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de plusieurs colonnettes groupées taillées dans la même pierre, et

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FONT PENTAGONE, A CABOURG (CALVADOS).

l'extérieur est pentagone au lieu d'être carré, mais les exemples en sont

rares.

Tombeaux.

Quelles particularités caractérisent les sépultures aux XI. et XII. siècles?

La forme des cercueils ou des tombeaux non apparents a été à peu près la même depuis le XI. siècle jusqu'au XVI. Quelquefois, à partir du XII., on remarque à l'intérieur un espace circulaire pour recevoir la tête.

Quelquefois aussi la place de la tête est indiquée par deux arêtes en pierre ménagées à l'extrémité du coffre. Le couvercle est tantôt plat, tantôt prismatique.

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Outre l'eau bénite, on plaçait dans le cercueil des pots remplis

de charbon, dans lesquels on brûlait de l'encens; ces pots étaient percés de petits trous sur la panse pour que le charbon eût de l'air et que la combustion pût durer le temps nécessaire.

J'ai eu l'occasion d'observer un assez grand nombre de ces vases, dont voici la forme la plus habituelle.

La plupart, destinés aux usages ordinaires de la vie, ont été accidentellement convertis en cassolettes, quand la perte de quelque parent a mis dans la nécessité d'en agir ainsi.

Cet usage existait très-certainement au XII. siècle et peut-être longtemps auparavant. On place, dit G. Durand, de l'encens près du cadavre pour combattre les mauvaises odeurs qu'il exhale; cet encens est aussi le symbole des bonnes œuvres qui sont pour le défunt une recommandation puissante auprès de Dieu.

N'y a-t-il pas des champs de sépulture remplis de cercueils en pierre? Dans le Poitou, la Saintonge, la Champagne et plusieurs autres contrées, on voit des espaces considérables au-delà de l'enceinte actuelle des cimetières, qui sont en quelque sorte pavés de cercueils en pierre: les couvercles de ceux-ci

se montrent partout à rase terre, et rien n'est plus saisissant que ces tombeaux disposés en lignes parallèles, formant, s'il est permis de parler ainsi, d'immenses bataillons.

On a porté à 20,000 le nombre des cercueils de pierre observés dans d'anciens cimetières ruraux, mais il est vrai de

dire que ces inhumations remontaient en partie à des temps antérieurs

au XI. siècle, et en partie à des siècles postérieurs.

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Les mêmes faits se présentent partout.

Dans quelques cercueils on avait inhumé
plusieurs membres de la même famille, m
c'est au moins ce que j'ai conclu de la
présence de deux et quelquefois de trois
têtes réunies. Dans plusieurs sépultures
la tête de celui qui avait été inhumé le
premier avait été ramenée vers les pieds
pour faire place au second.

J'ai donné des détails fort étendus sur les cimetières dans le VI. volume de mon Cours d'antiquités.

FANAUX. Qu'appelez-vous fanaux de cimetière?

Ce sont des colonnes creuses, rondes ou carrées, ayant au sommet plusieurs ouvertures dans lesquelles on entretenait, au moyen-âge (XII. et XIII. siècles surtout), des lampes allumées au milieu des grands cimetières. J'ai fais décrit, dans le VI. volume de mon Cours, page 324 et suivantes, plusieurs mo-op numents de ce genre. Il paraît que tous les fanaux de cimetière avaient, à leur base, un autel orienté, où l'on disait la messe lors des inhumations. La lampe servait à éclairer, la nuit, les convois mortuaires qui venaient de loin, et qui pouvaient bien ne pas toujours arriver avant la fin du jour. (V. ce que j'ai dit à ce sujet dans le tome VI de mon Cours) (1).

Parmi les plus beaux fanaux de cimetière remontant au XII. siècle, on peut citer celui de Fenioux (Charente

FANAL DE CIMETIÈRE, A CELLEFROIN (CHARENTE).

(1) Depuis que j'ai le premier signalé et décrit les fanaux de cimetière, plusieurs antiquaires s'en sont occupés, notamment MM. de Chasteignier, Texier,

Inférieure), figuré dans mon Cours, pl. 87, n°. 2. Celui de Cellefroin

(Charente), ceux de Ciron

(Indre), de Felletin (Creuse),

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FANAL DE CIMETIÈRE, A JOURNET.

TOMBEAUX APPARENTS. Quels caractères offrirent les tombeaux apparents durant la période romane secondaire?

Les tombeaux apparents n'appartiennent qu'à des notabilités de l'époque à laquelle ils furent érigés.

Comme il fallait éviter d'encombrer les églises, on les plaça souvent sous des arcades pratiquées dans l'épaisseur des murs, à l'intérieur, et quelquefois à l'extérieur, dans les cloitres, les salles capitulaires,

de Lavillegile et Lecointre-Dupont, membres de la Société française pour la conservation des monuments.

etc.; un petit nombre de tombeaux furent isolés dans les cryptes, les églises ou les chapelles.

Les tombeaux placés dans l'épaisseur des murs sous des arcades reposent, tantôt sur un soubassement en pierres de taille, tantôt sur des colonnes cylindriques ou sur des espèces de chantiers. Le couvercle, quelquefois plat, est aussi parfois de forme prismatique ou triangulaire imitant la disposition d'un toit à double égout.

J'ai figuré dans mon Cours d'antiquités et décrit (t. VI, p. 357 et suivantes) deux tombes arquées très-remarquables, l'une dans le transept sud de l'église de St.-Hilaire à Poitiers et datant du XI. siècle; l'autre dans le transept nord de l'église d'Airvault (Deux-Sèvres). Quand les cercueils étaient complets et hors terre, ils étaient portés assez souvent par de petites colonnes courtes ou des piliers, et élevés ainsi au-dessus du pavé; j'ai figuré, pl. C, deux cercueils semblables qui se voient dans la crypte de St.-Maixent. L'un est celui du patron de la ville (saint Maixent), l'autre celui de saint Léger, évêque d'Autun, dont les restes avaient été apportés de Bourgogne.

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Les tombeaux isolés et portés sur des tables de pierre élevées, comme

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