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Quelques églises sont entièrement construites en briques; on remarque alors entre chaque assise une couche épaisse de mortier: ce mode

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de construction a été général en Italie où, depuis l'empire romain jusqu'à nos jours, on a fait un grand usage de la brique.

Quels caractères les colonnes et les pilastres offraient-ils?

A Rome et dans les anciennes villes où les monuments romains pouvaient fournir des colonues, on les employa à soutenir les arcades des nefs; nous en trouvons une prodigieuse quantité en Italie, mais dans nos contrées beaucoup moins favorisées sous ce rapport, on remplaça souvent les colonnes par des piliers carrés.

Nous trouvons néanmoins quelques colonnes de marbre et des cha

piteaux d'une composition fort gracieuse qui ont été faits pour les églises des premiers siècles, tels sont ceux que voici :

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Comment traitait-on l'entablement ?

Souvent on supprima les frises et les architraves, pour ne conserver que des corniches supportées quelquefois par des consoles ou modillons. Dans bien des monuments ces modillons ne portaient aucun ornement el figuraient simplement l'extrémité d'une

poutre taillée en biseau.

Les modillons offraient aussi beaucoup de rapports avec ceux que l'on voit dans les mo

numents romains des derniers temps, et même dans ceux du III. siècle: les bains de Dioclétien à Rome en présentent qui ressemblent tout-à-fait à ceux de nos anciennes églises,

Quel était le caractère des fenêtres ?

Les fenêtres n'offraient point de colonnes à l'extérieur, et le cintre qui les couronnait reposait presque constamment sur les pieds-droits de la maçonnerie. Ce cintre lui-même était d'une grande simplicité et rarement décoré de moulures; on n'y voyait le plus ordinairement qu'un rang de pierres symétriques.

Quelquefois ces pierres étaient séparées les unes des autres par deux ou trois briques accolées et disposées suivant le système que l'on observait dans beaucoup de constructions romaines (1).

Quel était le caractère des portes et des arcades?

Portes. Le cintre des portes reposait ordinairement sur de simples pieds-droits ou pilastres, plus rarement sur des colonnes. Presque toujours une porte carrée était ouverte au milieu de l'arcade principale.

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Arcades. Les arcades qui mettaient la nef en communication avec les ailes n'offraient le plus souvent que des pierres symétriques, quelquefois séparées les unes des autres par des briques suivant le système du temps; mais la grande arcade qui était au milieu des transepts, entre le chœur et la nef, était quelquefois ornée d'incrustations et de moulures. Cette arcade portait, dans les premières églises, le nom d'arc triomphal, parce qu'elle ressemblait à un arc de triomphe.

Qu'est-ce que le tympan?

On appelle ainsi l'espace compris entre la porte carrée et l'arc cintré; il était rempli tantôt en petit appareil simple ou réticulé, tantôt par l'image de la croix ou par quelque autre bas-relief. Quels étaient les ornements du roman primitif?

Il serait difficile, en considérant le peu de monuments anciens qui

(1) V. la deuxième partie de mon Cours d'antiquités.

nous restent, de donner l'énumération précise des moulures employées dans la décoration des édifices religieux de la première époque. On peut affirmer cependant que les figures d'ornement, qui se voient dans les mosaïques et les édifices de l'ère gallo-romaine (1), ont été reproduites par les artistes chrétiens.

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MOSAIQUES GALLO-ROMAINES REPRODUITES AU MOYEN-AGE.

Les incrustations en pierre de couleur et en terre cuite, les arcades sans ouvertures, à plein-cintre, les niches et les fausses fenêtres surmontées d'un fronton triangulaire, furent encore des ornements employés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des monuments des premiers siècles du moyen-âge.

A l'intérieur les murs étaient plaqués de marbre, couverts de peintures, incrustés des plus riches mosaïques.

Ces mosaïques principalement employées pour la décoration des absides, des murs latéraux, etc., etc., étaient formées de petits cubes en émail opaque de différentes couleurs et souvent dorés. Le bleu, le vert, le noir, le rose, le blanc, le brun, le grisâtre sont les couleurs qu'on a le plus employées dans la composition des tableaux ainsi formés de fragments vitrifiés.

Nous n'avons plus en France qu'une de ces belles mosaïques en verre, bien qu'elles y aient été nombreuses durant l'ère mérovingienne, ainsi que le prouvent des témoignages incontestables; c'est celle de Germinyles-Prés, que l'on croit du IX. siècle comme l'église où elle se trouve. Les tableaux en mosaïque et les peintures à fresque représentaient le Christ, les Apôtres ou d'autres personnages, tantôt sous leur forme

(1) V. la troisième partie de mon Cours d'antiquités.

véritable, tantôt sous diverses formes emblématiques, dont l'usage fut consacré à partir du IV. siècle.

Ainsi le Sauveur est souvent figuré par un agneau élevé sur un tertre d'où sortent quatre fleuves et auquel rendent hommage douze autres moutons représentant les douze Apôtres.

L'Agneau, seul avec la croix, représente Jésus-Christ.

Tout le monde sait que la figure du Bon Pasteur portant un agneau sur ses épaules et tenant à la main la houlette ou pedum, est l'image de la communauté chrétienne.

Le bœuf, l'ange, l'aigle et le lion furent très-anciennement, sans que je puisse assigner l'époque, les symboles des quatre Evangélistes. Plusieurs autres animaux expriment des idées symboliques. Les colombes sont prises pour l'image de la pureté et de la douceur chrétienne; le paon ou le phénix est l'emblême de l'immortalité de l'àme et de la félicité éternelle; les cerfs ou les daims, qui viennent se désaltérer à une fontaine, figurent les chrétiens aspirant aux eaux vivifiantes. Les poissons étaient emblématiques de la qualité de chrétien. Outre les ornements sculptés et peints sur les murs, on voyait encore dans les églises des tentures en étoffes plus ou moins riches.

On suspendait des rideaux aux balustrades qui entouraient le sanctuaire, aux arcades des nefs, etc. (1).

Les portes elles-mêmes étaient fermées au moyen de rideaux, dont la tradition s'est conservée jusqu'à nos jours en Italie, dans ces pesantes tentures qu'il faut soulever et pousser devant soi pour pénétrer dans les églises. Existe-il encore quelques-uns de ces tissus?

Ils sont extrêmement rares et renfermés depuis long-temps comme reliques dans les trésors des églises, soit qu'ils servent à envelopper des ossements vénérés, soit qu'ils aient été employés à confectionner d'anciennes chapes ou des chasubles.

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dont

Je peux, comme spécimen, figurer quatre tissus de ce genre, l'ancienneté ne paraît pas devoir être révoquée en doute, savoir: la chape de saint Mesme, à Chinon, la chape dite de Charlemagne, à Metz, le suaire de saint Germain, à Auxerre, et un tissu qui en

(1) Anastase-le-Bibliothécaire parle souvent des rideaux qui décoraient les différentes parties des églises.

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