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CHAPITRE V.

STYLE OGIVAL PRIMITIF.

(DE 1200 ▲ 1300.)

Quels sont les caractères du style ogival primitif ou du XIIIe, siècle. Au commencement du XIII., l'architecture nouvelle est empreinte d'une physionomie qui rapelle l'ancien style; ce n'est guère qu'au milieu du XIII. siècle qu'elle acquiert la légèreté, l'élégance et les heureuses proportions qui donnent, selon moi, tant de supériorité au style ogival de la première époque sur celui des siècles postérieurs. Je dois me borner à faire connaître les caractères généraux de cette architecture; l'observation apprendra bientôt à apprécier les différences au moyen desquelles on peut découvrir l'ancienneté relative des monuments élevés depuis le XII. siècle juqu'à la fin du XIII. Ceci posé, voici l'énumération des caractères principaux de nos églises ogivales primitives.

Forme des églises. On apporta quelques modifications dans le plan des églises, au XIIIe siècle; le chœur devint plus long qu'il ne l'avait été auparavant, comparativement à la nef. On prolongea les collatéraux autour du sanctuaire, et ils furent toujours bordés de chapelles, ce qui n'avait pas lieu constamment auparavant.

Dans quelques grandes cathédrales (Paris, Coutances, Chartres, le Mans, Bourges, etc., etc.), les bas-côtés sont doubles et l'on a deux allées au lieu d'une autour du sanctuaire. (V. la page 283.)

Quelquefois on donna à la chapelle terminale placée derrière le rond point du chœur, plus d'extension qu'aux autres ; elle fut alors consacrée à la Sainte Vierge (V. la page 284), mais quoique cet usage ait pris naissance vers le XIII. siècle, c'est, je crois, dans le XIV. qu'il a été le plus général.

Au XIIIe siècle, on ne garnissait point encore de chapelles les bas-côtés de la nef; on n'en trouve pas à Chartres, à Reims, à Noyon, ni dans un grand nombre d'autres basiliques : celles qu'on voit aujourd'hui le long des nefs des églises de cette époque, ont été construites au XIV. siècle ou au XV.

On trouve au XIII., comme dans les siècles précédents, des églises sans absides, qui se terminent par une muraille plate percée de deux ou trois fenêtres; ces églises sont assez communes dans les campagnes. Les collatéraux, lorsqu'ils existent, se terminent eux-mêmes par un

mur droit des deux côtés du sanctuaire. Cette disposition se rencontre aussi dans quelques grands édifices, cathédrales de Poitiers, de Dol, de Laon, église St.-Serge à Angers, etc.

( La cathédrale N.-D. de Paris est en partie du XIII. siècle, mais des parties considérables ne datent que du XIV.)

PLAN DE LA CATHÉDRALE DE PARIS.

Enfin quelques églises ont des absides à pans coupés ou des absides anguleuses.

L'église abbatiale de St.-Pierre-sur-Dive appartient tout entière au

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(La cathédrale de Coutances est en très-grande partie du XIII. siècle; les chapelles bordant les collatéraux de la nef, une partie du portail occidental et la chapelle de la Vierge datent du XIV.)

XIII. siècle, par la disposition de son plan, quoique des parties plus anciennes aient été conservées dans la reconstruction du XIII"., et que d'autres aient été refaites au XIV. et au XV. siècles; je présente donc le plan de cette église comme exemple. On voit qu'il n'y a pas de chapelles

LMA BAIS. 36

V. Petit del.

le long des bas-côtés; les chapelles absidales sont au nombre de cinq qui

PLAN DE L'ÉGLISE DE SAINT-PIERRE-SUR-DIVE.

se détachent les unes des autres et se terminent toutes par une abside. Appareils. On cessa tout-à-fait d'employer les petites pierres taillées carrément; les pièces de l'appareil furent généralement plus grandes et de forme moins régulière; on ne disposa plus les pierres en arête de poisson ni en échiquier.

Arcs-boutants et Contreforts. Un trait hardi du nouveau style fut de projeter en l'air ces arcs-boutants qui s'appuient d'un côté sur les contreforts des collatéraux et qui vont de l'autre soutenir les murs du grand comble. Ce moyen ingénieux de consolider le sommet des édifices était inconnu dans les XI. et XII. siècles; alors les arcs-boutants qu'on élevait parfois le long des murs de la principale nef étaient cachés sous la toiture des ailes.

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Du moment que les arcs-boutants formèrent des arcades aériennnes,

ARCS-BOUTANTS DU XIII. SIÈCLE.-NEF DE LA CATHÉDRALE DE BAYEUX.

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