Page images
PDF
EPUB

.

des statues. Ainsi la statue, en bois doré, de la Sainte Vierge qu'on voit encore à Tournus, et qui, à en juger par le siége orné d'arcatures cintrées sur lequel elle est assise, aussi bien que par son costume, doit dater de la fin du XII. siècle, a dans le dos une petite armoire dans laquelle on renfermait des reliques.

Les statues en bois et en métal doivent être citées parmi les objets consacrés au culte; ce sont souvent des œuvres d'art remarquables: parmi les statues romanes en bois on peut citer la Vierge noire de Notre-Dame de Dijon. Cette statue est maintenant couverte de vêtements comme la plupart de nos madones; elle en fut momentanément dépouillée le jour de la visite faite l'année dernière par le Congrès archéologique à l'église Notre-Dame, ce qui n'avait pas eu lieu depuis très-long-temps, et nous avons pu reconnaître qu'elle était représentée assise, comme toutes les madones bizantines. Plus tard, quand on a recouvert de robes et de tissus la draperie sculptée de la statue en bois, on a voulu qu'elle fût debout, on l'a inclinée en avant pour lui donner en apparence cette position, et les vêtements dont on l'a couverte ont complété l'illusion. Dans l'origine aussi, la Vierge noire de Dijon, comme toutes les vierges byzantines, tenait l'enfant Jésus sur ses genoux; on a fait disparaître cette statuette, qui s'opposait à la position qu'on voulait donner à la statue principale. Les traces de cet enlèvement sont faciles à reconnaître dans le dessin de M. V. Petit, que nous présentons et qui fait voir la Vierge noire telle qu'elle s'est présentée à nos yeux après l'enlèvement des vêtements qui la dérobent à présent à la vue et n'en laissent voir que la tête ou plutôt le visage.

La Vierge noire de Dijon nous paraît plus intéressante que celle de Beaune, qui est aussi très-ancienne, également en bois noir, et appartient au même type.

Ces monuments de la sculpture byzantine devraient tous être dessinés, étudiés et comparés; nous en possédons encore une certaine quantité en France et dans les contrées voisines.

Ainsi, la Vierge noire de la cathédrale du Puy-en-Velay doit offrir une grande ressemblance avec celles de Dijon et de Beaune. La Vierge de Rocamadour est aussi citée comme très-ancienne; mais toutes sont affublées de tissus, de robes et de dentelles qui ne permettent pas de les voir, et, pour les dessiner, il faut les dépouiller de tous ces

[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small]

accessoires, chose très-difficile sans la permission de l'autorité ecc!ésiastique supérieure.

Les crosses en cuivre émaillé du XII. siècle et du XI. sont encore en assez grand nombre dans les collections. Dans la crosse de Robert d'Arbrissel, abbé de Fontevrault, déposée au musée d'Angers et une autre qui existe au musée d'Amiens, la partie recourbée, formant la crosse p: 0prement dite, imite le corps d'un serpent les espèces d'écailles qui la recouvrent sont en émail bleu, entourées d'un bord doré. Le saint Michel et le dragon en forme de salamandre, qu'il perce de sa lance sont dorés, les yeux sont en émail; sur le dos du dragon sont incrustées des turquoises.

[graphic]

Dans plusieurs autres crosses du XII. siècle, j'ai trouvé cette représentation de l'archange frappant le dragon, et vraisemblablement l'adoption de ce sujet était emblématique des

Greain

combats que livraient au malin esprit les chefs de la milice chrétienne (évêques, abbés), auxquels ces crosses étaient destinées. D'autres crosses ressemblent à un serpent formant plusieurs tours de spire et n'offrent pas de personnage au centre.

Les fers à pains d'autel sont très-rares; on en connaît pourtant quelques-uns du XII. siècle : ce sont deux pièces en métal gravées en creux qui, en se rapprochant, imprimaient sur les deux côtés de l'hostie des figures religieuses, telles que la croix, la représentation du Christ, etc, etc.

Les ciboires en cuivre doré émaillé étaient fort en usage aux XI. et XII. siècles. Voici la forme que j'ai trouvée le plus habituellement dans les collections. Le ciboire reproduit par cette esquisse appartient

à M. l'abbé Barraud, membre de l'Institut des provinces, à Beauvais.

[graphic][subsumed][merged small][merged small]

Les ciboires offraient quelquefois la forme d'une colombe. Tel est celui qu'on voit au musée d'Amiens. C'est une colombe en cuivre émaillé reposant sur un plateau à bords ciselés; le plateau, vers le centre, devient concavo-convexe et sur la partie concave, on lit cette inscription circulaire gravée par une main inhabile: OLIM ECCLESIOE DE RAINCHEVAL. Les rebords du plateau sont percés de douze petites ouvertures, disposées dans un ordre symétrique, pour attacher les chaînettes qui devaient tenir la colombe suspendue. Les ailes et la queue sont seules émaillées, le reste du corps était recouvert d'une peinture brune que le temps a fait disparaître en partie. On a tâché d'imiter l'agencement des plumes par des écailles imbriquées, nuancées

d'or, de bleu, de vert, de blanc, de jaune et de rouge. Sur le milieu du dos, entre les deux ailes, on a ménagé une ouverture peu profonde,

[graphic][merged small]

destinée à recevoir les hosties consacrées et surmontée d'un couvercle qu'on maintient à l'aide d'un bouton tournant.

Les croix émaillées sont encore assez nombreuses. Le Christ est toujours vêtu d'une espèce de tunique ou de jupon (V. la figure, p. 233); sa tête porte un nimbe ou couronne; les pieds sont toujours cloués séparément : ces caractères se rencontrent aussi au XIII. siècle, mais le style de la statuette et les ornements de la croix indiquent suffisamment l'époque et rendent la distinction possible entre le XII. siècle et le XIII.

Les encensoirs, beaucoup moins allongés que les nôtres, s'écartent moins de la forme orbiculaire; ils étaient attachés à des chaînes comme à présent le couvercle surtout était orné de ciselures et d'enlacements à jour.

Deux encensoirs du XII. siècle existent dans le trésor de la cathédrale de Trèves; ils figurent une église en forme de croix grecque,

« PreviousContinue »