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SAINT-PIERRE-SUR-DIVE (CALVADOS).

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Trois couleurs dominent dans la rosace de St.-Pierre-sur-Dive, le rouge brique foncé, le jaune et le noir : les figures sont jaunes ou rouges sur fond noir ou rouge foncé, noires ou rouges sur fond jaune, et l'on a disposé avec intention ces oppositions de teinte pour varier l'effet des mêmes formes dans les rangs circulaires concentriques. Ainsi les carreaux dont les fonds sont de diverses nuances alternaient entre eux, ce que M. Victor Petit a essayé d'indiquer dans le dessin précédent en ombrant les fonds de couleur rouge foncée ou brune et détachant en clair les fonds jaunes; seulement cette alternance n'est pas régulière partout à présent, et cela tient sans doute aux dérangements qui ont eu lieu lors du remaniement des pièces quand le pavé a été relevé.

Pour le jaune, on a étendu sous la couverte de plomb une couche mince de terre blanchâtre formant transparent, qui après l'usure de l'émail a persisté sur beaucoup de pavés; pour le rouge brique et le noir, le transparent est une terre rougeâtre qui se détache de la pâte de la brique, quand on la regarde à l'aide d'une cassure et qui très-certainement a été appliquée après coup.

Cette pellicule, ou si l'on veut cette dissolution de terre rouge plus foncée et plus fine que celle du pavé, a, je crois, été souvent appliquée régulièrement sur les pavés, même sur ceux qui devaient recevoir une application de terre blanche, pour produire un dessin jaune après la glaçure.

La rosace était au milieu d'un carré de pavés qui a comme elle été

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relevé et encadré à une certaine époque dans des bordures de pavés

calcaires. Le fragment précédent montre à peu près les mêmes sujets que ceux de la rosace : ainsi des lions, des fleurs de lis, des cercles entrelacés ornés de diverses figures dans leurs intersections, des chimères, des aigles à deux têtes s'y retrouvent avec quelques autres ornements.

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Des effigies de personnage marquants ont été également formées au moyen des carreaux en terre cuite. L'image que voici se composait, à l'abbaye de Fontenay près Caen, de 13 morceaux de brique ayant chacun 8 pouces en carré : elle représentait un chevalier armé de son épée et vêtu de sa cotte d'armes et de sa jacque de mailles.

On voit au musée d'Avranches quelques pièces d'un tombeau de ce genre tiré des ruines de l'abbaye de Hambie, diocèse de Coutances: cette tombe avait fait saillie sur le pavé, et les bords taillés en biseau portaient une inscription peinte en émail.

Après les pavés de terre cuite on peut citer les dalles historiées, comme on en rencontre encore

dans quelques églises du nord de la France ce sont de grandes dalles avec des dessins en basreliefs très-peu saillants, qui se détachent sur un fond rempli par

un mortier de couleur.

Les dalles principales qui avaient eu pour but de paver artistement

le chœur de l'église de St.-Omer, étaient entourées de pierres travaillées de même style et offrant une grande variété d'ornements; on y voit des éléphants, des animaux semblables à ceux que l'on sculptait sur les chapiteaux, des rosaces et autres sujets. Les pierres principales ou grandes dalles qui s'encadraient au milieu de ces curieux parquets historiés, portaient, quelques-unes au moins, des inscriptions, prouvant qu'elles avaient été offertes à l'église de St.-Omer en l'honneur du patron de la ville, par de puissants et généreux bourgeois. M. Hermant, dans un mémoire publié par la Société des Antiquaires de la Morinie, prouve que les donateurs vivaient au XIII. siècle (vers l'année 1260). On voyait entr'autres sujets, sur les dalles de St.-Omer, les arts libéraux que l'on trouve souvent en bas-relief sur les portails, notamment la musique, figurée par

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LA MUSIQUE REPRÉSENTÉE SUR UN DES PAVÉS DE ST.-OMER. un personnage assis, pinçant des deux mains un instrument à cordes. On doit attacher d'autant plus d'importance à ces magnifiques pavés qu'ils complètent le système d'ornementation de nos églises. Ainsi, les peintures aux murs et aux voûtes, les fenêtres en vitraux de couleur,

et enfin les pavés émaillés, comme à St.-Pierre-sur-Dive, et les dalles historiées, comme à St.-Omer, tel est le système complet ajoutons que nous trouvons sur les pavés de St.-Omer, comme sur les vitraux, les images des donateurs. Sur deux pavés de St.-Omer, on voit les figures de deux chevaliers de la famille de sainte Aldegonde, tandis qu'un pareil nombre est consacré à la représentation des membres de la famille de Vasselin.

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S'il ne reste plus en France qu'un très-petit nombre de dalles historiées, il n'est pas douteux que la plupart des pavés des églises ont été renouvelés, et les pierres tombales ont bien pu, dans beaucoup de cas, prendre la place des pavés historiés; celles-ci disparaissaient à leur tour pour faire place aux pavages mesquins de notre époque.

On possède, dans un village voisin de St.-Omer, quelques autres dalles semblables, provenant des ruines de Therouane, mais qui sont malheureusement dans un état presqu'entier de dégradation. Nous donnons dans la planche suivante quelques spécimens des figures qui les décorent.

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