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APERÇU

DES ARCHIVES ACTUELLES

PRIVÉES OU PUBLIQUES

DE LA CORRÈZE

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Pour répondre à ce titre et au désir gracieusement exprimé par nos érudits collègues de Limoges (1), nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ici, avec quelques développements de plus que dans l'introduction du futur Dictionnaire, l'indication des sources auxquelles il nous a été donné de puiser abondamment, de première main, depuis dix ans déjà, en vue de notre Géographie historique du BAS-LIMOUSIN (composée surtout d'inédit), ou bien encore d'un Dictionnaire topographique DE LA CORRÈZE, né, chemin faisant, des mêmes recherches.

Double énorme monceau de petites notes!... En attendant la dernière et terrible mise en œuvre, elles ne laissent pas de grossir tous les jours, tant la faim et soif de documents nous poussent sans cesse ni repos à courir de droite et de gauche pour nous compléter. Hier à Lyon, vers les commanderies de la langue d'Auvergne, aujourd'hui au pays des Pictons à cause de nos enclaves poitevines, demain à Pau, en raison des hommages au vicomte de Limoges. Et puis, entre nous, Limousins, mes frères, c'est qu'aussi, pour le pauvre pélerin en vieux titres, voici l'heure de se demander avec tremblement quel sera l'accueil du

(1) Particulièrement M. Leroux, qui non content de lui avoir ouvert brillamment la voie, a déjà fait faire un grand pas à l'historiographie limousine.

public. En récoltera-t-il un refus de médaille indulgenciée, l'exeat avec mea culpa, toutes coquilles au vent, ou un demi satisfecit?

Que de veilles cependant, suivies de pleines journées d'ardente besogne! Avec la verve d'un Guibert, témoin l'Eau de ma cave, on pourrait faire un curieux récit, tour à tour émouvant et drôlatique, jamais uniforme, assorti des incidents obligés d'une telle chasse pédestre aux manuscrits: l'histoire des étapes d'un obstiné chercheur à travers les greniers poudreux de la région. Vie aventureuse, imprévue s'il en fut, disons le mot, incohérente aux yeux du profane, tantôt soutenue d'une omelette d'auberge sur tréteaux boîteux, tantôt d'une simple bille de chocolat grignottée entre deux chartes sans lâcher prise, voire d'un morceau de pain sec, le cas échéant, assaisonné d'un verre d'eau... limousine, il est vrai, et que Diogène lui-même nous eût alors enviée au pied de son tonneau... vide, tant elle rend la vue claire et laisse l'esprit libre. Malgré tout cela, insomnies comprises et mécomptes ou rebuffades, séances à tous risques d'ascète, hybride d'un stylite et cul-de-jatte, par tous les courants, dans toutes les attitudes, même celle de la prière, tête chaude et pieds froids, résistant, n'en déplaise à l'école de Salerne, à la bise et à la chaleur, sous une lucarne entrebaillée comme une huître, ayant pour escabeau l'arche primitive et pour table le couvercle d'une benne; tenant enfin solidement au poste en dépit de toutes les menaces énumérées ou omises par Molière : apepsie, hémorroïdes, catharres vésicaux, goutte, rhumatismes, ophthalmie, etc... Toutes choses, disons-nous, bien vite oubliées devant le cahier vénérable d'un minutieux féodiste, liève, terrier ou hommage suivi de nommée.

Par contraste, il y a l'hospitalité parfois trop plantureuse des châteaux. On est mollement au lit et il faudrait s'en arracher pour courir au chartrier, où c'est aussi l'abondance; délicieusement à table, ou au salon, et il faut résister à beaucoup de séductions, devant après cela, non point suivre à cheval, comme d'autres, une chasse à courre, ou somnoler en béat, chargé seulement d'égrener quelques causeries entre deux tasses de thé, mais au contraire, dévorer d'un regard fiévreux, en quelques journées, fût-ce au prix du meilleur de ses nuits, plusieurs armoires et de nombreuses caisses remplies de paperasses. On remplace donc l'air embaumé des pelouses par l'atmosphère malsaine, âcre des parchemins et de papiers moisis ou couverts de poussière et de vermoulure quatre ou cinq fois séculaires, où les rats ont laissé mille traces et jusqu'à leurs cadavres chagrinės.

Se livrer rapidement alors et dans le religieux silence, dialogue muet des morts, qui convient pour toutes les exhumations, à cette cuisine funèbre consistant à ouvrir les sacs de procédure, rompre les liasses, desceller les testaments mystiques, arracher un instant leurs secrets aux lettres (1) (quand on en a le loisir, chose bien rare), pour n'en user ensuite qu'avec la discrétion d'un confesseur, trier, en un mot, dans le tas avec le plus de flair possible; tel est le travail premier. Lecture suit, puis analyse au pied levé, notation hiéroglyphique, et enfin remise en ordre. Heureux encore quand on n'est pas mis, fait assez fréquent, dans l'obligation de gaspiller son temps en rattachements généalogiques, à la poursuite d'origines prétendues millénaires ou de détails sans valeur. Ainsi coule comme de l'eau dans un crible notre journée d'archiviste amateur, jusqu'à ce que la cloche annonçant le dîner nous ramène aux obligations de société et parmi les vivants. Aussi nous faut-il de l'effort pour y reprendre pied, tout étourdi que nous sommes encore au dessert du choc de tant d'idées et de souvenirs remués sous leur cendre.

Homme levant et couchant du même labeur ainsi poursuivi de clocher en clocher, nous avons dépouillé des papiers par mètres cubes et à la charretée, dans les mairies, les études de notaires, les greffes, les bureaux des Domaines, les archives. nationales ou départementales, chez les paysans et tous détenteurs en général du moindre griffonnage antérieur à 1789. Nous devons à tous, pour ces très obligeantes communications, de bien instants remerciements que nous les prions d'agréer ici encore. Nous leur en sommes redevable à plus d'un titre, en échange des précieux conseils, des encouragements de quelques-uns, de la quasi collaboration amicale de quelques autres, des souhaits bien sympathiques de tous. Ceux de vous, Messieurs et chers Limousins, m'aideront à remplir ce pieux devoir de complète gratitude, qui savent quelle joie intime se cache derrière ces recherches, quel réconfort indicible on éprouve à retrouver une piste, a renouer quelque anneau d'histoire locale, à mettre la main sur un livre de raison, une copie de cartulaire, ou une identification heureuse, à détruire une erreur accréditée, à découvrir un trois mille et unième repaire noble, à reconstituer enfiu, comme un agrimenseur du xve siècle, l'ancienne physionomie d'un village (2) avec ses manses et capmanses, d'un

(1) C'est ce qu'il y a de mieux conservé d'ordinaire. La main délicate des femmes les entoure de faveurs et d'étiquettes.

(2) Nous n'avons plus aujourd'hui que des noms collectifs. Agnoux,

bourg avec sa léproserie (malaudie), de chacune de nos villettes. avec ses barris, ses quartiers multiples, sa franchise limitée de croix, d'oradours (ses orances, comme on désignait pieusement à Limoges l'infra cruces).

Notaires dépositaires d'anciennes minutes (actes français xvi et XVIIIe siècles).

MM. Daudy, à Vigeois; Dunaigre, à Voutezac; Blanc et Dunaigre, à Objat; de Teyssieu et Bonneval, à Beaulieu; Grenaille, à Brivezac; Sol-Lalande, à Beynat et au Pescher; Senut et Florentin, à Corrèze; Juin-Dumonteil, à Dampniat; Louis Juge, à Donzenac; Bardon et ancienne étude Lavialle, à Allassac; Gouyon, à Juillac; Collin, à Troche; Beaudenom de Lamase, à Larche; Coulié, à Chasteaux; Lacroix et Ceyrac, à Meyssac; Roudié, frères, à Argentat et Mercœur; Dujardin, près Saint-Bonnet-Elvert; Moulins, à Saint-Chamant; Pertuis du Gay, à Saint-Merd-de-Lapleau; Saintagne, à La Roche-Canillac; Armand, à Marcillac-la-Croisille; Beynié, à Saint-Paul; Paliargues, à Goules; Lafarge, à Lagraulière; Ballit, à Rilhac-Xain trie; étude Decoux-Lagoutte, à Treignac; Materre, au Lonzac; Bassaler et Breuil, à Uzerche; Grellet, à Eygurande; Audouze surtout, Mazeaud et Lachaud, à Meymac; Dellestable, à Neuvic; Vallet, à Liginiac; Masséna et Eschapasse, à Brive; Brisset et Salles, à Tulle; Brunie et ses

village actuel de 120 habitants de la cominune de Meyrignac-l'Eglise, uniquement connu maintenant sous ce nom d'Agnoux, se décomposait, vers 1500, en manses, affars, fasions ou tènements: 1° d'Ampnhio; 9o La Porta; 3° El fueil; 4o Dinhac; 5o La Malanhia, etc. Chacune de ces partitions répondant à peu près aux feux existants. Son voisin, le village d'Auliac avait de même une portion oubliée, dite Peyrissac, et c'est justement le Patriciagum d'une donation du cartulaire de Beaulieu. Ce rappel des anciens noms ne se trouve guère que dans les terriers, arpentements, vieilles minutes, etc., toutes pièces auxquelles les dictionnaires topographiques, édités jusqu'ici, ont fait trop peu d'emprunts, comme le prouve leur exiguité. Nous n'en voulons pour bonne preuve, en celui de la Dordogne, que le petit nombre par lui cité de noms de lieux revenant naturellement fort souvent en fait, tels que Bachellerie, Borderie, Mas, Borie, Borde, Farge, Faurie, Fabrie, etc., et le défaut absolu de confrontations pour les manses disparus. (Voir notre article: Simples notions d'ancienne géographie, au Bull. de la Soc. arch. et hist. de la Corrèze (siège à Brive), 1887, et l'Annuaire corrézien de 1888).

confrères, à Ussel; Brunie, à Seilhac; Louradour, à Beyssac (Lot); et quelques autres de nous inconnus.

Actes latins. A Treignac, en l'ancienne étude Forest, xv et xvIe siècles. Tournadour, à Turenne; nombreux parchemins, liasses et cahiers, des mêmes époques, au moins.

Grands chartriers et fonds particuliers.

Marquis de Cosnac. Pièces généalogiques et terriennes, en papier ou en parchemin, xire à xixe siècles. Ces dernières surtout relatives aux seigneuries de Cosnac, Perpezac-le-Blanc, SaintPanthaléon de Larche, Dampniat, Malemort, etc.

De Selve de Sarran, au château de La Gane. Titres de famille, mais papiers essentiellement relatifs aux fiefs de Confolens, Jeux, Lagane; lièves, correspondance, etc., xive à XIXe siècles.

Comte de Damas, château d'Hautefort. Pour ce qui nous touche, fonds Pompadour, baronnie de Juillac, marquisat de Ségur (sièges de Tulle, Brive, Servière, Obazine et escarmouches calvinistes). Dalon et environs.

Marquis de Lubersac. Chartrier en général fermé et inaccessible aux travailleurs. Il a été donné récemment aux grands séminaires de Limoges et Tulle, un beau terrier-généalogie de cette maison où est indiquée la composition de ces archives (quelques terriers de Lubersac, Lascaux, Chabrignac, etc.) Cet ouvrage, où se mêlent quelques erreurs d'origine de famille, causées par l'homonymat de la Creuse, un peu de fausse légende étymologique, et quelque exagération à propos des droits de vigerie et autres sur le bourg de Lubersac, contient d'ailleurs de bons facsimile, avec quantité de copies de pièces.

Duc des Cars-Peyrusse. Un gros registre de droits féodaux sur Saint-Julien-le-Vendonnais, Ségur, Juillac et environs. Les archives, dispersées par la Révolution, sont en voie de reconstitution. Un grand tableau généalogique, préparé par M. l'abbé de Clisson, avec un faible appoint de notes par nous fournies, est actuellement sous presse à Poitiers.

Comte de Montbron, à Forsac. Nombreux papiers relatifs à la très ancienne maison de Parel d'Espeyrut, de Donzenac. Le complément de ces titres est aux mains du Dr de Reignac, à Donzenac.

Comte de Cosnac, du Pin. Nous avons eu communication de terriers, etc., se référant à la baronnie d'Ussac et Vergy. Baron de Costa, à Beaulieu. Plusieurs caisses de parchemins

T. XXXVI.

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