a prouvé qu'elle remonte au XIV. siècle (4". moitié).

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J'ai vu dans le trésor de la cathédrale de Gênes une chape sur la bordure de laquelle sont brodées les images des apôtres encadrées dans des niches ogivales. Ces figures m'ont paru du XIV. siècle.

Enfin je possède le dessin d'un habit qui fut apporté chez moi, il y a quelques années, et qui, d'après une inscription ancienne écrite sur parchemin, aurait été le pourpoint de saint Charles de Blois, tué à la bataille d'Auray en septembre 1364.

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FRAGMENT DES STALLES DE L'ABBAYE DE LA CHAISE-DIEU.

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fait soit sans fondement, ce qu'il m'est impossible de discuter.

POURPOINT DE CHARLES DE BLOIS.

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L'étoffe, de soie brodée d'or, offre des compartiments octogones remplis alternativement d'un aigle et d'un lion; la figure d'un quatre-feuille lancéolé se trouve dessinée par la réunion des alvéoles octogones.

Paléographie murale.

J'ai donné, p. 452, une inscription de la fin du XIII. siècle : la forme des lettres capitales resta la même durant la première moitié du XIV. ; le spécimen suivant est tiré de la tombe de Simonne de Barzé,

DAVANUDE:

da: SAINT

ANDRIE:FR: SILααα÷XXVII

morte l'avant veille de la saint André, l'an 1327, et inhumée à Tournus : on a employé aussi pour les inscriptions les minuscules des manuscrits de la même époque, c'est-à-dire des lettres anguleuses comme celles-ci :

lan+mil+trois+cens+cowante+et+dw+cept

Cet abandon fréquent des majuscules est à noter, puisque dans la paléographie murale il établit en quelque sorte une coupe, un horizon chronologique.

La pierre tombale du sieur d'Averton, que nous avons figurée, nous offre dans son inscription un exemple de cet abandon.

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