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d'Aguesseau, né le 27 novembre 1668 à Limoges (1) venait, à la date de notre lettre, 2 décembre 1682, d'accomplir sa quatorzième année.

Tout en admirant et louant le premier essai du jeune poète, le savant diplomatiste conseille au fils d'Henri d'Aguesseau de se livrer avec plus d'ardeur à des études plus sévères, (le mot : avec plus de soin, diligentius, employé d'abord par Baluze, ne lui a pas paru assez fort et il l'a remplacé par ardentius).

L'austère carrière du grand magistrat a montré que le jeune homme avait écouté les conseils de son illustre correspondant.

Emile Du Boys.

NOBILISSIMO JUVENI FRANCISCO D'AGUESSEAU STEPHANUS BALUZIUS TUTELENSIS S. P. D

Quamvis multam fidem adhibeam his quæ ab illustrissimo parente tuo ad me scribuntur, fateor tamen, mi Francisce, vix credibile mihi videri hos versus, quos de peregrinatione tua in montem Parnassum misisti, et a te conceptos et compositos fuisse, a te, inquam, penè puero. Credo tamen, quia pater ita jubet, et quia habeo exemplum celebris poëtæ Lemovicis, qui patri suo epitaphium penè puer posuit, quod ad te mitto, Rolandi inquam Betolaudi, qui apud Subterraneam natus erat (2). Gaudeo igitur et

(1) Voy, la Biographie des Hommes illustres du Limousin, par Auguste Du Boys et l'abbé Arbellot.

(2) Sur Roland Bétolaud, poète limousin, né à La Souterraine (15361620), il faut, après la Biographie limousine, consulter une excellente note du Bulletin du Bibliophile, 1862, 15e série, p. 1089, au sujet d'un exemplaire de l'Hodoporicum. - Lutetiæ, Fred, Morel, 1576, et non 1575 comme l'indique le Bulletin; c'est la dédicace à Henri de Mesmes, qui est de 1575. Cette note est due à M. Apollin Briquet, qui a fourni au recueil auquel nous collaborons un grand nombre de notes et de documents des plus précieux.

L'Hodeporicum (l'exemplaire que nous avons consulté à la Bibliothèque nationale provient de la Bibliothèque Falconet) contient la pièce de vers envoyée par Baluze à d'Aguesseau. La voici fol. 33 vo).

PIERII BETOLAUDI PATRIS HUMANIS. ET OPT. AUTHORE PENE PUERO.

Quantum concedit mihi nunc ætatula vilem

Excito, chare parens, huncce tibi tumulum.

Forte alias talem condam qui possit honore
Niliacas celebri vincere pyramidas.

sic juvenem evasisse poëtam optimum; hortorque te ut in hac arte te exerceas, sic tamen ut seuerioribus studiis ardentius (1) incumbas quam istis. Sanè quod ais neminem hactenus poetam fuisse Lemovicem et allatum Betolaudi exemplum ostendit non esse verum, ac præterea magna illa nomina Aurati et Mureti; quorum ille a Scævola Sammarthano dictus est vatum in Gallia coryphæus, ex cujus musæo, tanquam ex Helicone quodam, innumeri superiore seculo exeunte vates prodierint; alter, celebris in primis oratione soluta, in versibus etiam pangendis maximam laudem assecutus est, in quibus erat tam Catullo similis, ut idem Sammarthanus ait, quam ipse Catullus sibi. Mitto autem ad te carmen quod de illorum et aliorum quorundam illius ætatis Lemovicum laudibus fecit idem Sammarthanus; qui omisit Martialem Moncrium, cujus extant epigrammata, elegiæ et odæ; ex quibus unum epigramma selegi, quod ad te mitto, ex quo facile colligas poëtam fuisse non contemnendum (2). Quod si ad antiquitatem recurrere nos jubes, profero tibi

Pallentes igitur violas atque abba ligustra

Ecce tibi in viridans multa profundo solum.
Illæ sunto mei vultus, hæc puriter actæ
Fœlicis vitæ candida signa tuæ.

Utque solum verno pulchrè sub Sole virescit,

Nomen sic vircat tempus in omne tuum.

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Martialis Monerii

(1) Baluze avait mis diligentius et l'a remplacé par ardentius, (3) Un exemplaire de l'ouvrage de Martial Mosnier Lemovicis Epigrammata Elegiæ et Odæ. Burdigalce, apud Simonem Millangium, 1573, in-8°; exemplaire portant la signature autographie de Ventenat, a figuré à l'Exposition de Limoges en 1886. (Voyez l'intéressant mémoire consacré par notre confrère, M. Paul Ducourtieux, aux manuscrits et imprimés de cette exposition, Bulletin de la Société, 1888, t. XXXV, p. 102-103).

Martial Mosnier, suivant l'abbé Vitrac, dont nous possédons le manuscrit (l'article de Vitrac a paru dans le numéro du 2 octobre 1812, des Annales de la Haute-Vienne), naquit à Limoges, le 10 août 1548. La date de sa mort ne nous est donnée ni par Nadaud ni par Vitrac.

Entin nous extrayons des Cahiers manuscrits de l'abbé Nadaud, que nous possédons à la suite d'Auguste Du Boys, l'appréciation suivante sur notre poète limousin, p. 283 (4o cabier). « On peut assurer que Monier était né poète, qu'il avoit très bien cultivé ce talent naturel par l'étude des bons poètes de l'antiquité. Mais je ne sçais si j'en juge bien, on a peine à saisir par une première lecture, le sens de beaucoup de ses poésies, dont plusieurs sont fort spirituelles, d'autres assez plattes, et presque toutes de purs amusemens d'un jeune homme, ce qui les rend obscures et qu'il a trop affecté les expressions métaphoriques et poétiques des anciens pour les accommoder aux usages de son temps, et pour faire en même tems parade de son érudition poétique.

poëtam Prosperum Aquitanum quem nonnulli, et quidem veterum, Lemovicem patria fuisse contendunt. Habuimus alios, sed non admodum dignos, qui connumerentur inter bonos poëtas. Hæc dicta sint in gratiam patriæ carrissimæ, erudite juvenis. Nunc satis est. Renovo enim me ad studia mea, inamæna sanè si comparentur cum his ludicris, sed meliora et utiliora, ut tu ipse mones in tuis versibus. Ago autem uti debeo tibi gratias pro honore quo me dignatus es, oroque te ut semper mei meminisse velis. Ego sic semper tui meminero ut summæ virtutes tuæ merentur, qui admodum juvenis ea facis quæ vix alii tentare audent in provectiori ætate. Fratrem meo nomine saluta, quem opto talem esse qualem eum esse cupit optimus pater, id est, tui similem. Valete ambo, et me semper amate.

Lutetiæ Parisiorum, postridie kal. decembris MDCLXXXII.

» Il y a apparence qu'il expliquoit à sa maîtresse ses présens poétiques, car il y en a quelques-uns qui demandent à être lus plus d'une fois pour les entendre, du moins par rapport à moi. >>

Profitons de l'occasion pour émettre le vœu qu'une étude d'ensemble sur nos poètes limousins soit entreprise par un de nos confrères dans un avenir assez rapproché.

NOMINATION D'UN INSTITUTEUR

à La Souterraine

PAR UNE ASSEMBLÉE DE COMMUNAUTÉ (1741)

Aujourd'huy, quatorze jour du mois de may mil sept cent quarante-un, en la ville de La Souterraine en Limousin, issüe de vespres, en la place appelée de la Croix de la place publique ou on accoutume de faire les actes de communauté de la dite ville, les habitans d'ycelle convoqués au son de la cloche, en la maniere accoutumée, ce sont comparus Messieurs les curé et prestres communallistes de cette ville, ensemble Messieurs les Juge, Lieutenant et procureur d'office, qui ont remontré aux dits habitans qu'il est d'une nécessité pour le publiq qu'il soit pourveu et nommé en cette ville un régent a l'effet d'aprendre et donner l'éducation nécessaire aux pauvres et habitans de cette ville, sous les gages qui luy sont attribués et pris sur les deniers d'octrois qui se percoivent dans la dite ville, attendu que les dits habitans sont en souffrance par la mort qui est arrivée de Me Pierre de la Croix, cy devant regent a cet effet ont requis les habitans icy assemblés de deliberer et donner leur avis sur l'election d'un regent, attendu qu'il y en a dans la dite ville de capables, offrant les dits sieurs curé, prestres et officiers de leur part de délibérer; et conjointement et a l'instant tous ayant deliberé, ils ont unanimement dit et rapporté qu'il est plus a propos et aventageux pour la jeunesse qu'il y aye deux regens, un latin et l'autre maître ecrivain, et qu'a cet effet ils nomment les personnes de St André Chastenet, me ecrivain, pour regen ecrivain, et le sieur Joseph Dubranle pour regen latin; lesquels Chastenet et Dubranle, habitans de cette ville, ont comparu, et pour ce duement établis ont accepté chascun a leur egard les dittes commissions; et en consequce ont promis et se sont obligés, ainsi qu'il leur est imposé par les dits habitans, d'aprendre a lire et a prier Dieu aux pauvres de la ditte ville sans aucunes retributions et ce moyennant la somme

de quarante livres de retribution a eux accordée sur les dits deniers d'octroy de cette ville, qui leur seront payés par les fermiers ou receveurs d'icelle, et ce par moitié et egalle portion entre les dits Chastenet et Dubranle : Donnant a cet effet les dits sieurs curé, prestres, officiers et habitans tous pouvoirs et procurations aux dits regens cy dessus nommés d'en recevoir le payement en la manière accoutumée. La presente election et nomination faite pour tenir tant et sy longuement qu'il plaira aux dits habitans, lesquels se reservent en cas de plainte ou reproches contre les deux ou l'un d'iceux, d'en nommer d'autres en leur lieu et place. Et dont et du tout les dites parties ont requis acte, a elles octroyé le present pour servir et valloir ce que de raison. Et ont signé : Ribeyrits, curé de La Souterraine; Ranjon, prestre; Savy, prestre; Betolaud du Drut, prestre; Floret, lieutenant; de Guartempe, juge; Floret du Mas, procureur d'office; Ribière de Bresenty; Montaudon, prestre; Forgemol du Poirier; Gaillard, prestre; Patrault; Salleton; Denépoux; Choppy de Montberaud; Chapt; Aléonard; J. Leroy; Deslignères; J. Bellet; André Lory; Vollondat du Glais; J. Pignet; Penchaud; Saint-Hillaire; Petit; A. Floret; A. de Laroche; Margotin; Bétolaud de Lacoux; Delcaire; Chapt; Vareillaud; Chastenet; Dubranle; S. Montaudon; Dumont, notaire royal. Controllé à La Souterraine, le 14 may 1741. Reçu douse sols. Signé DUMONT.

(Extrait des archives de l'étude de M° C. Leroy, notaire à La Souterraine. Communiqué par M. Bellet, instituteur à SaintMaurice).

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