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J'ai dit que le Sauveur est ordinairement entouré des animaux symboliques, d'anges ou d'autres personnages; il peut aussi se trouver isolé dans les portes dont le diamètre peu considérable n'a pas permis au sculpteur de figurer les accessoires ordinaires. Qu'appelez-vous nimbe?

C'est un cercle ou disque qui, sur les monuments antiques, environnait la tête des divinités.

Les artistes chrétiens adoptèrent le nimbe; non-seulement les trois personnes de la Trinité, mais la

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Sainte Vierge, les Apôtres, les Saints, la Vertu personnifiée recurent cet ornement dans les monuments peints ou sculptés.

Le nimbe qui entoure la tête des saints est toujours rond ou en forme de bouclier : il est rond, dit Guillaume Durand, écrivain du XIII. siècle, conformément à ce passage de l'Ecriture: Scuto bona voluntatis tuæ coronasti nos. Mais quand on représentait un saint vivant, le nimbe avait la forme d'un bouclier carré, dont les quatre côtés étaient symboliques des quatre vertus cardinales (V. mon Cours d'antiq., t. IV, p. 207).

En France, le nimbe se voit rarement aux Prophètes, aux Patriarches et aux Rois de l'Ancien-Testament; cependant on en a quelques exemples. Dans l'église grecque, au contraire, on les nimbait comme les Saints de l'Evangile et sans distinction les uns des autres.

Au reste, l'absence du nimbe ne doit pas toujours faire révoquer en doute la sainteté du personnage. A St.-Trophime d'Arles, la figure du Christ qui occupe le centre du tympan du grand portail, n'est pas nimbée. Dans les bas-reliefs, le nimbe manque quelquefois là où il n'était pas facile de le placer et dans les figures trop éloignées de la muraille pour qu'il pût y être fixé d'une manière solide.

Les trois personnes de la Trinité n'ont-elles pas un signe distinctif dans leur nimbe?

Les trois personnes de la Trinité se distinguent facilement de tous les autres personnages nimbés, parce qu'une croix grecque se dessine au milieu de leur nimbe. Ainsi le Père, le Fils, et le St.-Esprit ont

des nimbes crucifères; et quand ils sont représentés par des figures symboliques, ces figures sont entourées du nimbe croisé.

Présentez quelques exemples à l'appui de cette assertion.
L'agneau, symbole

du Christ, immolé par

les enfants d'Israël, porte constamment le nimbe croisé (1).

Dans les bas-reliefs du XIIe siècle et dans les siècles suivants, l'agneau soutient toujours du pied une croix à laquelle flotte souvent un petit étendard,

qu'il se retourne quelquefois pour examiner. Voici la colombe, image du St.-Esprit, la tête également entourée du nimbe crucifère.

Dieu le père est parfois représenté par une main sortant des nuages ou du ciel, entourée du nimbe comme la suivante. Cette main présente toujours les trois premiers doigts ouverts et les autres fermés : c'est là la main bénissante.

Qu'est-ce que l'auréole? L'auréole est cet encadrement elliptique que beaucoup d'antiquaires ont désigné sous le nom de vesica piscis, et qui encadre habituellement la figure du Chrit (V. la page 98, et le Christ de Vézelay, p. 464). Cependant les auréoles ne sont pas toujours de cette forme, il y en a de rondes et de quatrilobées.

L'auréole, que M. Didron appelle gloire, est réservée aux trois per

(1) L'agneau à sept yeux et à sept cornes de l'Apocalypse a été rarement figuré sur les monuments: le nombre 7 désigne les sept esprits ou sept dons envoyés par Dieu sur la terre.

Le nombre 7 est aussi celui des têtes et des cornes

des bêtes infernales de l'Apocalypse.

La bête à 7 têtes de l'Apocalypse a chacune de ses têtes nimbées, excepté celle qui est blessée à mort et qui est dépourvue de nimbe habituellement.

sonnes divines et à la Sainte Vierge. Nous trouvons la Sainte Vierge

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× ADCOLLVM-MAR IS∙PEKIDET-SAPIENCIA PATRIS ME XPI MAREM

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Léo Drouyn del

LA SAINTE VIERGE ENCADREB DANS UNE AURÉOLE ELLIPTIQUE, SUR LE TOMBBAU DE SAINT JUNIEN.

encadrée dans une auréole sur le tombeau de saint Junien, près Limoges.

L'auréole entoure parfois l'âme des Saints, figurée par un petit corps humain, comme on la représente au XI. et au XII. siècle. L'âme est ainsi, dit M. l'abbé Crosnier, déifiée en quelque sorte au moment où elle retourne au sein du Créateur; mais jamais les Saints, quelque vénérés qu'ils fussent, n'ont été entourés de l'auréole, soit dans les peintures, soit dans les sculptures.

Voici la représentation d'une âme dans une auréole, deux anges la reçoivent et l'emportent au ciel malgré les efforts que font deux démons pour s'en emparer (1).

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(1) Ce chapiteau est tiré de l'église de Rucqueville, décrite dans le 1er. volume de ma Statistique monumentale du Calvados.

sujet dans l'Iconographie chrétienne de M. Didron et dans l'ouvrage plus élémentaire qu'a publié sur le même sujet M. l'abbé Crosnier. On avait figuré très-rarement le Christ en croix du VI•. siècle au Xa. :

on le rencontre encore rarement dans les sculptures antérieures au XIII.

CHRIST DU XII. SIÈCLE A

L'ÉGLISE DE LILlers (nord.)

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