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que auteur enregistrait avec soin les habitudes les plus banales de chaque insecte sous ses différents états; ainsi un grand nombre de chenilles sont réputées se nourrir d'une plante, tandis que l'observation démontre qu'elles vivent sur un végétal très-différent. Je citerai à cet égard la lichenée bleue, Catocala fraxini qui est indiquée dans beaucoup d'ouvrages comme se nourrissant des feuilles de frêne, et en a même reçu son nom; tout me porte à croire qu'il n'en est pas ainsi. Dans nos environs, où cet insecte est assez répandu, sa chenille se nourrit exclusivement des feuilles des diverses espèces de peupliers et jamais de celles de frêne. Il en est de même de beaucoup d'espèces. Plusieurs observations de ce genre sont mentionnées dans le catalogue que nous analysons.

Le nombre des Lépidoptères mentionnés dans ce catalogue est de 500 environ. Il a fallu que notre auteur consacrât beaucoup de temps, et fit d'actives recherches pour arriver à un chiffre aussi élevé, n'ayant parcouru encore qu'une partie du département, et ayant découvert lui seul toutes les espèces indiquées. Ces 500 espèces sont ainsi réparties dans les divisions de la tribu des Lépidoptères: Rhopalocères 116, et Hétérocères 434, qui sont subdivisés en Crépusculaires et Bombyx 128, Noctuelles 236, Phalènes 70. Il n'est pas question dans ce mémoire des autres subdivisions ou microlepidoptères, qui sont aux papillons ce que la cryptogamie est à la botanique.

Février 1854.

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Si nous comparons ces nombres avec ceux des Lépidoptères des environs de Paris qui est le point qui, sous ce rapport, a été le mieux exploré de la France, nous trouvons que les Rhopalocères ont plus de représentants dans notre département qu'aux environs de Paris, que le nombre des crépusculaires et Bombyx diminue, et qu'il augmente pour les Noctueljes, tandis qu'il est très-inférieur pour les Phalènes ou géomètres; quant à ces dernières, cela tient évidemment à ce que l'auteur n'a pas encore assez étudié cette division, car je suis persuadé que les phalènes sont très-nombreuses en Auvergne.

J'ai essayé d'établir des proportions qui ne sont que très-approximatives, car il me manque des points exacts de comparaison, et je trouve que les Lépidoptères du département du Puy-de-Dôme sont à ceux des environs de Paris, pour la totalité : 1 1,10 Pour les rhopalocères :: 1: 0,80

Pour les crépusculaires et bombyx :: 1: 1,08

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que les papillons de notre province seront mieux

connus.

La classification que l'auteur a suivie pour son Catalogue, est celle de l'index de M. Boisduval, il en a également adopté la synonymie.

Avant de terminer, permettez-moi, Messieurs, de m'arrêter un instant sur le mode de synonymie suivi par tous les entomologues postérieurs à Linné, mode que je considère comme très-vicieux: ainsi, un genre Linnéen est démembré, et les espèces qui le composaient sont placées dans plusieurs genres nouveaux; alors au lieu de faire suivre le nom de l'espèce de celui de l'auteur qui a créé le genre, comme cela se fait en botanique et dans les autres sciences naturelles, on conserve toujours à la suite du nom spécifique le nom de Linné. Une telle manière de faire entraîne avec elle de graves inconvénients, embrouille énormément la synonymie, ne permet pas d'employer la même épithète pour deux espèces de genres différents, et si dans un écrit quelconque l'on veut citer un nom de papillon, l'on est obligé d'indiquer le nom de l'auteur du genre, et ensuite à l'espèce celui de Linné. Par exemple il faut que j'écrive Parnassius, Lat. Apollo, L., car autrement si j'écrivais Parnassius Apollo, L., l'on serait nécessairement amené à penser que c'est Linné qui a établi le genre Parnassius, tandis qu'il a été créé par Latreille bien après lui. L'auteur du Catalogue a reconnu comme nous

l'inconvénient d'une pareille méthode, et à ce sujet il s'exprime ainsi dans son avant-propos :

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Je ne puis me dispenser de >> faire remarquer, après bien d'autres, combien la » méthode de synonymie adoptée par les lépidoptérologistes est fautive et irrationnelle; c'est ce que je ferai clairement comprendre par un exemple pris >> au hasard. Ouvrons le premier catalogue de lépidop>> tères venu; nous y trouvons, dans le genre Thais, » l'espèce Rumina, établie de la manière suivante :

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Genre THAIS, Fab., etc.

RUMINA, Lin., etc.

» D'où on conclurait tout naturellement que Linné

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a nommé cette espèce Thais rumina, en la fai>> sant entrer dans le genre Thais établi avant lui par >> Fabricius. Ce serait là une erreur grossière. Linné » a établi un grand genre Papilio; Fabricius, venu plus tard, a démembré ce genre, et nommé Thais >> un des démembrements, où il a fait entrer l'espèce » en question, que Linné avait appelée Papilio ru» mina. Il s'ensuit donc que, pour établir une synony» mie régulière, l'espèce devrait être indiquée ainsi :

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Genre THAIS, Fab., etc. (G. Papilio, L., etc.;
G. Zerynthia, Ochs.).

T. RUMIN. Fab., etc. (Papilio rumina, L.; Zerynthia rumina, Ochs.).

>>> Les choses ainsi posées, tout serait clair, il n'y >> aurait plus d'équivoque possible; mais, je le ré» pète, ne voulant pas faire de la science, je laisse >> subsister dans ce Catalogue le système universelle»ment adopté, tout en le déplorant et en désirant » qu'une réforme s'accomplisse. >>

L'auteur fait ressortir clairement, par ces quelques phrases, l'inconvénient d'une pareille méthode, et nous regrettons bien vivement qu'il ne l'ait pas abandonnée dans son Catalogue pour donner le premier l'exemple d'une réforme qui ferait faire un grand pas à l'histoire des insectes; réforme que désirent, j'en suis persuadé, tous les naturalistes qui s'occupent scientifiquement d'entomologie. J'ai toujours été surpris que la Société entomologique, qui compte parmi ses membres tant d'hommes éminents, n'ait pas pris l'initiative d'une semblable modification. Aussi, Messieurs, votre commission regarde ce changement comme si important et si rationnel, que, dans ses conclusions, elle va vous prier d'engager fortement l'auteur de ce Catalogue à employer la synonymie qu'il a développée dans son avant-propos.

CONCLUSIONS.

Après avoir examiné avec grand soin le travail qui lui a été soumis, votre commission considère le Catalogue des Lépidoptères du département du Puy-deDôme comme méritant à tous égards votre approba

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