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agitation. Veulent-ils jouir encore de quelques jours de vie ! Pourquoi ces réunions d'êtres qui vivaient isolés et qui se réunissent au moment de perdre leur existence? Que signifient tous ces mouvements contraires et ce besoin d'agitation! Nous l'ignorons; mais sommes-nous plus sages. Notre existence n'estelle pas souvent consacrée à de plus tristes préoccupations; indécis entre l'ambition et la vanité, emportés par l'excès des passions, suspendus entre le vice et la paresse, cherchant dans l'avenir le souvenir du passé, nous atteignons comme l'insecte l'hiver de la vie, et comme lui l'oubli nous suit et nous efface en nivelant le sable qui faisait encore saillie sur notre dernier asile.

Les oiseaux, avertis par leur instinct ou leurs pressentiments, se disposent à de lointains voyages.. Les hirondelles, qui d'un vol rapide rasaient la surface des eaux ou se jouaient dans les airs avec une rapidité supérieure à celle du vent, se rassemblent en groupes nombreux. Elles font entendre alors un chant particulier entrecoupé de notes diverses qui ont sans doute des significations différentes? Parlent-elles des dangers du voyage, de la peine du départ, de l'espoir du retour? Que signifient leurs accents si différemment modulés? Elles s'élèvent, redescendent, et se réunissent de nouveau, elles essaient leurs ailes, puis gazouillant leur dernier ramage, elles s'envolent avec les derniers beaux jours. Adieu, charmantes

créatures, qui nous aviez confié votre existence et vos plus doux sentiments; adieu, l'hiver arrive, de plus heureux climats vous attendent, et l'exil pour vous seules a des douceurs. Partez, n'assistez pas à ces tristes journées où la nature va cacher sa beauté sous un linceul de neige; adieu, mais revenez encore; n'êtes-vous pas les rapides messagères du printemps, des fleurs et des amours!

NOTICE

SUR DES

LETTRES DE CRÉANCE ÉMANÉES DE LOUIS XII

CONCERNANT

RIGAUD D'AURELLE, TRISTAN, SALAZAR & FLORIMOND ROBERTET,

ses contemporains;

Par M. DE SARTIGES D'ANGLES.

MESSIEURS,

Ayant recueilli, à Paris, des Lettres en parchemin émanées du roi Louis XII, accréditant Rigaud d'Oreille (d'Aurelle), auprès des cantons Suisses, et plus spécialement auprès des Officiers communaux de la ville d'Appenzet, j'ai pensé que la communication de ce document officiel concernant l'une de nos vieilles célébrités, pourrait vous intéresser: en voici le texte auquel je n'ai rien changé, ni dans le style, ni dans l'orthographe :

« LOYS par la grâce de Dieu roy de France, de » Sicille et Jerusalem, Duc de Milan. Très chers et » grans amys, Nous envoyons présentement Nos » amés et féaulx conseillers l'archevêque de Sens et

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Rigault d'Oreille, Chevalier, nostre Maistre d'Os>>tel Ordinaire et Bailly de Chartres, devers nos très >> chers et grands amys les Officiers des communités >> des villes et quentons des ligues pour aucunes ma>>tières qui touchent le bien de nous et d'culx, ainsi >> que plus à plain pourrez savoir de nos dits Conseil>>lers et Ambaxadeurs. Si vous prions les croire et >> adjouter playne foy à ce qu'ils vous diront de par nous et vous employer de votre part à votre pou>> voir au fait de leur charge, comme en vous avons » fiance. Et aussi, soyez assuréz que nous vous aurons tousiours pour spécialement recommandez en vos affères, et en manière que aurez cause de con>> tinuer envers Nous, en l'amour et bienveillance >> que par effet avez ci-devant démontré avoir au ser» vice de nos prédécesseurs et de notre couronne. >> Très chers et grans amys, Notre Seigneur soit garde » de vous. Donné à Montreul-Bellay le pénultième jour de décembre. »

.

Signé LOYS

et contre-signé

ROBERTET.

La date de l'année manque à cette pièce, mais d après les qualifications qui y sont données à Rigaud d'Aurelle, on voit qu'elle est antérieure à 1505, époque à laquelle il se démit de la charge de bailli de Chartres. On peut même conjecturer qu'elle remonte

à la première année du règne de Louis XII, et que la mission de Rigaud d'Aurelle eut un plein succès, puisque les troupes Suisses secondèrent celles du roi dans la conquête du Milanais l'année suivante.

Avant de déposer ce document à la bibliothèque de Clermont, à laquelle je le destine, il m'a semblé intéressant, Messieurs, de l'accompagner de courtes notices sur les personnages qui, en cette occasion, furent investis des pouvoirs de Louis XII, de ce prince dont la haute sagesse et la vaillance se révélèrent si souvent par des paroles demeurées historiques et qu'on aime encore à rappeler.

Ainsi, à son avénement au trône, lorsque les jaloux pressaient le nouveau monarque de se venger du sire de la Trémouille qui l'avait vaincu à Saint-Aubin du Cormier, il leur répondit: Le roi de France ne venge pas les querelles du duc d'Orléans.

A la bataille d'Agnadel, combattant au premier rang, il dit aux courtisans qui l'engageaient à se retirer: Que ceux qui ont peur se mettent derrière moi.

Un autre jour qu'on le louait d'avoir diminué les impôts: Un bon pasteur, dit-il, ne saurait trop engraisser son troupeau.

Et à ceux qui s'avisaient de ridiculiser son penchant pour l'économie, il se contentait de répondre : J'aime mieux faire rire les courtisans de mon ava, que de faire pleurer le peuple par mes profu

rice,

sions.

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