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vérité pourrait bien n'être pas là tout entière. Les désordres organiques accusés tantôt par de simples troubles fonctionnels, tantôt, symptôme autrement grave, par des altérations de tissus, ces désordres disons-nous, bien que d'ailleurs identiques dans leur nature, peuvent sortir de plus d'une cause. Mais enfin l'explication donnée semble toucher ici de près à la vérité. Toute cette partie du rapport est parfaitement traitée, les faits bien vus et bien présentés, l'observation conduite avec sagesse et, par conséquent, utile et concluante.

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Les Recherches sur les causes de la dépopulation de Piorry présentent le même cachet d'esprit observateur et pratique que je signalais dans le précédent travail du docteur Aguilhon. Piorry, village de la commune de Joserand, près Combronde, avoisine le communal de Laschamps, mare fangeuse pendant l'hiver, et dont le soleil dessèche en été les eaux stagnantes. Une vase noirâtre et saturée de détritus organiques en décomposition, exhale dès lors des émanations délétères qui, véritable malaria, se condensent, le matin et surtout le soir, en vapeurs épaisses.. De là, pour les populations voisines, des fièvres de mauvais caractère. Le fait établi, et par malheur il n'est pas le seul de ce genre dans notre riche Limagne, la cause reconnue, M. Aguilhon cherche le remède. Il l'indique, certain et peu dispendieux, dans le dessèchement du marais. Un système bien entendu Mai 1854. 14

de drainage ne tarderait guère à rendre salubre et fécond un sol actuellement inculte et malsain. Dans une époque caractérisée par une impatiente ardeur d'entreprises, voici une œuvre doublement recommandable, comme hygiène publique d'abord, et puis, ce qui ne touche pas moins justement, j'en conviens, notre génération industrielle, comme source de bénéfices à réaliser. Espérons que son jour viendra.

Une Notice sur l'épidémie cholérique dans le département du Puy-de-Dôme, en 1849, est due au travail commun de MM. Aguilhon et Nivet.

Les auteurs insistent d'abord sur la composition des terrains, leur configuration, l'action des eaux, les phénomènes atmosphériques. De nos jours, comme par le passé, l'on a fait jouer à ces influences un rôle essentiel dans les épidémies, et dans bien d'autres. choses que le temps amène et emporte d'un pied également léger. Les conditions hygiéniques des localités atteintes sont avec soin passées en revue. Efforts dignes d'éloges, études méritoires sans aucun doute! Mais quelles conclusions tirer quand on voit les lieux bas, marécageux, assez souvent épargnés par le fléau; les sommets aérés et salubres désolés par ses ravages? Marsac, assis dans la partie la plus basse, la plus humide du bassin du Livradois, échappe à l'épidémie; et la ville d'Arlanc, élevée à près de 600 mètres, voit sa malheureuse population décimée. Scènes de deuil qui ont rendu justement respectés et chers le nom et le

noble dévouement d'un honnête homme, M. Chassaigne, alors maire de la cité qui depuis a eu la douleur de le perdre. Comme les grandes épidémies qui, de loin en loin à travers les siècles, parcourent le globe, le choléra est un fléau déchaîné par la Providence. Dans ses causes comme dans son remède, jusqu'à présent il demeure son secret. Avec une désolante école d'économie politique, faudrait-il penser que ces catastrophes, de même que l'extermination par les guerres, entrent dans les desseins du ciel?... La notice sur l'épidémie cholérique renferme une collection de documents, de tableaux statistiques, et se termine par quelques propositions résumant les idées des auteurs. Offrons-leur ici de justes éloges pour leur zèle, pour leur dévouement courageux à cette triste époque, et remercions-les des données exactes qu'ils ont contribué à recueillir sur ce que l'on pourrait nommer les habitudes du choléra.

C'est longuement vous attrister, Messieurs, à la pensée des maux qui frappent l'humanité, d'ailleurs sans retarder sa marche, ni pour longtemps incliner son orgueil. Semblable aux Hébreux dans le désert, la phalange humaine s'avance au but mystérieux où la volonté de Dieu la mène. Pour l'âme comme pour corps, la route est semée de bien des misères. Çà et là néanmoins se présentent des consolations et des remèdes. Parmi ces agents salutaires, au premier rang figure l'opium. Suc précieux! Le malade lui

le

doit l'engourdissement de la souffrance et le sommeil réparateur. L'art de guérir les maladies, et par malheur, c'est surtout ici que l'intention n'équivaut pas toujours au fait, la médecine range ce remède au nombre de ses moyens les plus indispensables. L'opium, ses propriétés, son prix de revient, sa puissance médicinale variable avec son origine et suivant la plante qui le produit, son mode de culture et d'exploitation, voilà donc autant de sujets dignes d'étude. Tous, Messieurs, vous avez présentes à la mémoire les belles recherches de notre confrère, M. Aubergier, sur les plantes à suc narcotique, et en particulier sur la culture de l'opium indigène. Le retentissement de ces travaux dans le monde savant, les rapports favorables, les discussions dont ils sont devenus le sujet à l'Académie de médecine, tout proclame l'importance des résultats obtenus. Grâce à M. Aubergier, dont le nom reste désormais inséparable de sa découverte, le médecin disposera d'un opium fidèle, toujours identique dans ses principes actifs, par conséquent aussi dans ses propriétés; notre Auvergne se sera enrichie d'un nouveau produit pour son sol fécond, et d'un nom distingué pour la glorieuse pléïade des enfants qui l'honorent.

C'est ici le lieu de rappeler une notice de M. Martial Lamotte sur le Papaver dubium de Linné. On y trouve les moyens de séparer deux espèces de pavots très-distinctes, et néanmoins confondues par les bo

tanistes venus après le savant suédois. Ces deux espèces habitent des régions et des terrains entièrement différents. D'après M. Lamotte, chacune possède ses caractères propres. L'une porte des graines réniformes, glauques, grisâtres; son suc incolore devient laiteux par l'exposition à l'air. L'autre espèce donne un suc coloré en jaune, et ses graines sont brunes et plus petites. Les botanistes consulteront avec fruit la notice de M. Lamotte, dont la compétence en pareille matière est suffisamment établie par son actif concours aux travaux de M. Lecoq sur la botanique du plateau central.

Le docteur Imbert vous a communiqué un Mémoire sur les effets physiologiques de l'huile essentielle d'orange amère. L'auteur nous apprend que les ouvrières occupées à travailler l'orange amère pour fabriquer le bonbon connu sous le nom de chinois, sont souvent atteintes d'accidents à forme particulière. M. Imbert décrit ces affections dont, suivant lui, le siége porte spécialement sur le système nerveux. Jamais, jusqu'à présent, elles n'ont déterminé de conséquences fâcheuses. Néanmoins, on les voit parfois acquérir assez de persistance et d'intensité pour obliger les ouvrières à quitter définitivement leur genre de travail. Dans cette esquisse bien étudiée, M. Imbert nous révèle un ordre de faits ignorés jusqu'à lui, et devant appeler l'attention des médecins dans un département qui fabrique et qui exporte chaque

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