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Une de ces inscriptions dédicatoires de Montierneuf de Poitiers que je cite comme exemple, peut être lue de la manière suivante :

Hoc. altare. XII. kalendas. februarii, est. consecratum, in honore. sanctorum. apostolorum. Simonis. et. Judæ, et, omnium. apostolorum. et. Vincentii. martyris, atque. ibi. sunt. conditae, reliquiae. sanctorum. Abundi. Petri. et. martirum. Maximi. presbiteri. Archelai. diaconi.

C'est-à-dire :

Le XII des calendes de février, cet autel a été consacré en l'honneur des saints Apôtres, saint Simon et saint Jude, de tous les Apôtres, et de saint Vincent, martyr.

Les reliques des saints Abundus, prêtre, et des martyrs Maxime, prêtre, et Archélaus, diacre, y ont été renfermées.

Qu'appelez-vous des crédences?

Ce sont des niches plus ou moins historiées, pratiquées dans l'épaisseur des murs, le plus souvent du côté de l'épître, mais quelquefois des deux côtés de l'autel.

A quel usage étaient-elles destinées ?

Le pape Léon IV, qui vivait au IX. siècle, nous l'apprend quand il recommande, dans la curieuse instruction qu'il adresse aux évêques, qu'il y ait près de l'autel un lieu où l'on puisse jeter l'eau qui a servi à laver les vases sacrés, et que le prêtre y trouve de l'eau et du linge blanc pour se laver les mains et les essuyer après la communion (1).

Les crédences avec des piscines pour l'écoulement des eaux, paraissent avoir succédé aux armoires qui, dès le Vo. siècle, existaient dans les églises des deux côtés de l'autel.

D'après Paulin, évêque de Nole, dans celle de droite étaient enfermés les objets composant le saint ministère, c'est-à-dire, les calices et les autres vases en usage dans les cérémonies religieuses; celle de gauche contenait les livres saints, savoir : le livre des évangiles, ceux des psaumes et des épîtres et le missel.

A quelle époque voit-on paraître les crédences dans les églises?

Ce n'est que dans la 2o. moitié du XII. siècle (cathédrale de Lau

(1) Locus in secretario aut juxta altare sit præparatus, ubi aqua effundi possit, quando vasa abluuntur et ibi linteum nitidum cum aquâ dependeat, ut ibi sacerdos manus lavet post communionem.

sanne, Sugères (Deux-Sèvres), Pontigny (Yonne), etc., et encore sontelles rares avant le XIII. La plupart de celles qu'on voit dans les églises romanes ont été établies après coup.

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A défaut de crédences, il paraît qu'il y avait près de certains autels des piscines pédiculées et percées, au fond de la cuvette, d'un trou pour l'écoulement de l'eau qui avait servi à laver les mains du célébrant.

J'ai dessiné celle que voici dans l'église de l'ancien prieuré de St.-Gabriel (Calvados), où elle se trouve encore en place dans le sanctuaire, du côté de

l'épître; la cuvette

Les fonts devaient être en pierre; le concile de Lérida, tenu en 524, décida que le prêtre qui ne pouvait s'en procurer, devait avoir un vase consacré exclusivement au baptême et attaché à l'église à perpétuelle demeure. Conformément à cette prescription, les anciens fonts qui existent sont presque tous en pierre, plus ou moins dure (calcaire, marbre, grès, granite, etc.); un petit nombre seulement sont en plomb. On en a fait aussi en bronze.

Quelles sont les formes principales des fonts au XI. et au XII.

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de Pont-à-Mousson décrit par M. Digot et figuré dans le tome XII

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FONT QUATRILOBÉ DE PONT-A-MOUSSON.

du Bulletin monumental; les cuves baptismales sont parfois or

nées de bas-reliefs, quelquefois aussi de colonnes cantonnées. Le font de Pont-à-Mousson réunit ces deux caractères.

Sur la face que je viens de présenter, on voit Saint-Jean-Baptiste prêchant la pénitence aux Publicains et aux soldats, qui venaient en foule le trouver dans le désert, ainsi que le rapporte saint Luc. Saint Jean est nimbé, un peu plus grand que les autres personnages, vêtu d'un manteau qu'il tient serré de la main gauche et qui laisse à découvert le bras droit et une partie de la poitrine.

Sur le second bas-relief, le Précurseur, placé et vêtu comme dans le premier, baptise deux juifs entièrement nus et plongés dans une

cuve.

Sur la troisième face que voici, le précurseur baptise Jésus-Christ. Le Sauveur, qui a dépouillé ses vêtements, est enfoncé jusqu'à la ceinture dans le Jourdain, dont les eaux s'amoncellent autour de lui. J.-C.

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BAPTÊME DE JÉSUS-CHRIST SUR LE FONT DE PONT-A-MOUSSON. porte un nimbe crucifère; il a les cheveux longs et partagés sur le front. La main gauche est dans le fleuve et il bénit de la droite. Au-dessus de sa tête, on a figuré le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe, les ailes étendues, la tête en bas : plus haut, on voit la tête de Dieu le père portant le nimbe crucifère.

Vis-à-vis Saint-Jean, l'artiste a sculpté un ange, debout, qui tient

étendu le vêtement que J.-C. va reprendre en sortant du fleuve. Plus haut, un autre ange qui vole balance un encensoir près de la tête du Sauveur.

Dans le bas-relief suivant, un êvêque, assisté d'un clerc, administre le baptême à deux cathécumènes; un ange, qui plane au

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dessus d'eux, figure l'esprit de Dieu descendant sur les nouveaux chrétiens.

J'ai dit qu'au XII. siècle ou a coulé des fonts en bronze et en plomb. J'en ai décrit plusieurs dans le VI. volume de mon Cours d'antiquités monumentales (pages 38, 39 et suivantes). Depuis cette publication, M. Bouet a dessiné les fonts de St.-Evroult de Montfort, près de Gacé (Orne), qui offrent une cuve en plomb, portée sur un pédicule en pierre d'un style moins ancien et se rapportant au XIIIe siècle.

La circonférence du bassin de plomb est divisée par quatre figures drapées, les pieds nus, tenant à la main un livre et placées sous des arcs découpés à dents de scie et d'un travail très-grossier. Ces figures, qui représentent les quatre Evangélistes, sont toutes quatre le produit

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