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du fleuve Phison, emblême de la prudence, cette vertu représentée par une femme couronnée avec l'inscription Prudentia: puis au-dessus de la colonnette le prophète Isaïe, et plus haut saint Mathieu.

On voit dans mon dessin les Israélites passant le Jourdain squs la conduite de Josué et portant l'arche d'alliance. La légende suivante accompagne le bas-relief:

AD. PATRIAM. JOSVE. DVCE. FLVMEN. TRANSIT. HEBREUS.
DVCIMVR. AD. VITAM. TE. DVCE. FONTE. DEVS.

On lit autour d'un autre bas-relief qui représente le passage de la Mer Rouge:

PER. MARE. PER. MOYSEN. FVGIT. EGIPTVM. GENVS. HORVM.

PER. CHRISTUM. LAVACHRO. FUGIMVS. TENEBRAS. VICIORUM.

Les deux vers suivants accompagnent le bas-relief représentant le baptême de J.-C. :

HIC. BAPTIZATUR. CHRISTVS. QVO. SANCTIFICATVR.
NOBIS. BAPTISMA. TRIBVENS. IN. FLAMINE. CRISMA.

Dans le quatrième bas-relief, la Sainte Vierge est représentée tenant l'enfant Jésus. Un personnage crossé et mitré qu'on voit sur le premier plan doit être Wilbernus, qui a donné ce font dans la seconde moitié du XIII. siècle.

Voici les deux vers qui expliquent ce bas-relief:

WILBERNVS. VENIE. SPE. DAT. LAVDIQVE. MARIE.

HOC. DECVS. ECCLESIE. SVSCIPE. CHRISTE. PIE.

Le couvercle de ce beau font baptismal est de forme conique et à charnières comme ceux des petits ciboires en cuivre émaillé dont nous avons produit un spécimen à la page 240.

Quatre bas-reliefs avec des inscriptions, encadrés dans des arcades trilobées, garnissent ce couvercle qui se termine par un fleuron.

Les bénitiers ont-ils eu des formes particulières au XIIIe siècle?

Les bénitiers affectèrent anciennement la forme de cuves plus ou moins larges, d'autres étaient pédiculés comme les fonts baptismaux et ont été confondus avec ces derniers, mais il en reste fort peu de ce genre. Ils tenaient trop de place. On leur a substitué de bonne heure des réservoirs beaucoup moins volumineux, tantôt creusés dans une espèce de colonne, tantôt en encorbellement dans le mur voisin de la porte. Le plus ancien exemple authentique que je connaisse de ce dernier genre de bénitiers qui sont à présent les plus communs dans nos églises, est celui de Villeneuve-le-Roy (Yonne).

Il se compose d'un réservoir octogonal appliqué sur une colonne, et il est surmonté d'un dais ou couronnement offrant la représentation d'une citadelle, comme presque tous les dais du XIII. siècle.

Bénitiers.

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BÉNITIER DU XIII. SIECLE, A VILLENEUVE-LE-ROY.

Quant aux bénitiers détachés des murs et qui ressemblent aux fonts baptismaux, c'est dans les contrées granitiques que j'en ai vu le plus, parce que l'extrême solidité de cette roche les rend presque indestructibles. Du reste, la plupart ne sont pas antérieurs au XIII•. siècle et ne datent même que des siècles suivants.

Tombeaux.

Quels sont les caractères des tombeaux du XIII. siècle ?

Les tombeaux apparents du XIII. siècle peuvent se rapporter à trois types principaux comme ceux des siècles précédents, savoir :

Les tombeaux avec arcades pratiquées dans les murs ou adossés contre eux;

Les tombeaux isolés;

Les grandes dalles historiées, incrustées dans le pavé des églises. Dans ces trois systèmes, l'image du défunt est souvent reproduite; elle est en relief sur les tombes abritées sous des arcades, et sur les tombes isolées; elle est gravée au trait sur les pierres tombales.

Ainsi les tombeaux offrent, à partir du VIII. siècle, un grand nombre de renseignements sur les costumes et les usages. La statuaire fit d'ailleurs, au XIII. siècle, des progrès qu'il est facile et trèsintéressant de constater dans les statues funéraires, qui ont été souvent confiées aux artistes les plus habiles.

Le costume et les attributs du défunt doivent être soigneusement examinés, quand on veut reconnaître les personnages auxquels ont été consacrés les tombeaux et l'époque à laquelle ils ont été érigés.

Les statues d'évêques, d'ailleurs très-reconnaissables à leurs mitres, et aux autres attributs de l'épiscopat, sont en outre distinguées par le soulèvement de leur main droite et par le déploiement des deux premiers doigts, comme s'ils allaient donner la bénédiction. On en trouve aussi beaucoup qui ont les mains croisées.

Cette dernière attitude est ordinairement celles des abbés, qui portaient la mitre et la crosse dans les abbayes auxquelles ce privilége était accordé.

Les séculiers des deux sexes portaient également des habits longs; ils avaient une ceinture par dessus la robe, à laquelle on suspendait sos clés, sa bourse, son épée, son couteau.

Telles sont les deux statues suivantes, l'une offrant un guerrier vêtu

l'autre représentant une femme vêtue d'un surcot au-dessus de la cotte hardie, et tenant la main droite relevée sur la poitrine.

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de sa jacque de maille, recouverte d'une cotte d'armes, portant à la ceinture, du côté gauche, une dague et un bouclier triangulaire ;

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Telle est aussi la statue qui orne le tombeau de Guillaume, fils de Hugues II, seigneur de Naillac-sur-Blanc, mort en 1266, et qui existe encore dans l'église de Gargilesse sur la Creuse.

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Le style des moulures et les détails architectoniques qui accompagnent l'effigie du défunt, offrent des caractères plus certains et d'ailleurs plus apparents encore que le costume des statues souvent très-frustes et mutilées, pour classer chronologiquement les monuments funéraires, et quand les inscriptions manquent, ou qu'elles n'indiquent pas de date, il faudra se guider par le style du monument, en appliquant les règles que nous avons établies.

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Voici deux tombeaux arqués, dont l'un est orné d'arcatures trilobées, et l'autre d'arcades ogivales. On en trouve dans les murs latéraux de plusieurs églises du XIII. siècle. La nef de l'abbaye de Lehon, près Dinan, était bordée de tombeaux à peu près semblables, dont les statues ont presque toutes été brisées ou déplacées. Quelquefois les arcatures renfermaient des statuettes comme dans le tombeau de Dilo (Yonne),

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