Page images
PDF
EPUB

La synagogue est figurée les yeux couverts d'un bandeau, et penchant sa tête d'où la couronne se détache et tombe, pour montrer que la religion d'Israël a fléchi devant la religion chrétienne. Elle n'a point de manteau et tient en main une bannière ou guidon brisé en deux ou trois endroits de la hampe (V. mon Cours, t. VI., p. 484). Enfin, elle laisse tomber de ses mains les tables de la loi qui ont cédé la place aux lois du christianisme; son nom est souvent inscrit sur le livre SYNAGOGA.

[graphic][subsumed]

L'ÉGLISE ET LA SYNAGOGUE SUR UN VITRAIL DU XIII. SIÈCLE.

Le soleil et la lune qu'on aperçoit dans la scène du crucifiement ont été regardés comme les images des deux Testaments; saint Augustin dit que la lune peut être considérée comme l'image de la synagogue de même que la lune emprunte sa lumière du soleil, et qu'elle resterait dans l'obscurité si un autre corps venait intercepter ses rayons: de même la Loi Ancienne serait inexplicable sans le secours de la Loi Nouvelle. La synagogue est toujours placée du côté de la lune.

Nous voyons l'église et la synagogue sculptées en grande proportion dans le portail de l'église Notre-Dame à Trèves. Ces statues sont remarquables quoiqu'elles aient subi des dégradations et des mutilations.

[graphic][ocr errors][merged small][graphic]

L'ÉGLISE ET LA SYNAGOGUE DANS LE GRAND PORTAIL DE N.-D. A TRÈVES. L'Ancien et le Nouveau Testament sont représentés par des livres ; le livre symbolique de la Loi Ancienne est arrondi par le haut comme les Tables de la Loi (voir la figure précédente): il est toujours carré quand il représente la Loi Nouvelle.

Les quatre fleuves du Paradis, que les iconographes regardent comme figurant les quatre évangélistes, ont été représentés au XIII. siècle par des urnes d'où jaillissent des eaux abondantes; quelquefois les urnes sont tenues par des personnages.

Aux quatre Evangélistes les sculpteurs réunirent parfois les quatre grands Prophètes, Daniel, Jérémie, Isaïe et Ezéchiel.

Ils ont aussi placé les douze Patriarches, les douze petits Prophètes,

et les Sybilles.

Les douze Patriarches sont les douze enfants de Jacob, pères des douze tribus d'Israël.

[blocks in formation]

Quand leurs noms ne sont pas écrits près de leurs figures, ils sont reconnaissables à certains attributs rappelant la célèbre prophétie de leur père mourant (1).

On donne aussi le nom de Patriarches aux justes de l'Ancienne Loi, (Noë, Abraham, Jacob, etc.).

Les douze petits Prophètes n'ont souvent aucun attribut particulier et seraient difficiles à reconnaître si leurs noms n'étaient inscrits dans les cadres qui les renferment.

Les Sybilles apparaissent dans le XIIIe siècle sur quelques-uns de nos monuments religieux.

Ces antiques prophétesses étaient regardées comme ayant prédit la venue du Christ, d'où elles ont figuré dans la décoration des églises ; sculptées, mais plus souvent encore peintes sur verre, elles y sont ordinairement vêtues des plus riches costumes. Les sybilles les plus connues étaient ainsi désignées; la sybille de Cumes, la Tyburtine, la Persique, la Lybienne, la Sarmienne, la Delphique, la Phrygienne, l'Hélespontine, l'Erytréenne, etc.

On en ajoute plusieurs autres : quelques-uns en ont fixé le nombre à douze, peut-être pour les faire correspondre au nombre des Apôtres et des petits prophètes.

Leur nom est ordinairement gravé près de leur image. Plus tard, vers le XV. siècle, on les représenta portant des phylactères sur lesquels étaient écrits leur oracles.

Apôtres.-On connaît les attributs des Apôtres. Plusieurs sont tirés du genre de mort qu'ils endurèrent.

(1) V. Iconographie chrétienne de M. l'abbé Crosnier, P. 190.

Saint Pierre porte les clefs et parfois la croix, instrument de son supplice.
Saint Paul, l'épée avec laquelle il fut décapité.

Saint Jean tient à la main un calice duquel s'échappe un dragon (1).

Saint André porte la croix.

Saint Jacques-le-Majeur, le glaive, comme saint Paul, ou un bâton de pélerin.

Saint Philippe, une croix.

Saint Barthélemy, un large coutelas ou une croix, à cause de l'incertitude du genre de sa mort: comme il fut écorché, on l'a aussi figuré portant sa peau sur un bâton.

Saint Mathieu porte une pique ou une équerre.

Saint Jude, un bâton ou une massue, quelquefois la palme du martyre seulement.

Saint Jacques-le-Mineur, un bâton; il fut assommé après avoir été précipité du haut du temple.

Saint Thomas tient une grosse pierre à la main : les architectes du moyen-âge l'honoraient comme leur patron et lui donnaient quelquefois une lance pour attribut.

Saint Mathias tient une hache ou un glaive.

Depuis le XIII. siècle, on a représenté les Apôtres avec les attributs que je viens d'indiquer : l'esquisse suivante d'une vignette dont nous ne connaissons pas la date, nous montre toujours les douze Apôtres avec leurs attributs,

[graphic]

S. Pierre,

S. André, S. Jacques-le-Majeur, S. Jean, S. Thomas, S. Jacques-le-Mineur. (1) Un prêtre d'idoles ayant dit à cet Apôtre qu'il croirait à son Dieu s'il ava

On les a représentés de même jusqu'au XVII. siècle et même jusqu'à nos jours.

[graphic][subsumed][subsumed]

Les vertus et les vices ont fourni, comme au siècle précédent, de nombreux sujets aux sculpteurs du XIII. siècle, mais au lieu de représenter les vices sous des formes hideuses, de les montrer vaincus par la vertu armée d'une lance, on a mis plus de recherche dans la distinction des spécialités.

Chaque vertu a été figurée par un de ses actes ou attributs les plus frappants, et dans un autre tableau, mis en regard, chaque vice a été peint par l'action honteuse qui le caractérise.

On a commencé aussi à placer ces sujets ou bas-reliefs dans de petits cadres.

Je citerai, pour exemples, quelques-unes des représentations de ce genre décrites dans le Bulletin monumental, par MM. Jourdain et Duval, membres de l'Institut des provinces.

Ajoutons que les vertus prirent les insignes de la chevalerie et qu'elles portent habituellement un écusson chargé de symboles indiquant leurs mérites spéciaux.

lait un calice rempli de poison, saint Jean accepta, mais Dieu permit que la mort sortit de la liqueur avant d'être bue, sous la forme d'un reptile.

« PreviousContinue »