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Croix de pierre.

Reste-t-il quelques-unes des croix élevées dans les cimetières et dans les carrefours aux XI. et XII. siècles?

Il en reste si peu de l'époque romane, que je n'en peux offrir qu'un spécimen complet; je l'emprunte à ma Statistique monumentale du Calvados : c'est la croix de Grisy placée sur le bord d'une voie romaine, sur la limite de deux communes. Ce petit monument se compose d'une croix grecque couverte d'étoiles et ornée, au centre, d'un fleuron entouré d'un cercle garni de moulures, puis de quatre colonnes groupées en faisceau; le tout taillé dans le même bloc de pierre calcaire et d'un seul morceau.

Quelques croix offraient absolument l'image de celles qui couronnent encore les pignons d'un grand nombre d'églises romanes ; on en cite dans quelques localités, et ce furent les plus communes aux XI. et XII. siècles.

On aut, au XII. siècle, sculpter le Christ sur quelques croix en pierre, et on imita pour cette image le type alors adopté, type que nous avons déjà indiqué page 173, et que nous retrouvons sur les croix en cuivre émaillé de la

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Colonne de bronze à Hildesheim.

La colonne du Christ qu'on voit à Hildesheim, sur la place qui précède la cathédrale, est un monument de la plus haute importance, dont je suis bien aise de présenter une esquisse. C'est une colonne de bronze, fondue d'un seul morceau, haute de 14 pieds, offrant, dans une série de 28 bas-reliefs disposés en spirale, comme ceux de la colonne trajane, la vie de J.-C. L'esquisse ci-jointe présente la colonne vue de deux côtés. Elle a perdu le chapiteau de bronze qui la recouvrait.

Je manque de renseignements sur la destination primitive de cette colonne; mais je ne serais pas surpris qu'elle eût été, dans l'origine, surmontée d'une croix qui aurait été placée au-dessus du chapiteau, détaché du monument pour lequel il avait été fondu. On regarde la

même époque dont l'exemple suivant peut donner une idée.

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DURANT LA PÉRIODE ROMANE.

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COLONNE DE BRONZE, DITE COLONNE DU CHRIST, A HILDESHEIM.

colonne de Hildesheim comme remontant au XI. siècle. On l'a placée sur un socle carré en pierre, formant piédestal et haut de plus d'un mètre.

Objets destinés au culte.

Qu'avez-vous à dire des vases sacrés et autres objets destinés au culte, durant la période romane ?

Au XI. et au XII. siècle surtout, les reliquaires, les vases sacrés, les crosses d'évêques et d'abbés devinrent d'une grande richesse. Nous ne citerons que quelques-uns de ces objets, ceux qu'on rencontre le plus habituellement dans les églises ou dans les collections.

Les coffrets en cuivre émaillé, dans le style byzantin, destinés à renfermer des reliques, sont assez communs. Ces coffrets ont presque toujours la forme d'une maison ou d'une chapelle couverte d'un toit à double égout; les émaux décorent le toit, les parois latérales extérieures et les deux extrémités : on a figuré le plus souvent les apôtres et le Christ sur ces parois. Le Christ occupe ordinairement, à lui seul, l'une des extrémités; les apôtres ou les saints ont été disposés sur les faces latérales. Je parle des reliquaires de petite dimension et dont la longueur est à peine d'un pied et souvent moindre : il y en a quelques autres beaucoup plus grands, mais de même forme, et, comme exemple, je citerai la chasse de St.-Calmin, à Mozat, près Riom.

Cette curieuse châsse, d'une grande dimension, qui est figurée dans l'ouvrage de M. Mallay, Sur les églises byzantines de l'Auvergne, se compose de planches en cuivre émaillé ajustées sur une charpente, de manière à présenter l'image d'un cercueil à couvercle prismatique ou plutôt celle d'une église à deux pignons, comme les coffrets beaucoup plus petits dont je parlais tout-à-l'heure : elle contient les reliques de saint Calmin et de sainte Numadie, son épouse, et les peintures en émail représentent les différents actes de piété qui signalèrent leur vie, tels que la construction du monastère de Mozat, etc.

Des inscriptions expliquent ces tableaux. Deux d'entre eux représentent l'ensevelissement de Calmin et de Numadie et leurs âmes figurées par des corps nus emportés au ciel par des anges.

Les châsses émaillées sont faites avec des planches de cuivre rouge sur lesquelles le burin a creusé de nombreux vides remplis d'émaux de diverses couleurs. Lorsque le cuivre paraît à la surface, il est doré et dessine des ornements d'architecture, la tige des fleurs ou les nimbes des personnages. Les figures ciselées, ou le plus souvent

frappées au repoussoir, font saillie sur le cuivre. D'autres fois les têtes seules sont saillantes et le corps ou même le personnage tout entier est indiqué par un trait creux qui dessine les contours.

D'après les explorations de M. l'abbé Texier, le Limousin possède de nombreux reliquaires émaillés de style roman. Il cite comme les plus remarquables ceux d'Ambazac et de Saint-Viame (Corrèze), dont les dimensions sont assez considérables (0. 85 sur 0. 73 de hauteur), ceux de la Guêne (Corrèze), de Saint-Aurélien à Limoges, et celui de Solignac.

On a renfermé les reliques dans des objets de forme diverses et de

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VIERGE BYZANTINE, EN BOIS, A TOURNUS.

différentes matières, quelquefois dans des cavités pratiquées au centre

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