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esquisse, que nous devions à M. Launay, membre de la Société française, à Vendôme, et que nous avons donnée aussi dans le 6. volume de notre Cours d'antiquités (chapitre des peintures murales), montre Jésus-Christ entouré

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UN DES 24 VIEILLARES DE L'APOCALYPSE, A CHARTRES.

ragraphe 4). ... ... Et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums qui sont les prières des saints (chap. V, n°. 8).....

Ces vieillards à têtes couronnées sont toujours représentés un instrument de musique dans une main et tenant l'autre élevée avec une fiole ou une coupe (cathédrale de Chartres, St.-Denis, Notre-Dame de La Coudre à Parthenay, Notre-Dame de Saintes, etc., etc. ).

Jésus-Christ ainsi entouré de cette cour céleste préside ordinairement au jugement dernier.

Dans les siècles précédents, on l'avait peint plein de douceur, souvent imberbe, sous la figure du bon Pasteur.

Au XI. siècle, il juge et punit les pécheurs,

QUOS SCELUS EXERCET ME JUDICE POENA COERCET (1), lui fait dire l'artiste autour de lui se développe l'appareil de la grande scène du jugement dernier (2),

A Autun, par exemple, aux pieds du Christ, sont des tombeaux d'où sort une multitude de petits corps humains. Les uns ressuscitent avec des attributs ou des attitudes qui indiquent la piété et le dévouement au service de Dieu. D'autres, au contraire, tiennent leurs têtes dans leurs mains en signe de douleur. Quelques vices sont indiqués par des figures symboliques. Au milieu du bandeau, un ange tenant un glaive, repousse les coupables qui veulent passer à la droite.

Plus haut, on aperçoit une balance soutenue par une main qu'entourent des nuages, L'archange saint Michel et le prince des démons mettent dans des bassins, l'un un petit homme bien fait, emblême de la vertu, l'autre un monstre, emblême du mal. Tandis que l'accusé, dont le sort est débattu dans ce moment solennel, tâche de se rapprocher de l'Archange, Satan fait tous ses efforts pour que la balance penche de son côté, et un de ses suppôts apporte un lézard, autre emblême du mal, afin d'en charger encore le bassin où sont apréciés les péchés; mais l'Archange est vainqueur, sa main puissante imprime au

(1) Inscription placée autour du Christ du portail de la cathédrale, à Autun. (2) On explique la représentation assez habituelle du Jugement dernier à partir du X. siecle par l'affaiblissement des croyances; l'opinion généralement répandue au X. siècle, dans la chrétienté, que l'an 1000 devait être fixé pour la fin du monde, n'ayant été justifiée par aucun événement, on répandit des doutes sur la résurrection des morts. Les prédicateurs, pour affermir la fai ébranlée, prirent assez souvent pour sujet de leurs sermons le Jugement dernier, et les architectes des XII. et XIII. siècles en placèrent le tableau dans la partie la plus apparente des églises qu'ils construisirent. Il fallait des images plus frappantes que celles dont on avait orné les églises durant l'ère primitive du style roman; on peignit l'enfer dont la représentation hideuse et saisissante n'avait point été essayée tant que la foi n'avait point eu besoin d'être ravivée.

fléau de la balance un mouvement qui assure l'avantage à la somme des bonnes œuvres.

Près de là est une chaudière dans laquelle un démon entasse les

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FRAGMENT DU GRAND BAS-RELIEF DU PORTAIL D'AUTUN.

malheureux réprouvés. Un autre démon, qui le corps dans le fourneau qui sert à chauffer la chaudière, en sort à moitié pour enchaîner d'autres damnés et les entraîner dans le feu éternel. L'impression que

produit cette image est adoucie par l'idée gracieuse de deux ressuscités qui vont chercher un asile dans les plis ondoyants de la robe de l'Archange.

Dans l'autre partie du bas-relief, une longue suite de saints personnages élèvent les yeux vers le trône de Jésus-Christ, et semblent prier pour leurs frères. La Jérusalem céleste est représentée, suivant les images poétiques de l'Apocalypse, par un vaste et somptueux édifice. Quelques ressuscités y sont déjà parvenus, d'autres s'efforcent d'y entrer. Les Anges viennent à leur aide (1).

Sur d'autres bas-reliefs la Jérusalem céleste est représentée par une ville murée dont les remparts sont surmontés de tours à loits arrondis, tantôt coniques, tantôt en forme de coupoles. Les portes de la ville sont bardées de ferrures qui se ramifient et forment des enroulements comme les ferrures du temps. De somptueux édifices paraissent au-dessus des murailles. En un mot, la Jérusalem céleste est représentée comme une ville fortifiée du XII. siècle.

La représentation des peines de l'enfer ne se voit pas seulement dans les façades d'églises, on la retrouve encore sur des chapiteaux, sur des frises, etc.

Le démon est habituellement représenté, aux XI. et XII. siècles, sous la forme d'un homme à figure horrible, la tête armée de cornes, le corps velu, souvent armé d'un croc dont il se sert pour précipiter les réprouvés dans l'enfer représenté par une énorme tête à gueule enflammée. Quelquefois il a une tête d'oiseau, une figure grimaçante sur le ventre, et une queue de vipère.

Le Christ n'est pas toujours représenté dans le tympan des portes; on le trouve quelquefois à la partie supérieure des façades. C'est ainsi qu'on le voit à Notre-Dame-la-Grande, à Poitiers, dans la façade de l'église de Ruffec, dans celle de la cathédrale d'Angoulême. Sur ces églises, il est représenté debout, au milieu des animaux symboliques Poitiers et à Angoulême, entre deux anges à Ruffec.

En Italie, c'est aussi le plus ordinairement au sommet des façades qu'on voit la figure du Christ, soit avec des anges en adoration, soit avec les symboles des quatre évangélistes.

(1) Voir la Description du portail de l'église cathédrale d'Autun, par M. l'abbé Devoucoux, membre de l'Institut des provinces, et la belle planche figurant ce tympan dans le grand ouvrage de M. Du Sommerard, intitulé : Les Arts au moyen-âge.

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