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Ce Catalogue n'est donc pas complet. Un catalogue d'histoire naturelle ne le sera jamais, ne peut pas l'être; car, quel que soit le nombre des amateurs, quelque assiduité qu'ils apportent dans leurs explorations, ils ne peuvent être partout en même temps. et forcément quelque espèce leur échappe. Cela est si vrai qu'il ne se passe pas d'année que les entomologistes ne découvrent dans les environs de Paris, arène depuis si longtemps ouverte à tant de recherches, plusieurs insectes non encore signalés dans la localité. Comment donc oserais-je me flatter de n'être pas très-incomplet en parlant d'une terre, vierge encore, il y a peu d'années, de toutes investigations? Seulement j'ai la conviction d'être exact, ne produisant aucun fait dont je ne sois sûr, soit par moimême, soit par les renseignements d'observateurs méritant toute confiance, renseignements que j'ai personnellement contrôlés, autant que possible.

D'après ceci il est incontestable qu'il existe dans le Puy-de-Dôme un certain nombre de Lépidoptères non indiqués dans ce travail; mais ces espèces, par la nature même des choses, ne sont certainement pas réparties dans les diverses familles d'une manière proportionnelle. Les Diurnes, Zygenides, Sphingides et Bombycites doivent être à peu près complets, à l'exception des genres Syricthus et Psyche où il y a toujours à découvrir; d'autre part les Sésiéides, Lithosides, Noctuelles et Géomètres sont certainement

bien incomplètes, excepté peut-être quelques genres, comme les Catocala, Plusia, etc., où la comparaison avec les catalogues partiels des autres départements du centre semble indiquer que nous ne devons pas avoir grand'chose de plus qu'eux. Je signalerai, comme ce qu'il y a nécessairement de moins complet, les Sésiéides, les Psychides; dans les Noctuelles, les genres Bryophila, Hadena, Nonagria, Leucania, Caradrina, etc., et dans les Géomètres, les Acidalia et Eupithecia.

Je n'ai pas la prétention de faire une œuvre scientifique. Je veux seulement constater l'état actuel des découvertes dans notre département, en profitant de la circonstance pour consigner quelques observations, dont certainement la plupart ne sont pas nouvelles pour les entomophiles, mais qui, j'ose du moins l'espérer, ne seront pas complétement inutiles aux jeunes amateurs que pourrait séduire l'étude de ces intéressants petits animaux.

Cependant, quoique ne voulant pas dans ce mémoire toucher aux questions générales de science, je ne puis me dispenser de faire remarquer, après bien d'autres, combien la méthode de synonymie adoptée

par

les lépidoptérologistes est fautive et irrationnelle. C'est ce que je ferai clairement comprendre par un exemple pris au hasard. Ouvrons le premier catalogue de Lépidoptères venu, nous y trouverons dans le genre Thais l'espèce Rumina établie de la manière suivante :

Genre THAIS, Fab., etc.

RUMINA, Lin., etc.

D'où on conclurait tout naturellement que Linné a nommé cette espèce Thais rumina, en la faisant entrer dans le genre Thais, établi avant lui par Fabricius; ce serait là une erreur grossière. Linné a établi un grand genre Papilio : Fabricius, venu plus tard, a démembré ce genre, et nommé Thais un des démembrements où il a fait entrer l'espèce en question que Linné avait appelée Papilio rumina. Il s'ensuit donc que, pour établir une synonymie régulière, l'espèce devrait être indiquée ainsi :

Genre THAIS, Fab., etc. (G. Papilio, Lin., etc.; G. Zerynthia, Ochs.).

T. RUMINA, Fab., etc. (Papilio rumina, L.; Zerynthia rumina, Ochs.).

Les choses ainsi posées, tout serait clair; il n'y aurait plus d'équivoque possible; mais, je le répète, ne voulant pas faire de la science, je laisse subsister dans ce Catalogue le système universellement adopté, tout en le déplorant et en désirant qu'une réforme s'accomplisse. Je suis exactement la nomenclature et la classification du Genera et Index methodicus publié par le docteur Boisduval en 1840, et supprime seulement les détails de synonymie, pour éviter des longueurs inutiles.

Je n'ai pas indiqué, pour les espèces communes et qui se trouvent à peu près partout, de localités particulières, renseignements qui eussent indait en erreur par une sorte d'exclusion de celles non-indiquées. J'ai suivi la même méthode pour les espèces spéciales à telle ou telle nature de sol, et qui existent partout où ce sol se rencontre pour celles-ci, j'ai indiqué d'une manière précise ces natures de terrain ou d'exposition, de manière à ne pas laisser d'incertitude sur l'habitat.

Si je veux laisser de côté les questions de théorie, il n'en est pas tout à fait de même de la pratique, et, sans entreprendre de développer un traité complet de la chasse aux Lépidoptères, il n'est peut-être pas hors de propos de dire ici quelques mots de plusieurs procédés de chasse ou d'éducation que j'ai ou employés le premier, ou du moins perfectionnés ; et d'ailleurs, si je ne fais que répéter à peu près ce que l'on peut trouver ailleurs, il me suffit, pour ne pas le regretter, que ces notions puissent tomber sous les yeux des amateurs débutants qui n'auront pas eu l'occasion de les acquérir, et peut-être me sauront quelque gré de les leur faire connaître.

Une chasse que j'ai toujours trouvée très-fructueuse est celle au parapluie à manche brisé, et entièrement doublé de blanc à l'intérieur, sur lequel je bats les plantes hautes, les buissons, et les branches basses des arbres. Pour ces derniers, on peut battre jusqu'à

une hauteur de 3 à 4 mètres, au moyen d'une latte légère que l'on puisse manoeuvrer d'une seule main; car il est essentiel, surtout par les temps de vent, de pouvoir tenir ferme le parapluie de la main gauche. Par ce moyen, avec un peu d'habitude, on se procure une foule de chenilles dont la recherche serait infiniment laborieuse, en les chassant à la vue.

J'ai aussi modifié le procédé de la chasse à la miellée pour les Noctuelles, indiqué dans les Annales de la Société entomologique de France, et consistant en une corde enduite de miel tendue sur la lisière des bois ou en rase campagne. Ce procédé a un inconvénient, souvent très-grave, celui d'exiger deux chasseurs, le même ne pouvant porter une lanterne, et en même temps se servir du filet où il faut faire tomber les Noctuelles posées sur la corde, les y piquer, et finalement les retirer. Voici comment j'opère, et je puis parfaitement agir seul je chóisis une rangée d'arbres dans une localité convenable, et j'enduis le tronc de chacun, à une hauteur uniforme d'environ un mètre, d'une plaque de miel commun ou de mélasse de 8 à 10 centimètres carrés. Cette opération se fait très-promptement au moyen d'un pinceau, et doit être achevée un quart d'heure au plus après le coucher du soleil. Faite trop tôt, on s'expose à voir tout le miel dévoré par les grands Hyménoptères avant l'heure de la chasse. Celle-ci doit commencer aussitôt que le jour baisse, et peut durer une couple d'heures ;

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