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Archives ou les Bibliothèques d'Espagne, a publié dans le Cabinet historique, en 1879 (t. XXV), sept longues et intéressantes lettres écrites de Madrid par Muret, pendant ces années 1666 et 1667. Les originaux de ces lettres, recueillis par le médecin Vallant et donnés par lui, avec toute sa collection de manuscrits, à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à la fin du XVIe siècle, sont conservés aujourd'hui à la Bibliothèque nationale dans un des portefeuilles de ce zélé collectionnneur, f. français 17046, f. 185 à 197.

M. Morel Fatio, en publiant ces lettres, les a fait précéder d'un résumé concis des renseignements publiés sur Muret par les biographes, et en a ajouté quelques-uns tirés du manuscrit d'Adry sur les écrivains de la congrégation de l'Oratoire, F. Franc. (Bibl. nat., 25684, f. 98.)

« Prédicateur et panégyriste habile, il a su se faire remarquer à une époque où les grands talents n'étaient pas rares et où le public pouvait se montrer difficile....

» Doué d'un génie vif et brillant qui le fit rechercher des grands et des gens de lettres... il ne négligea rien pour cultiver leur estime. Agréable dans la conversation, il avait des talents; d'ailleurs, avec les protections des seigneurs à qui il faisait sa cour assidûment, il ne pouvait manquer de parvenir à une certaine célébrité. »

Rien d'étonnant, d'après ce qu'on vient de lire, que Muret ait tenté et mérité le crayon et le burin d'Hainzelman.

Emile Du Boys.

LA BIBLIOTHÈQUE D'AUGUSTE BOSVIEUX

Dans la dernière semaine de décembre 1887 avait lieu la vente de la Bibliothèque de feu Auguste Bosvieux, ancien archiviste de la Creuse et du Lot-et-Garonne, ancien juge à Schlestadt.

Nous n'avons pas l'intention d'ajouter une biographie à celles qui ont été écrites sur ce savant consciencieux par MM. Magen, l'Almanach limousin, de Montégut et Leroux; nous ne voulons parler que de la vente de sa bibliothèque.

Lorsqu'on examine à la fois la longue liste des ouvrages réunis par lui et l'énorme quantité de documents manuscrits qu'il a légués aux Archives de la Haute-Vienne, Auguste Bosvieux nous apparaît comme l'homme qui était le mieux préparé pour rédiger une histoire générale de la Marche. Esprit pratique, ne se payant pas d'hypothèses, voulant toujours remonter aux sources, ayant la conscience qu'une opinion doit toujours s'appuyer sur un document sérieux, ses biographes nous le montrent comme réunissant toutes les qualités de l'historien..

En 1850, à peine âgé de vingt ans, nous le voyons, tout en faisant son droit, à Paris, suivre les cours de l'Ecole des Chartes et réunir tous les matériaux pour écrire l'histoire de sa ville natale, Saint-Yrieix, dont il publiait une ébauche dans le Frelon, journal de l'arrondissement.

Déjà il possédait une certaine quantité d'ouvrages sur le chapitre de Saint-Yrieix, dont les historiens locaux d'alors ne soupçonnaient peut-être pas l'existence. La publication d'extraits des principaux documents manuscrits sur Saint-Yrieix prouve que non seulement il les connaissait, mais encore qu'il en avait pris copie en 1851, ce sont des fragments du Registre consulaire de sa ville; en 1852, des extraits du Journal des deux Jarrige. Il est du reste à remarquer que l'œuvre imprimée de Bosvieux se compose principalement de textes.

Peu à peu, nous voyons Auguste Bosvieux élargir son cadre et acquérir des ouvrages sur toute la province du Limousin.

Nommé archiviste de la Creuse en 1852, il s'attache à son dépôt, le classe, s'en pénètre et recherche toutes les publications concernant la Marche. Ses efforts vers ce but se traduisent par deux rapports présentés au préfet de la Creuse le premier en 1862, sous le titre de : Études sur les anciennes divisions religieuses, administratives, judiciaires, militaires et féodales de la province de la Marche. Statistique des établissements religieux qui ont existé sur le territoire du département de la Creuse avant la Révolution (1); le second en 1863, sous le titre de : Plan et sources d'une histoire du département de la Creuse (2).

Nommé archiviste du Lot-et-Garonne l'année suivante, il ne se désintéressa pas de ses études sur la Marche; il prit part au Congrès scientifique qui se tint à Guéret en 1865, où il donna lecture de son travail sur le Chateau des Monneyroux à Guéret et ses différents propriétaires, et où il prit part à plusieurs discussions. L'année suivante, aux Assises scientifiques de Guéret, répondant à la question sur le mouvement littéraire dans la Creuse, il présenta sa Bibliothèque de la Creuse, Essai bibliographique. Le volume consacré au compte-rendu du Congrès et des Assises (3) contient ces travaux (p. 52 à 66 et p. 193 à 284). Il est très regrettable que la Bibliothèque de la Creuse n'ait pas été publiée in extenso. L'éditeur de ce volume, pour avoir été effrayé par les proportions de ce travail « si important et si utile », a empêché Auguste Bosvieux de le publier en entier, et la mort de ce dernier nous a privé d'une publication que nul autre que lui ne pouvait mener à bonne fin.

D'après le sommaire placé en tête, il reste à publier :

(1) Conseil général du département de la Creuse. Session de 1862. Rapport de M. l'Archiviste à M. le Préfet de la Creuse. (Signé : A. Bosvieux). Guéret, typ. Dugenest (s. d.) - In-8° de 26 p. et 2 tableaux.

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(2) Conseil général de la Creuse. Session de 1863. Rapport de M. l'Archiviste. II. (Signé : A. BOSVIEUX.) — Guéret, imp. Dugenest, 1863. In-8° de 35 p.

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(3) Société française d'archéologie; Institut des provinces de France; Compte-rendu du Congrès archéologique (xXXII° session) et des Assises scientifiques de Guéret. - Guéret, typ. et lith. Dugenest, 1866, 1 vol. in-8°. Les Archives de la Haute-Vienne possèdent un exemplaire du tirage à part de la Bibliothèque de la Creuse (p. 1 à 80), mais il lui manque les douze dernières pages.

PREMIÈRE PARTIE. G. Administration ancienne et moderne. a Justice; b Finances; c Instruction publique; d Administration départementale 1 Actes et documents officiels; 2 Elections départementales; 2 bis Travaux des députés; 3 Conseil général, Election, Sessions du Conseil; 4 Généralités, Questions administratives (documents non officiels); e Administrations municipales, Elections, Actes et documents administratifs. H. Sociétés de toute espèce (savantes, religieuses, de bienfaisance, politiques), leurs statuts et leurs publications.

I. Calendriers et Annuaires.

K. Journaux.

Supplément à la première partie.

DEUXIÈME PARTIE. OEuvres des auteurs creusois :

I. Auteurs nés dans le département; II. Auteurs qui appartiennent au département par leur famille; III. Auteurs qui se rattachent au département par les positions qu'ils y ont occupées.

Appendice Notes sur les origines et les produits de l'imprimerie creusoise (1).

A Agen, comme deux ans après à Wissembourg et à Schlestadt, jamais Bosvieux ne perd de vue sa chère bibliothèque limousine, c'est à peine s'il acquiert quelques ouvrages sur l'Agenais ou l'Alsace; il souffre beaucoup de l'éloignement qui a interrompu ses études sur sa province d'adoption, la Marche, dont il préparait l'histoire depuis de longues années.

Dans la préface de sa Bibliothèque de la Creuse, Bosvieux nous dit avoir consulté le P. Lelong, Quérard, Bourquelot, Barbier, de Manne, Brunet, la Bibliographie de la France, les catalogues des libraires et des ventes publiques, les inventaires de la Bibliothèque nationale et les collections particulières. Mais sa meilleure source de renseignements était les livres eux-mêmes, car les titres qu'il relevait étaient souvent incomplets ou inexacts. Tels qu'il les trouvait cependant, il les transcrivait, afin de guetter le livre dans les ventes. Lorsqu'un jour il rencontrait dans un catalogue un de ces livres rares sur le pays, il devait être le premier à le demander, et s'il le recevait, combien il était heureux de pouvoir l'étudier et le classer. Car toujours il inscrivait ses acquisitions sur fiche, indiquant soigneusement la provenance du livre et son prix. Ajoutons qu'au point de vue historique, il en retirait toujours quelque profit.

(1) Nous essaierons de combler les lacunes de cet appendice dans un travail que nous préparons.

T. XXXVI.

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Dans ses recherches, parfois longues et fastidieuses, Bosvieux ne perdait jamais de vue le but qu'il se proposait d'atteindre: faciliter la tâche des travailleurs, en réunissant dans un catalogue raisonné toutes les indications bibliographiques nécessaires à leurs études. La bibliographie est en effet la science qui sert de base à toutes les autres. Combien d'auteurs se sont engagės, sans le savoir, sur les traces d'autres écrivains qui avaient traité les mêmes sujets bien mieux qu'eux et cela longtemps avant eux. Combien y en a-t-il qui n'osent aborder un sujet parce qu'il leur paraît difficile, qui verraient ces difficultés s'aplanir s'ils connaissaient les ouvrages publiés sur la question qui les occupe.

On ne peut s'imaginer la somme et la variété de connaissances que demande la constitution d'une bibliothèque comme celle d'Auguste Bosvieux la lecture seule de son catalogue fournit des détails intéressants sur les événements et sur les hommes.

Parmi les auteurs antérieurs à la Révolution, nous ne citerons que ceux dont les noms commencent par les lettres G et suivantes, la Biographie des hommes illustres du Limousin, par MM. A. Du Boys et l'abbé Arbellot, ayant fait connaître presque tous ceux dont les noms commencent par les initiales A à F.

Dans la division théologie, nous trouvons, en premier lieu, des livres de piété très rares, remontant aux débuts de l'imprimerie et sortant de toutes les presses de la région. Citons particulièrement les Heures de Limoges, imprimées à Paris vers 1510, par Gillet Hardouyn; les Heures de Notre-Dame, imprimées à Limoges en 1582, par Hugues Barbou; six ouvrages sur l'abbaye de Grandmont et trois sur le chapitre de Saint-Yrieix.

Parmi les soixante-sept auteurs de cette division, nous relevons les noms suivants : l'abbé du Carrier, le P. Honoré de Sainte-Marie (Blaise Vauzelle), le chanoine Labiche de Reiguefort, La Marche de Parnac, abbé de Grandmont, Mgr CharlesFrançois des Monstiers-Mérinville, le P. Marcellin Montozon, récollet, le cardinal de Noailles, l'abbé Oroux, chanoine de Saint-Léonard, le chanoine Pinchaud, Dom Maurice Poucet, le P. Gabriel Ruben, de l'Oratoire, le P. Solier, jésuite, le P. Tabaraud, supérieur de l'Oratoire, le P. Victorin Tarneaud, provincial des Récollets de Toulouse, le P. Texier, jésuite, le poète Tristan de L'Hermite du Soliers et l'historien Varillas, de Guéret.

Bosvieux était parvenu à réunir vingt-sept ouvrages de L'Hermite du Soliers dit Tristan, s'échelonnant de 1639 à 1724, qui se sont vendus 688 fr., somme très raisonnable. Après cet

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