Page images
PDF
EPUB
[graphic][ocr errors][merged small][ocr errors][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed]

Il est essentiel d'observer que la date de la plupart des anciens tissus est très-problématique. M. de Longpérier a découvert sur quelques-uns de ceux que l'on croyait des premiers siècles de l'église, même, à ce qu'il paraît, sur celui de Chinon, figuré page 19, des preuves manifestes d'une origine bien moins ancienne, des XI. et XIIo. siècles. Ce n'est donc que sous toute réserve que je viens de présenter les types précédents; mais s'ils ne remontent pas à l'époque qu'on leur a assignée, on peut être certain qu'ils reproduisent les mêmes figures : l'art est resté stationnaire et les mêmes dessins ont été copiés avec une scrupuleuse exactitude pendant des siècles.

Il résulte de cette persistance des types et abstraction faite de l'origine absolue de certains tissus, qu'on doit tenir compte de l'élément décoratif fourni par ces étoffes aux sculpteurs chrétiens; on n'a pas encore fait assez d'études sur ce sujet, et nous le signalons comme très-digne d'occuper les Antiquaires.

Il est certain d'ailleurs que le goût des étoffes à figures d'animaux remonte très-loin; M. l'abbé A. Martin cite dans ses Mélanges d'archéologie, un passage d'Astérius, évêque d'Amasée à la fin du IV. siècle, dans lequel cet évêque s'élève contre le luxe de son temps, qui avait trouvé le secret d'imiter dans les tissus, en combinant l'union de la chaîne et de la trame, toutes les formes d'animaux.

On est avide, dit Astérius, d'avoir pour soi, pour sa femme, pour ses enfants, des vêtements ornés de fleurs et de figures sans nombre..... de sorte que quand les riches viennent à se produire en public avec ces peintures, les petits enfants se rassemblent, les montrent au doigt en riant et leur laissent à peine un moment de répit. On voit là des lions, des panthères, des ours, des taureaux, a des chiens, des forêts, des rochers, des chasseurs, et tout ce que les peintres savent copier dans la nature.

« Ce n'était donc pas assez d'orner ainsi les murailles, il fallait animer « les tuniques mêmes, ainsi que les manteaux qui les couvrent. Ceux qui « ont plus de religion, parmi les riches, suggèrent aux artistes des sujets « tirés de l'histoire évangélique et font représenter J.-C. au milieu de ses disciples, ou bien scs divers miracles, les noces de Cana avec les amphores, le paralytique portant son lit sur ses épaules, l'aveugle « guéri par un peu de boue, l'hémorroïsse touchant la frange des vête«ments du Sauveur, Lazare sortant du sépulcre, et ils se figurent en cela faire une œuvre pie et se couvrir d'habits agréables à « Dieu ! »

Pouvez-vous présenter quelques spécimens des sculptures employées dans la décoration des édifices de la période romane primitive?

Voici quelques moulures d'ornement provenant de la partie des ruines de St.-Samson-sur-Rille, que l'on supposait antérieure à l'invasion des Normands :

L'une montre une série de lozanges en méplat, au centre desquelles sont de petites cavités circulaires qui avaient été remplies avec du ciment coloré.

[graphic]

Dans la seconde, une branche de vigne est conduite en serpentant,

[graphic]

de manière à dessiner des rinceaux; au centre de chacun des enroulements, est un fruit qui ressemble à un gland et un oiseau becquetant une grappe de raisin.

Dans la troisième, on voit un rang de palmettes et au-dessus une branche ondulée, chargée de feuilles et de fruits.

[graphic][subsumed][subsumed]

Dans la quatrième on distingue un vase d'où sortent deux feuilles et deux cornes d'abondance, qui laissent échapper deux grappes de raisin.

[graphic]

Les figures suivantes d'animaux, parmi lesquelles on distingue des

[ocr errors]

paons, des phénix, des cerfs, des chevaux, des hippocampes, et quelques autres, sont tirées de la frise d'une église du VII.

siècle, aujourd'hui détruite, replacée sur la tour de St.-Germain

d'Auxerre.

Le chapiteau suivant, orné de cercles et d'entrelacs sur les faces et de palmes sur les angles, vient de St.-Samson-sur-Rille (Eure).

[graphic][subsumed]

Il est déposé au musée départemental d'Evreux.

On a trouvé encore à St.-Samson des briques de différentes formes, incrustées dans les murs et disposées de manière à former une ornementation régulière.

Le tympan de la porte occidentale de l'ancienne église de St.Pierre, à Vienne (Isère), présente une décoration de ce genre. Une croix, formée de carreaux en terre cuite, occupe le centre de ce tympan.

« PreviousContinue »