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extraits de différents murs situés à côté indiquent qu'il existait un édifice considérable sur ce point.

En arrière de la rangée de colonnes dont nous avons parlé, se trouvait une aire en ciment très épaisse. On remarquait aussi, entre deux couches de tuf, un filon de charbon consumé et de suie.

De nombreux aqueducs creusés dans le tuf viennent converger au même endroit. De distance en distance et à des niveaux différents, des puits permettaient de descendre dans ces aqueducs.

Tout près de la ligne de Bordeaux, on a trouvé des conduites de fumée construites en briques, ainsi que des tuyaux en briques carrés noyées dans le ciment, paraissant destinés à une conduite d'air chaud.

Le niveau de l'ancien sol, à deux mètres au-dessous des jardins, est littéralement jonché de briques et de débris de poterie.

A 2 mètres 50 en contre-bas, on remarque les traces d'une ancienne chaussée recouverte de galets, qui a dû être remblayée à l'époque romaine, car le tuf s'est reconstitué au-dessus.

Comme près du viaduc et dans l'avenue du nouveau pont, les objets recueillis dans les décombres sont de peu d'importance. Ce sont des tessons de poterie dont les plus intéressants ont été recueillis par MM. Hersant et Forestier; quelques-uns, en terre rouge très fine avec dessins en relief, font regretter que l'on ne puisse les posséder en entier.

Jusqu'à présent, la pioche a mis au jour quatre vases presque complets un vase en argile très commune, à col allongé sans anse, un second, de même terre, à panse rebondie, possédant une anse affaissée et rappelant beaucoup la forme des vases dont on se sert encore dans le midi de la France et en Espagne. C'est un peu le vieux vase à huile de nos campagnes. Les troisième et quatrième vases sont en terre noire et à deux anses; l'un mesure 40 cent. de hauteur et l'autre 23 cent.

On nous dit que plusieurs monnaies ont été recueillies. Nous n'avons vu qu'un grand bronze de Néron, dans un parfait état de conservation.

D/. NERO CLAVDivs CAESAR AVGestos GERmanicvs Pontifex Maximvs TRibvnitia Potestate IMPerator Pater Patriæ. Buste lauré de Néron à droite.

R/. Rome Nicéphore, assise sur une cuirasse, le pied posé sur un casque. Elle tient dans sa main une Victoire lui présentant la couronne. Dans le champ : Senatus Consulto. Exergue: ROMA. M. Draux, ingénieur de la ligne, a eu l'excellente idée de faire transporter les pilastres, les fûts de colonnes et les plaques de marbre auprès du passage à niveau du chemin des Basses-Palisses.

La Société archéologique lui doit des remerciements pour avoir préservé de la destruction ces débris intéressants et pour leur avoir donné une place qui permette au public de les examiner.

Le 10 juin 1888, en établissant une conduite de gaz dans la rue des Petits-Carmes, les ouvriers ont découvert un certain nombre d'anciennes . sépultures à une très faible profondeur au-dessous de la chaussée. Trois tombeaux en béton, et un peu plus haut un tombeau en pierre, ont été mis au jour. Ils avaient conservé leurs ossements et d'autres débris humains se trouvaient mêlés à la terre qui recouvrait les sépultures. Le sol a été plusieurs fois remué et ces ossements provenaient d'autres tombeaux brisés au cours des précédents travaux.

Le terrain sur lequel ont été faites ces découvertes dépendait du cimetière de l'ancienne église Saint-André, qui devint plus tard la chapelle du couvent des Carmes déchaussés ou PetitsCarmes.

Le 20 juillet 1888, en construisant un calorifère du côté sud de l'église Saint-Michel, on a rencontré l'extrémité de l'immense caveau qui, pendant un temps, avait servi de cimetière à cette paroisse. Les planches des cercueils, ainsi que le reste des vêtements, tombaient en poussière dès qu'on les touchait; mais les os, les crânes surtout, étaient bien conservés. Dans un des cercueils, on a trouvé une pièce de monnaie à l'effigie de Louis XV. Plusieurs squelettes avaient le crâne recouvert d'une sorte de bonnet rond en feutre.

Nous empruntons à ce sujet ce que M. Louis Guibert a écrit dans la Gazette du Centre:

« Autour de l'église Saint-Michel, il y avait, vers le xire ou xine siècle, un cimetière dans lequel étaient inhumés les habitants de la paroisse.

» Plus tard, on adjoignit à Saint-Michel une paroisse suburbaine, nommée Notre-Dame-des-Arènes; elle avait son cimetière comme toutes les églises de ce temps-là, et à partir de cette époque, les défunts de la paroisse de Saint-Michel furent enterrés dans ce nouveau cimetière qui se trouvait là où est aujourd'hui le Champ-de-Foire.

>> Les familles étaient mécontentes d'aller porter leurs morts si loin de

leur clocher: elles firent tant et si bien que l'on finit par leur donner satisfaction et qu'on enterra sous l'église.

» Les familles riches se faisaient creuser de petits caveaux sous les autels et dans les chapelles latérales et y entretenaient même des desservants pour y dire quotidiennement la messe. Les autres paroissiens étaient inhumés dans le champ commun, c'est-à-dire dans les grandes galeries qu'on vient de retrouver.

» Saint-Michel fut une des premières églises où l'on cessa d'enterrer quand cette habitude se perdit; mais les dernières inhumations remontent seulement au second tiers du XVIe siècle. On introduisait les cercueils sous l'église par une ouverture qui existe encore, fermée par une large dalle, dans le fond de la nef, du côté où l'on vient de creuser. »>

Le clergé de la paroisse connaissait bien l'existence de ce cimetière sous le dallage de l'église, car il est de tradition à Saint-Michel, et cela de temps immémorial, de faire le 2 novembre, jour des Morts, sept absoutes différentes tout autour de l'église et au-dessus des galeries qui contiennent tant de générations disparues.

L'incendie du 17 décembre 1888, survenu jour pour jour quatre années après celui de 1884, a achevé la destruction de l'ancienne maison de la famille des Loges, habitée pendant un temps par la famille de Sombreuil. Cette maison, qui faisait autrefois l'angle de la rue Pennevayre, possédait une tourelle en encorbellement et elle était désignée, dans le quartier, sous le nom de Maison de Sombreuil. En 1854, lors des modifications d'alignement nécessitées par la construction du marché Dupuytren sur la voûte du grand étang de la Motte, la tourelle fut démolie et on construisit une maison ayant façade du côté du nouveau marché. Celui-ci a été transporté, en 1889, au carrefour du Crucifix.

Paul DUCOUrtieux.

ESSAI D'INVENTAIRE GÉNÉRAL

HISTORIQUE ET CRITIQUE

DE L'OEUVRE DES ANCIENS PEINTRES ÉMAILLEURS DE LIMOGES (1).

Parmi les objets d'art anciens, il en est peu qui aient été recherchés plus avidement depuis un demi-siècle, par les riches collectionneurs, que les travaux de nos anciens peintres émailleurs; il n'en est peut-être pas qui, exécutés comme eux avec une matière

(1) Extrait du procès-verbal de la séance de la Société archéologique et historique du Limousin du 28 mai 1889:

« M. Louis Bourdery communique à la Société le projet d'un inventaire général de l'œuvre des anciens peintres émailleurs de Limoges. Le catalogue dont il s'agit comprendra toutes les pièces antérieures à la période de décadence de notre bel art provincial et toutes les œuvres typiques ou intéressantes à un point de vue quelconque sorties de nos ateliers qui sont conservées soit en France, soit à l'étranger. Ce travail, dont M. Bourdery et M. Lachenaud ont conçu le dessein et tracé le plan, est déjà en fort bonne voie plus de 4,500 fiches sont constituées et le dépouillement des catalogues de plusieurs des plus importantes collections d'Europe, de plusieurs des expositions qui ont laissé le plus brillant souvenir est achevé.

» Les deux auteurs de ce projet sont admirablement préparés à l'exécuter et personne ne se trouve dans de meilleures conditions pour mener à bien le vaste et difficile travail qu'ils se proposent de poursuivre. Tout le monde sait quelle connaissance approfondie M. Bourdery, émailleur distingué, possède de son art et combien ses études spéciales l'ont familiarisé avec les produits de nos vieux maîtres, ses prédécesseurs. M. Lachenaud est un amateur de gravures et de livres des plus compétents et sa bibliothèque est riche en documents de toute espèce relatifs à l'histoire de l'art. On doit donc se promettre les plus heureux résultats d'une telle collaboration.

» MM. Bourdery et Lachenaud se proposent d'adresser à tous les détenteurs d'émaux peints limousins qui leur auront été signalés un questionuaire destiné à leur fournir les indications essentielles pour la description de chaque pièce. Ils demandent à la Société son patronage auprès de leurs correspondants et du public, afin que les résultats de leur laborieuse enquête soient aussi satisfaisants et aussi complets que possible. » M. le président félicite M. Bourdery et M. Lachenaud de leur projet. Le concours le plus sympathique et le plus dévoué de la Société est assuré à un travail qui non seulement aura une importance considérable pour l'histoire de l'art français, mais qui sera un véritable monument élevé à la gloire de notre province limousine. »

d'une valeur presque nulle, aient atteint dans les ventes publiques des prix aussi élevés, nous pouvons dire aussi excessifs. Pour n'en citer que quelques-uns, nous rappellerons le prix de 183,750 franes atteint à la vente de la collection Fountaine, qui a eu lieu à Londres en 1884, par le plat représentant le Festin des Dieux, signé de Léonard Limosin; le prix de 54,600 francs auquel a été adjugée, à la vente du due d'Hamilton, en 1883, une coupe de Jean II Pénicaud (elle avait été vendue, en 1841, 1,100 francs à la vente Walpole); en 1884, le prix de 250,000 francs qui a été offert à M. Basilewski, par un amateur, pour un rétable signé Pénicaud (la collection fut vendue en bloc à l'empereur de Russie pour la somme de 6,000,000).

Aussi, presque tous les objets d'un réel mérite ont-ils été enlevés au pays, puis dispersés au feu des enchères dans le monde entier, follement disputés par les grands musées et les riches collectionneurs.

Si Limoges ne possède plus que quelques épaves de ses anciennes richesses, nos galeries publiques, il est vrai, les musées du Louvre et de Cluny notamment, ont recueilli de magnifiques séries des ouvrages de nos vieux maîtres, et elles offrent à l'admiration des curieux et à l'examen des travailleurs un champ utile, mais plus précieux encore que vaste. Les collections d'émaux peints n'y sont malheureusement pas assez complètes pour permettre une étude approfondie d'où sortirait une classification plus rigoureuse et plus solidement étayée que celles qui ont été établies jusqu'ici. Que d'incertitudes, en effet, dans les attributions des pièces de la première période, des Pénicaud, par exemple, des Monvaerni (? et de bien d'autres. Et, même en plein xvIe siècle, avec quelle difficulté ne se meut-on pas au milieu des monogrammes et des Guvrages anonymes, faute de points de comparaison, parce que les émaux qui pourraient être sûrement attribués à un auteur déterminé n'ont pas été assez étudiés, qu'ils sont souvent inconnus. Les tendances de chaque artiste n'ont par conséquent pu être suffisamment déterminées, son style propre, sa manière ne sont pas indiqués avec la précision désirable, sa technique n'est pas bien définie.

Nous ne prétendons point fournir ici le moyen de faire dès aujourd'hui ce travail tel qu'il serait à désirer qu'on le produisit un jour. Notre ambition est plus modeste nous cherchons à fournir aux érudits, aux collectionneurs, aux curieux, la plus grande. somme possible de documents réunis. Nous voulons leur indiquer où se trouvent aujourd'hui les productions de nos divers émailleurs, les différentes mains entre lesquelles elles ont passé pendant ce siècle, les décrire, relater ce qui a été dit de chacune par ses possesseurs ou les auteurs spéciaux, indiquer les prix. atteints par ces ouvrages aux ventes publiques qu'ils ont traver sées, en donner des notices historiques et critiques.

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