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cements, des feuillages et deux niveaux renversés : j'ai trouvé sur beaucoup de cercueils chrétiens du midi de la France cette image du niveau. Serait-ce l'emblême de la mort qui nivelle tous les rangs? ce serait une explication assez naturelle, et cette figure a été trop souvent répétée pour n'avoir pas une signification.

Quelles particularités les tombeaux non apparents présentent-ils ? Les cercueils enfouis sous terre sont faits de différents matériaux, suivant les contrées où on les rencontre le plus souvent on s'est servi de pierre calcaire, et plus elle était tendre et légère, plus elle était recherchée, parce qu'elle était plus facile à travailler et qu'il était plus facile de transporter au loin les cercueils fabriqués dans les carrières où on exploitait la pierre. Le calcaire poreux et coquillier auquel on a donné, en Touraine, le nom de tuffeau, et dont l'analogue se trouve sur quelques points de la France, a été employé de préférence là où on pouvait en trouver.

Après le tuffeau, les calcaires poreux secondaires, tels que ceux des environs de Caen, du Poitou et de plusieurs autres contrées, ont été recherchés pour le même usage. A leur défaut on s'est servi de grès, d'arkose, et de différentes roches pesantes et plus ou moins difficiles à tailler.

Enfin dans certaines contrées, dépourvues de pierres susceptibles d'être creusées en forme d'auge, et trop éloignées des lieux qui en fournissaient pour qu'on pût y en transporter sans de grandes dépenses, on formait des cercueils avec plusieurs morceaux de pierres plates juxta-posés et cimentés, quelquefois aussi avec des briques; on trouve même des cercueils ainsi formés de plusieurs pièces dans des localités où l'on pouvait se procurer des cercueils d'un seul morceau, sans doute parce qu'ils coûtaient moins cher et qu'on trouvait sur place des matériaux pour les construire.

Quant à la forme, ce sont toujours des coffres moins larges vers les pieds que vers la tête, fermés avec un couvercle, tantôt plat, tantôt prismatique ou en dos d'âne.

La partie étroite ou des pieds est en général tournée vers l'Est, de sorte que dans les cimetières que j'ai explorés les cercueils forment des rangs plus ou moins régulièrement alignés, dirigés du Nord au Sud.

Je serais très-embarrassé d'établir un ordre chronologique absolu pour ces champs de sépulture, et je ne crois pas devoir y attacher d'importance par cette raison que les inhumations s'étant succédé sans

interruption dans beaucoup de cimetières, depuis le V. siècle jusqu'au XVI., ils renferment des cercueils de plusieurs époques.

Dans ceux qui renfermaient des squelettes ayant appartenu à des guerriers, j'ai trouvé des boucles sur la partie des squelettes qui répondait à la hauteur du ventre; elles étaient évidemment destinées à fixer le cinturon : à droite du mort gisait une lame de sabre,

coupant d'un seul côté, et sur laquelle on remarquait presque toujours une rainure dessinant, au milieu de la lame, la forme de la lame elle-même.

Ce caractère est à peu près constant. Du côté opposé (à gauche du défunt) était ordinairement une espèce de poignard ou de couteau, très-souvent de la même forme que le sabre.

J'ai trouvé ensuite des clous de bronze, les uns bombés, les autres applatis, et diverses pièces de métal qui avaient été appliquées sur l'armure, des fibules et autres petits objets.

L'esquisse que voici d'un tombeau ouvert en ma présence et dessiné par moi immédiatement, montre toutes les particularités que je viens de mentionner à droite le sabre, à gauche le poignard; sur le bassin, la boucle (C) du ceinturon qui servait à suspendre ces deux armes tranchantes.

Plusieurs de ces cercueils renferment des petites bouteilles, ayant probablement contenu de l'eau bénite. Voici l'image d'un de ces petits vases;

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il est en verre, très-aplati, et présente un goulot cylindrique évasé à son extrémité ; des filets de verre ondulés ou plissés, appliqués sur les deux côtés, à partir de la moitié du goulot jusque sur le ventre de cette bouteille, forment deux anses à l'aide desquelles on aurait pu la porter en sautoir. Des filets semblables, appliqués sur le milieu de l'aplatissement du vase, y dessinent le monogramme du Christ.

Le suivant est de forme globuleuse avec des plis sur la panse.

Ces vases sont le plus souvent en terre cuite et de forme globuleuse.

Les boucles ou agrafes, les haches, les sabres, etc., etc., trouvés dans les tombeaux présumés des époques méro

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le prouve l'agrafe ci-jointe qui porte l'inscription suivante : DANIEL PROFETA- ABACV PROFETA, et que j'ai vue dernièrement à

Mâcon. Ceci prouve, si l'on pouvait encore en douter, que ces objets

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appartiennent bien à l'époque mérovingienne ou carlovingienne.

Ceux dont je groupe ici les figures et qui ont été trouvés dans des

LANCES ET FLÈCHES PRÉSUMÉES MEROVINGIENNES.

des environs de Troyes (Aube), présumées de l'époque mérovingienne.

tombeaux du Calvados, sont de même espèce et conséquemment de la même époque ce sont des agrafes, un poignard, une hache d'armes, ou francisque, un fer de lance, une lame de sabre coupant d'un seul côté; un vase aplati, en cuivre battu, qui avait éprouvé une avarie et qui est raccommodé au moyen d'une pièce fixée avec des clous rivés.

Les pointes de flèches, des fers de lances, les débris de boucliers et les autres objets qui suivent sont aussi provenus de diverses sépultures

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