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dont chaque bras se termine par une abside. Entre les bras de la croix s'élèvent des tourelles. Voici le plus simple de ces deux encensoirs : il est en argent ; l'autre en bronze doré et beaucoup plus compliqué a

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été décrit et figuré dans le Bulletin monumental (1) par le savant Mgr. Muller, évêque de Munster. Il est couvert d'inscriptions et décoré de personnages bibliques.

La plupart des anciens encensoirs sont en bronze.

Les lampes et les flambeaux étaient décorés de moulures et d'entrelacs, dans le même goût que les encensoirs, et souvent ornés d'émaux. Le chandelier le plus remarquable que j'aie vu est celui qui appartient à M. d'Espaulard, au Mans; c'est un véritable chef-d'œuvre. Voici un

(1) T. XIII, p. 196.

chandelier beaucoup plus simple, en bronze émaillé, appartenant à M. le marquis de Turgot, chez lequel il a été dessiné par M. Bouet.

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Couronnes de lumière. Aux XI. et XII. siècles, on suspendait aux voûtes des églises des espèces de lustres en usage long-temps auparavant, et dont j'ai déjà parlé page 39.

Ces couronnes se composaient de cercles plus ou moins considérables

dont le pourtour était chargé de cierges, de lanternes, de statuettes, etc., etc., et qui étaient suspendus au moyen de chaînes ou de cordons fixés à la voûte.

:

Odon, frère utérin de Guillaume-le-Conquérant, avait donné à l'église cathédrale de Bayeux une grande couronne en cuivre doré et émaillé, ornée d'un grand nombre de lames d'argent et suspendue à la voûte au moyen d'une chaîne en fer cette couronne, garnie de niches en forme de tours, était d'une largeur considérable; elle servait, dit Beziers, à porter quantité de cierges qu'on allumait dans les grandes fêtes. Il y avait 45 vers latins gravés tout au tour. Ce lustre qui, peut-être, au temps d'Odon, était placé devant le maître-autel, se trouvait en 1562 devant le crucifix près de l'entrée du chœur ; il fut brisé par les protestants qui en emportèrent les morceaux.

Il y avait des couronnes semblables dans plusieurs cathédrales, notamment dans celle de Reims. La couronne que l'on voit au milieu de l'église circulaire d'Aix-la-Chapelle, et qui a été donnée à cette église dans la seconde moitié du XII. siècle, par l'empereur Frédéric Ier., présente un grand cercle de bronze doré et émaillé dont le portour, sur lequel est une inscription, se divise en huit lobes. Dans la partie rentrante de ces segments de cercle se trouvent des lanternes en forme de tours rondes; des tours carrées plus grandes sont placées au centre de la courbure des arcs du cercle: elles contenaient des statuettes. Entre chacune de ces lanternes on peut placer trois cierges, de sorte qu'il y en a 48 dans le pourtour de ce beau candélabre. Les lanternes sont au nombre de seize, huit carrées et huit rondes.

Depuis que j'ai décrit le grand phare d'Aix-la-Chapelle dans mon Cours et dans le Bulletin monumental, M. l'abbé Martin lui a consacré un savant article dans ses Mélanges d'archéologie, et il s'est étendu longuement dans cette dissertation sur tout ce qui touche à l'éclairage ou l'illumination ancienne des églises. Il a démontré, par la citation d'un grand nombre de textes et par l'examen des vignettes, de manuscrits, des vitraux, etc., que le moyen-âge a souvent associé les lampes et les couronnes, et que cette couronne de lumière devint plus tard pour l'artiste et pour le fidèle, une figure de la Jérusalem céleste, qui couronne pour l'éternité les œuvres accomplies par Dieu en faveur de ses élus.

L'inscription de la couronne donnée à l'église d'Aix-la-Chapelle par l'empereur Frédéric Barberousse, prouve incontestablement que cette

pensée inspirait l'artiste qui l'a confectionnée ; il suffit d'en citer quelques

mots :

CELICA JHERUSALEM SIGNATUR IMAGINE TALI.

Si on se reporte à la pl. LXXXXI de mon Cours d'antiquités, on verra la disposition des chaînes en fer avec leurs pommes de cuivre qui servent à suspendre la couronne d'Aix-la-Chapelle, et le grand cercle à huit lobes qui forme le corps de cette couronne.

La cathédrale d'Hildesheim, près de Hanovre, renferme deux couronnes de lumière : ce sont, avec celle d'Aix-la-Chapelle, les seules que je connaisse.

La plus grande et la plus intéressante se trouve au milieu de la nef. On l'attribue à l'évêque Hezilon. Elle se compose de cercles d'un trèsgrand diamètre, portant des tours et des flambeaux en cuivre doré sur lesquels se lisent des inscriptions en émail : la dentelle du pourtour était en argent. Les douze tours attachées sur les cercles de métal, comme dans celle d'Aix-la-Chapelle, logeaient chacune quatre statuettes en argent représentant les personnages de l'Ancien Testament et les personnifications des vertus, ce que prouvent les noms qu'on lit encore

sur ces tours.

Au milieu des espaces compris entre les tours se trouvent des niches qui portent les noms des douze apôtres, preuve qu'elles en renfermaient les statuettes.

Il y aurait donc eu soixante statuettes dans les niches et les tours qui garnissaient les cercles de cette grande couronne.

Une longue inscription latine gravée sur les cercles du pourtour montre que la pensée de représenter la Jérusalem céleste a guidé l'artiste de Hildesheim, comme elle avait inspiré celui d'Aix-la-Chapelle.

On croit que des lampes étaient superposées aux tours : d'une tour à l'autre, six flambeaux portaient des cierges; il y en avait en tout 72.

La seconde couronne d'Hildesheim, dont je présente l'esquisse d'après une gravure de M. le docteur Kratz, se trouve dans le chœur de la même cathédrale. On la fait remonter vers le milieu du XI•. siècle (à l'évêque Azélin, 1014-1054); mais elle est moins grande que celle de la nef, et les espaces compris entre les tours ne portaient que trois flambeaux, de sorte qu'il n'y en avait que 36 au lieu de 72 dans le pourtour. Les tours ou niches renfermaient 48 statuettes en bronze qui n'existent plus.

Les deux couronnes de Hildesheim sont suspendues à la voûte au

moyen d'une longue chaîne qui vient aboutir à des tringles en fer (voir la figure ci-jointe), qui se ramifient, comme le font à Aix-la-Chapelle

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les chaînes qui en tiennent la place (voir mon Cours d'antiquités, t. VI,

p. 121 et suivantes).

UNE DES COURONNES DE LUMIÈRE DE LA CATHÉDRALE DE HILDESHEIM.

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