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EPUB

DE LA

SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'AGRICULTURE

SCIENCES ET ARTS

D'ANGERS

(ANCIENNE ACADÉMIE D'ANGERS)

NOUVELLE PERIODE

TOME SEPTIEME

ANGERS

IMPRIMERIE DE COSNIE ET LACHÈSE

Chaussée Saint-Pierre, 13

Denning nyh 2-7-30 19618

ÉVÈQUES ET MOINES

ANGEVINS

OU L'ANJOU ECCLÉSIASTIQUE

INTRODUCTION.

En sortant de la Touraine, la Loire coule vers la Bretagne et l'Océan à travers une longue et riche vallée; elle y étend ses bras et ses îles, et la couvrirait tout entière, si elle n'était contenue par une digue de vingt lieues, monument de Louis-le-Débonnaire et de Henri II Plantagenet. L'heureuse contrée qu'elle arrose dans ce parcours se nomme l'Anjou; elle a Angers pour siége épiscopal.

Si élégant d'aspect qu'il soit aujourd'hui, Angers n'est plus jeune, et le cours des siècles l'a plus d'une fois transformé. Il y a près de dix-neuf cents ans que les Celtes et les Gallo-Romains commencèrent à le bâtir au confluent du Loir, de la Sarthe et de la Mayenne.

SOC. D'AG.

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Pour surveiller leurs voisins de Bretagne, les Celtes le placèrent sur un rocher, d'où il domine les eaux grises et profondes de la Maine; sous la domination de Rome, il fut l'œil de l'Italie ouvert sur l'Armorique. A l'époque féodale, les comtes et les ducs d'Anjou lui bâtirent des rues tortueuses et sombres, et le serrèrent dans de noires murailles. Aujourd'hui encore, au milieu de ses rues commerçantes et de ses boulevards aristocratiques, Angers conserve la forte et durable empreinte de la féodalité. Par ces chevaliers armés de pied en cap sur la façade de Saint-Maurice, par la tour gothique de Saint-Aubin, et surtout par la lourde et massive forteresse féodale, le moyen âge est toujours présent à Angers; mêlé au luxe et à l'activité moderne, il y persiste, après tant de révolutions, comme le survivant d'un autre siècle.

A Angers, vous êtes au centre de la province, et des flèches de la cathédrale vous en apercevez les limites, si votre œil est assez perçant pour embrasser une circonférence de quinze lieues de rayon. Devant vous, à une lieue, coule la grande Loire, mêlant à l'azur du ciel ses grèves et la verdure de ses îles. Par delà Château-Gontier et les forêts de Baugé, les sapins du Maine forment à l'Anjou sa frontière du nord; à l'ouest, le jardin de la Touraine ouvre la vallée de Beaufort; derrière le coteau des Gardes, s'étendent au midi les plaines du Poitou; et à l'est enfin, commence la Bretagne, et, pour transition entre la dure contrée et le mol Anjou, l'oeil s'arrête sur les champs graves et tristes du Craonnais.

Si l'étendue d'une province faisait toute sa gloire,

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