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Certaines églises n'ont-elles pas plusieurs tours?

Oui, au XIIe siècle, on multiplia les tours sans nécessité et uniquement pour le coup-d'œil, là où une seule tour eût suffi, on en éleva jusque à trois et même quelquefois cinq, ce fut alors qu'on adopta, pour les grandes églises, l'usage qui a subsisté depuis, de placer une tour de chaque côté du portail, à l'Ouest. La troisième s'élevait sur le transept.

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TOUR CENTRALE, ABSIDE ET TRANSEPT DE L'ÉGLISE DE LA CHARITÉ-SUR-LOIRE.

Ordinairement moins haute que les deux autres, celle tour cen

trale était quelquefois ornée à l'intérieur de manière à rester ouverte j'usqu'au toit et à présenter un vide ou dôme sur l'intersection de la croix.

Dans les églises à deux absides de la région monumentale du Rhin, on a quelquefois élevé jusqu'à six tours, une sur chaque transept et quatre plus élevées et d'un moindre diamètre aux quatre angles du grand comble, près des absides; telle était l'ordonnance de la cathédrale de Spire avant les réparations qu'elle a subies, et celle de la cathédrale de Worms.

La cathédrale de Bamberg a quatre belles tours, deux à l'Ouest et deux à l'Est.

La cathédrale de Tournai, si bien décrite par M. Lemaistre d'Anstaing, et qui offre plus d'un rapport avec les grandes églises Rhénanes, avait une tour de chaque côté des transepts qui se terminent en demicercle. Elle aurait 9 tours si elle était complètement romane; savoir : deux tours à l'Ouest, deux tours à l'Est, une tour au centre et quatre tours aux deux extrémités des transepts ou de côté.

En France, beaucoup d'églises n'avaient qu'une tour centrale ou qu'une tour placée à l'Ouest.

Chaque grande région de la France a adopté un type particulier et l'examen comparatif des tours romanes des diverses provinces a beaucoup d'intérêt, c'est un travail que j'ai commencé et que je terminerai dès que j'aurai réuni quelques types qui me manquent en

core.

En général, à mesure qu'on avance vers le midi de la France, les tours, sauf quelques exceptions, deviennent lourdes, trapues et moins élégantes, on peut en juger par celles du département de la Gironde figurées page 153.

On voit par les tours de Cruas (vallée du Rhône), que je présente d'après des dessins de M. Victor Petit (p. 152 et 156), combien il y a de distance entre ce type méridional et ceux qui prédominent dans le Nord et le Centre.

Dans le Poitou, l'Angoumois et quelques autres parties de la France, les tours centrales, souvent octogones ou circulaires, sont couronnées d'une pyramide conique en pierres, ornée de saillies figurant des écailles ou des feuilles.

On y voit aussi des pyramides coniques sur des tours carrées.

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ERE ROMANE SECONDAIRE.

Le fait se reproduit dans la tour de Déols (Indre), où des clochetons

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à bases cylindriques occupent les angles résultant de l'application du toit conique sur le carré.

Je pourrais produire beaucoup d'autres types assez singuliers, s'il ne fallait terminer cet aperçu des tours romanes.

L'escalier par lequel on monte aux étages supérieurs forme souvent, à l'un des angles du carré de la tour, une saillie ou tourelle qui vient se terminer à la base du toit (voir la p. 149). On plaçait ainsi l'escalier en-dehors, pour ne pas interrompre les voûtes qui séparent ordinairement les tours en plusieurs étages.

Clochetons. Les clochetons n'ont guère été employés durant le règne de l'architecture romane; j'en connais à peine, dans le nord-ouest de la France, quelques exemples du XIo. siècle, et l'on peut affirmer qu'ils ont été fort rares dans ce pays, avant la deuxième moitié du XII. L'église Notre-Dame de Poitiers en a plusieurs d'une forme trèsélégante, et j'en ai vu de pareils sur d'autres églises regardées comme appartenant au XIIe siècle.

Mais j'ai partout été frappé de leur petit nombre; on les voit le plus souvent aux angles des transepts et des façades, et l'on peut admettre que leur présence dans les monuments romans est encore une des innovations qui préparaient l'avènement de l'architecture à ogives. A quelle époque remonte l'usage de placer des coqs en guise de girouettes sur les tours d'église ?

Cet usage est très-ancien, sans qu'on puisse absolument en indiquer l'origine.

Le poète Wolstan parle du coq qui surmontait la cathédrale de Winchester, dans sa vie de saint Ethelwold écrite à la fin du X. siècle. Sur la tapisserie de Bayeux, nous voyons un coq fixé sur un des points saillants du toit de l'abbaye de Westminster.

Le Livre Noir de l'évêché de Coutances parle du rétablissement fait du coq de la cathédrale, détruit par la foudre en 1091.

Le coq de Brescia fabriqué au IX. siècle était de cuivre, et c'est le métal qui était usité alors.

D'après le témoignage de plusieurs écrivains ecclésiastiques et d'après des comptes d'églises, il paraît qu'assez souvent on enrichissait les coqs de dorure. La description de Wolstan et le Livre Noir nous apprennent que ceux de Winchester et de Coutances avaient été dorés. Eckard, auteur du Xo. siècle, dans son livre De casibus sancti galli, parle d'un coq que deux voleurs avaient voulu dérober, parce qu'ils s'étaient imaginés qu'il était d'or massif (1).

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