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TOMBE DE PIERRE NORE (1) SVIVANT LE PROCEZ VERBAL INSERE SVR LE REGISTRE DE CETTE EGLISE LE XXX..... MDCCXI.

» La croix a disparu de son encastrement.

» Du rapprochement de l'inscription sur marbre noir avec l'inscription reproduite par Balain (Bibliothèque d'Angers, ms. 867, p. 564), nous avons la certitude que cette épitaphe doit se lire ainsi :

VI KT, etc.

>> Balain, beaucoup plus explicite que l'inscription sur marbre noir provenant des hospices d'Angers, nous apprend que le vendredi 15 mai 1711, ladite croix de plomb fut trouvée dans l'église de la Trinité d'Angers, au fond d'une fosse que l'on creusa pour y enterrer M. Mallet de la Sauvagère, gentilhomme et paroissien de ladite église.

>> La mention du procès-verbal, gravée sur marbre noir, est de la même année que celle indiquée par Balain, savoir 1711. C'est de tout point la teneur de la même épitaphe, moins les quatre premières lignes supprimées sur le marbre et remplacées arbitrairement par le mot: epitaphium, avec l'emploi du génitif pour les noms et qualités du chanoine défunt. Cette croix de plomb aurait plutôt dû appartenir à la Trinité qu'à l'hôpital Saint-Jean, qui n'existait pas en 1084, du moins comme fondation de Henri II et de son sénéchal. »

Le nom propre reste douteux, car d'un côté il est écrit: GVET CANOAFVS, en deux mots, et de l'autre en un seul : GVETOANCÆUS. Je n'ose me prononcer à défaut de l'original. Il y a encore une autre variante à la première ligne KT pour KL, qui me semble la seule lecture plausible.

6. M. Alfred Ramé a publié, dans la Revue des Sociétés savantes (2e série, t. III, p. 658-659), une note isolée que je lui emprunte. La croix dont il reproduit l'inscription, d'après un ouvrage rarissime, nomme une fille du roi d'Angleterre Guillaume, décédée l'an 1090, le 13 août, indiction 13, épacte 28 (2).

(1) Noire.

(2) La duchesse Constance, fille de Guillaume-le-Conquérant et femme du duc de Bretagne Alain III, mourut en 1090. D'Argentré, dans son Histoire de Bretagne, liv. II, p. 42, dit qu'elle fut inhumée à Saint-Pierre de Rennes, mais il se trompe, car, en 1672, on découvrit à Saint-Melaine dans la même ville, « le tombeau de cette princesse dans lequel était renfermée une croix portant son nom, la date de sa mort et d'autres renseignements qui ne peuvent laisser aucun doute sur l'authenticité de cette sépulture». (Le Men, Monogr. de la cath. de Quimper, p. 73).

<< Une croix analogue à celle de Thierry fut trouvée, au xvii siècle, dans la tombe d'une comtesse de Bretagne, Constance, femme d'Alain Fergent. Quoique cette découverte ait fait alors le sujet d'une dissertation d'Hevin, avocat au parlement de Bretagne, cette brochure est si rare (deux exemplaires connus, l'un dans la collection des Blancs-Manteaux, l'autre à la bibliothèque de Reunes) qu'elle a tout le mérite d'une notice manuscrite.

» Le 9 juin 1672, les ouvriers employés à creuser les fondations de la tour occidentale de l'église de Saint-Melaine de Rennes, rencontrèrent un cercueil en maçonnerie, se rétrécissant vers les pieds et couvert de grandes pierres plates. Il contenait, outre un étui en cuir qui avait servi à renfermer le corps, un crâne, des débris de chevelure, des ossements, « une étoffe de laine d'un » tissu gros et mal serré, de couleur brune qui paroist naturelle >> et sans teinture et à la place où devait estre l'estomac, une croix » de plomb », de dix-neuf pouces de hauteur, ainsi figurée par Hevin. J'indique entre crochets les lettres restituées :

>>

ANNO
AB INCAR
NATIONE

DNI MILL

ESIMO

[XCIJNDICTIONE XIII EPACTA [XXVIII]

[C]ONCVRRENTE VNO ID' AVGVSTI,
OBIT CONSTANTIA BRITANNIE

COMITIS

SACOMITIS
[A]LANI
[FER (4) GENS
CONJVX
NOBILISSI

MA VVIL
L.ELMI REG

IS ANGLO

RV FILIA

7. La tombe de Hériman, 51° évêque de Metz, fut retrouvée en 1712. On y constata une « croix de plomb », dit Bégin, qu'une inscription, placée à cette occasion, qualifie seulement << plumbea lamina ». Elle était endommagée et on crut y lire:

(1) « Je préférerais à la restitution d'Hevin celle qui rétablirait à la douzième ligne, le mot [DE]GENS. Le surnom d'Alain, dans les anciens textes, est Hiranger ou Fergan. »

« Obiit in d[omino] Heri[manus] Met[ensis] epus, legatus [apostolicæ se] dis, a papa Gregorio VII [honore] mitræ et palii [decoratus, anno a] nat[ivitate Domini MXCIV, nonis maii] » (1)

Ce texte est précieux par la mention qu'il fait d'un double privilège, la mitre et le pallium. L'usage de la mitre émana presque toujours du Saint-Siège, par voie de concession (2). Il est curieux de constater ici qu'à la fin du xre siècle, les évêques de Metz ne portaient pas encore cet insigne, qui n'allait pas tarder à devenir général. Les sceaux de l'époque montrent souvent les évêques la tête nue, mais plus tard ils l'ont constamment coiffée. On pourrait donc fixer à peu près, par ces seuls monuments, l'introduction en France, et dans chaque diocèse en particulier, de la coiffure propre aux évêques.

8. La dernière inscription faisait partie, à l'Exposition universelle de 1878, de l'exposition particulière de la ville de Paris, ce qui indique qu'elle a été découverte dans la capitale : l'étiquette qui l'accompagnait ajoute qu'elle provient des fouilles du cimetière de Saint-Marcel. La croix est en plomb, mais plus ornée que d'habitude, car les extrémités sont ancrées, comme on dit en blason, et les croisillons, afin d'éviter une cassure, sont renforcés de quarts de cercle, de manière à donner au centre de la croix l'aspect d'un médaillon ou d'un nimbe. Le personnage mentionné par l'inscription est tout à fait inconnu: il se nomme Albéric Chrétien. Christianus doit-il se prendre adjectivement? Je ne le pense pas, car tous les défunts admis dans les cimetières des églises faisaient nécessairement profession de la foi chrétienne. Cependant deux noms, au lieu d'un seul plus fréquent, constituent, pour cette époque, un fait presque anormal (3). J'ai relevé à Rome, sur une tombe du xe ou xre siècle, dans l'église de SaintePraxède, la signature d'un lapicide, qui précisément se nommait aussi Chrétien, mais ce nom était unique (4). Le second nom ne se prenait qu'au cas où l'on voulait préciser une filiation, mais alors on le mettait au génitif, en sous-entendant filius, parceque le premier nom était celui qui avait été imposé au baptême, tandis que le second, donné pour distinguer des autres personnes

(1) BEGIN, t. II, p. 378.

(2) Le pape Saint-Léon IX écrivait en 1049 à Ebherard, évêque de Trèves: << Romana mitra caput vestrum insignimus, qua et vos et successores vestri in ecclesiasticis officiis romano more semper utamini semperque vos esse Romanæ sedis discipulos reminiscamini. »

(3) Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1847, p. 121. (4) CRISTIANVS MAGISTER Fecit,

appelées de la même façon, était celui du père; surnom comme disait les Italiens, cognome, qui fut ultérieurement une des formes du nom de famille (1).

Les deux noms gravés en majuscules romaines sur la croix se coupent à angle droit (2) :

XPIS

ALBE (ri) CVS

TIANVS

V

Le XIe siècle, comme le précédent, nous apporte jusqu'à huit croix gravées, dont une provient d'Angleterre et trois de la cathédrale de Metz.

1. Voici ce que M. Depelchin écrivait dans le Monde, n° du 14 mai 1879, dans un second feuilleton relatif à Saint Front de Périgueux:

(1) Je ne citerai que quelques exemples d'après le cartulaire de SaintHilaire-de-Poitiers: en 1096, Petrus Guarnerii; en 1102, Bodinus Aimerici; en 1138, Wilelmus Seguini, Petrus Villani, Constantinus Budelli.

(2) Cette croix est gravée dans le t. V, p. 93, des Inscriptions du diocèse de Paris, par de Guilhermy et de Lasteyrie. On l'y donne comme intacte; d'après ma copie, deux lettres manquaient à Albericus. Le sarcophage avait l'aspect des «tombeaux mérovingiens et carlovingiens, mais il est peu vraisemblable qu'il faille donner à la croix une date aussi ancienne... Elle était placée du côté des pieds, au lieu de se trouver à la hauteur de la poitrine ou de la tête du défunt, comme c'est la règle habituelle... Elle doit remonter au moins au xe siècle, époque vers laquelle paraît s'être généralisée la coutume de placer dans les tombes des croix de plomb avec inscription. Toutes celles que l'on possède sont de la fin du x1° siècle ou du x1o... Ajoutons qu'elle est une des plus petites que l'on possède ». Sa hauteur est de 0,95 et sa largeur de 0,68, ce qui donne les dimensions ordinaires ou moyennes; plus petites est donc exagéré. Quant à la date de ces croix, parquée du xi au xe siècle, elle est également inexacte, comme le prouve ce mémoire tout entier.

« Ajoutons, pendant que nous parlons de découvertes archéologiques, que la restauration, dans d'autres parties de l'édifice, a mis au jour divers objets qui méritaient d'intéresser les antiquaires. Nous mentionnerons, entre autres, dans le chœur des moines, un coffre renfermant, avec des ossements réduits en poussière, deux croix épiscopales, un suaire et une étoffe tissée, d'un beau travail byzantin. Cette étoffe, dont le dessin figure. des aigles portant un écu, des lions et des animaux fantastiques tirés du bestiaire oriental, paraît venir de Cappadoce. Peut-être a-t-elle été apportée à Périgueux par la colonie vénitienne de Limoges.

» Le suaire, d'une couleur brune, qui s'est assez bien conservé à travers les âges, porte encore des traces de sang: il paraît être celui de Guillaume de Nanclard, évêque de Périgueux au xr° siècle. Enfin, sur une des croix à laquelle était soudée un chapeau en métal recouvrant sans doute un reliquaire, on lit distinctement ces lettres, gravées avec une pointe et d'une main peu assurée: VV epis copus. Etant donnée l'identité du G et du V dans l'ancienne écriture, ne pourrait-on pas admettre qu'il s'agit ici de Guillaume de Montbrond, évêque de Périgueux en 1130? Le fait n'est pas certain, mais le caractère de l'inscription et l'antiquité de la croix le rendent au moins très vraisemblable » (1).

2. M. Akerman, de Londres, a acquis une croix en plomb, fournie par un tombeau d'Angers. Cette croix mentionne simplement la date du décès, qui est l'an 1136:

MCXXXVI NON. NOVEMBRIS (2)

3. Un cercueil de plomb fut découvert, en 1789, dans la salle capitulaire de l'église du Christ, à Cantorbéry. I contenait les cendres du prieur Almer, mort en 1137. Son nom était gravé sur une croix de plomb (3).

4. Passons à l'an 1163.

En 1521, on rencontra dans le tombeau du cardinal Etienne de Bar, cinquante-cinquième évêque, « une croix de plomb desrompue de vieillesse et escripte des deux côtés » (4).

(1) Voir sur les croix de plomb découvertes à Périgueux la brochure de M. Delorme, Étude sur deux croix de plomb du XIe siècle, Toulouse, 4886, in-8°, et Bull. de la Soc. arch. du Midi, 1886, p. 53.

(2) Bulletin du Comité, 1856, p. 318.

(3) Archæologia, t. XV, p. 294-297, pl. X.

(4) Bégin, t. 1, p. 100-101,

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