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demoiselle Anne André, veuve de sieur Joseph Nadaud, tapissier, demeurant au faux bourg Manigne, paroisse de Saint Maurice, laquelle desirant favoriser le pieux et louable dessein de Ma Joseph Nadaud, son fils naturel et legitime et dudit feu son mary, actuellement acolythe au Seminaire des Ordinans de cette ville, qui desire etre promu aux ordres sacrés, et comme il est de prealable qu'il soit pourveu d'un titre clerical en conformité des saints decrets et ordonnances royaux portant annuellement la somme de cent livres (1), à ces fins et pour seconder ses louables intensions, elle a créé et constitué, assis et assigné en faveur de son dit fils, par forme de tittre clerical, la somme de cent livres de pension viagere, laquelle commencera d'avoir cours du jour que ledit sieur son fils sera promû à l'ordre de sous diaconat, pour estre payée annuellement pendant son vivant, et a prendre ladite pension ou titre clerical sur tous les biens de ladite constituante, et expressement sur un clos et piece de terre de la contenance de six septerées, provenant de la succession dudit feu Nadaud, scituée au clos Sagousfz (sic), en la paroisse de Saint Christophle pres cette ville, confrontant de ses differens costés aux domaine et heritages du Puy Imbert et des dames Urselines de cette ville... Sont intervenus aux presentes sieur Jean Moury, marchand ferrier du fauxbourg Boucherie; François Grelet, marchand, demeurant at fauxbourg Montmalier; Estienne Begoügne, bourgeois et marchand, demeurant au fauxbourg Manigne, et Pierre Declareuil, aussy marchand, demeurant aux Tanneries, lesquels tous majeurs, de leur gré et volonté, ont dit et attesté que les biens affectés sont plus que suffisans, etc.

A cette pièce est jointe une déclaration du 11 décembre 1734 par laquelle Jacques Nadaud, curé de Saint-Léger-la-Montagne, se porte caution de la constitution ci-dessus et hypothèque, au profit de son jeune parent, pour faciliter l'entrée de celui-ci dans les ordres, tant les revenus de son bénéfice que le clos de Las Couturas, relevant des Bénédictins de Limoges et contenant six setérées, ledit clos ayant garanti pour son propre compte un titre analogue.

Un certificat du curé de Saint-Maurice de la Cité, attestant la publication de ces actes, et des conclusions émanant du procureur général du diocèse et favorables à l'admission de Joseph Nadaud à la prêtrise, complètent le petit dossier de la liasse de l'Evêché.

Suivant le Nobiliaire, l'abbé Nadaud était fils de Martial Nadaud, secrétaire-greffier de la commune de Limoges sous les dates de 1733 et 1737 et de Jeanne André.

Or, on voit par le document que nous venons de reproduire : 1° Que le père du futur curé de Teyjac s'appelait Joseph, et non pas Martial;

(1) Cette justification était imposée à tout clerc avant son admission aux ordres sacrés.

2o Qu'il était décédé antérieurement à la date de l'acte, c'est-àdire au 6 novembre 1734.

3o Qu'il exerçait, de son vivant, la profession de tapissier.

Si nous nous référons à l'Inventaire des archives communales, dressé par M. A. Thomas, nous trouvons, dans les registres de la paroisse de Saint Maurice, - qui comprenait dans sa circonscription le faubourg Manigne et le faubourg Boucherie, premier domicile des parents du futur curé de Teyjac, - le mariage de Joseph Nadaud, tapissier, et de Anne André, célébré sous la date du 17 janvier 1705. Plusieurs enfants naissent de ce mariage: Martial (mai 1706); Samuel-Psaumet (février 1710); Pierre-Joseph, baptisé le 21 novembre 1720. Mais ce Joseph est plus jeune d'une dizaine d'année que celui qui nous intéresse. - L'acte d'inhumation de l'abbé Nadaud, publié par nous dans notre notice sur les Anciens registres des paroisses de Limoges (1), et daté du6 octobre 1775, porte qu'il était alors âgé de soixante-cinq ans environ. C'est donc vers 1710 qu'il faut rechercher l'acte de son baptême.

Nous l'avons cherché et retrouvé sans peine aux registres de la paroisse de Saint-Maurice, où, malgré une annotation très apparente, et de la main même du curé de Teyjac, il avait échappé et à M. Antoine Thomas, et à nous même lors de notre premier dépouillement et aux autres personnes qui, avant nous, avaient étudié ces registres. L'abbé Roy-Pierrefitte paraît toutefois l'avoir

connu.

Voici l'acte en question, qui se lit au folio 110 verso du regis. tre coté GG 94:

Le treizieme jour de mars 1712, a eté baptisé Joseph, filz, né du jour d'hier, du legitime mariage de Joseph Nadaud, Me tapissier, et d'Anne André, ses pere et mere; le parrain: Mo Joseph Avril, docteur en médecine; la marrine Anne André, sa tante. Le parrein et marreine ont eté parrein et marrine du pere (?) et de la mere de l'enfant come ils le sont de l'enfant. D'AVRIL; ANNE ANDRÉ; LEDUC, curé.

En marge, on lit ces mots, écrits de la main même de l'abbé Nadaud, trois ans avant sa mort :

+ Curé de Teyjac. 1772.

Par une rencontre assez curieuse, le futur érudit était baptisé par un curé archéologue: M. Le Duc, qui a laissé quelques écrits,

(1) Page 23. Cet acte se trouve au registre de Saint-Michel-des-Lions. L'abbé Nadaud était mort le 5 octobre, dans une maison du faubourg Montmailler, chez des parents.

notamment une description de l'abbaye de Saint-Martial, citée par l'abbé Texier en note de sa réédition de la Dévotion des anciens chrétiens à Saint-Martial, avait recueilli, dans son presbytère, une certaine quantité de débris antiques, d'inscriptions surtout. Cette petite collection n'a pas été inutile aux travaux de Nadaud et de Legros, qui la mentionnent souvent. On sait même que le curé de SaintMaurice s'était amusé à tronquer une de ces inscriptions, pour en détourner le sens et y faire figurer son nom.

De toute évidence, Martial Nadaud, secrétaire greffier de l'Hôtel-de-Ville, que les Registres consulaires nous montrent installé le 10 avril 1737, n'est pas le père de Joseph Nadaud (1), — non plus que Philippe Nadaud, receveur des deniers communs en 1764 et années suivantes. Mais le père du futur curé de Teyjac, tapissier en 1705, 1706, 1710, 1712, 1720, ne pourrait-il pas, soit antérieurement à la première de ces dates, soit postérieurement à la dernière, avoir rempli, fût-ce par intérim, l'emploi de secrétaire greffier de la maison commune?

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Nos recherches sur ce point n'ont abouti qu'à un résultat négatif. Nous ne trouvons la mention d'aucun Nadaud exerçant les fonctions de secrétaire de la ville avant 1737,- malgré la date de 1733 donnée par le Nobiliaire.— Il va sans dire que les Registres consulaires n'en font pas mention. Or, il nous semble (sans que nous puissions l'affirmer absolument), que la série des greffiers municipaux fournie par ces registres est complète entre 1650 et 1750.

En effet, à J. Descordes, qui a occupé l'emploi durant la seconde moitié presque tout entière du xvir siècle, succède Pierre Grasmaignac, qu'on trouve en fonctions le 6 avril 1695 et auquel succède Joseph Grasmaignac, vraisemblablement son fils ou son frère. Celui-ci figure aux registres des délibérations avec le titre de secrétaire-greffier, à partir du mois de mai 1703. Il meurt en 1710: le 9 mai de la dite année, un sieur Monneyron remplit l'intérim; puis Etienne Grasmaignac, frère de Joseph, se fait pourvoir de l'office vacant. Les provisions sont datées du 28 septembre 1710 et le corps municipal installe Etienne le 23 octobre suivant. On le voit remplir ses fonctions avec le titre de greffier en chef de la maison de ville (Reg. de St-Jean en St-Etienne, 1er juin 1713), jusqu'à la suppression des offices municipaux par l'édit de juin 1717. Le 5 décembre 1717, Hyacinthe Paillier est investi par les consuls de la charge, qu'il garde jusqu'au 10 avril 1737, date de son remplacement par Martial Nadaud. Entre temps, J.-B. Boisse, greffier de la

(1) Il pourrait être son frère, nous avons cité plus haut un Martial Nadaud, fils de Joseph et né en 1706.

sénéchaussée, s'est fait pourvoir de l'office de conseiller du Roi, secrétaire de l'hôtel-de-ville, par lettres royales du 16 décembre 1723, et a été, conformément à ces lettres, installé dans lesdites fonctions le 24 janvier 1724; mais, dès le 7 décembre 1725, on voit reparaître au registre le nom, la signature et la déplorable orthographe de Paillier.

Jacques Nadaud, mentionné à la seconde des pièces dont il est parlé plus haut, est, selon toute apparence, l'oncle de l'érudit. On le trouve curé de Saint-Léger-la-Montagne dès 1725 (Registres paroissiaux de Limoges, Archives communales, G G 95). Il n'est donc pas le fils de Joseph Nadaud et de Anne André, mariés en 1705.

Quant à l'abbé Joseph Nadaud, il était entré au séminaire après avoir étudié la philosophie chez les Dominicains, sous le P. Glise. Il devint vicaire à Saint-Pardoux-Lavaud en 1736 ou 1737, el quelques années plus tard, il obtint la cure de Saint-Léger-la Montagne, sans doute après la mort ou la résignation de son oncle. Il administrait encore cette paroisse en 1752, comme l'atteste cette inscription, que M. l'abbé Lecler a relevée sur la cloche de cette église et qu'il a bien voulu nous communiquer :

M. Joseph Nadaud, curé.

M. Mathurin Ducoudier, juge.

Parrain M. Pierre-Antoine Rebeyrotte (?) [Peut-être Reboyrolle] sieur de La Besse, lieutenant de Razès, époux de Dle Thérèse Ducoudier.

Marraine De Françoise-Agathe de Savignac, epouse de Mr Léonard Ducoudier, notaire royal.

Jean Martiallet, scindic. 1752.

Louis GUIBERT.

UN PRÉTENDU PORTRAIT DE M.-A. MURET

Dans son intéressante étude sur l'abbé Vitrac (Limoges, Ducourtieux, 1888), ce laborieux et estimable écrivain limousin, qui nous a laissé des Notes sur les auteurs limousins, dont nous possédons le manuscrit à la suite d'Auguste Du Boys, le savant président de la Sociéte archéologique du Limousin, M. l'abbé Arbellot, dit (p. 20, II, Bibliographie): « Nous avons de lui: 1o Eloge de Marc Antoine Muret, orateur des papes et citoyen romain, prononcé le 23 août 1774, par l'abbé Vitrac, professeur d'humanités. Limoges, Martial Barbou, 1774, in-8°.

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.....

L'abbé Vitrac a mis en tête de ce discours une gravure représentant un ecclésiastique, et, au bas du portrait, une inscription en caractères romains qu'il a ajoutée à la gravure: MARCUS ANTONIUS MURETUS. Or, ce n'est point là un portrait de Muret; si l'abbé Vitrac avait eu l'attention de lire l'inscription en petits caractères italiques qui se trouve au bas de la gravure, il aurait vu ces mots J. Hainzelman ad vivum del. et sc. à Paris, 1681 (J. Hain zelman a dessiné et gravé [ce portrait] d'après nature à Paris en 1681). Ce portrait est donc celui d'un ecclésiastique postérieur d'un siècle à Muret, et probablement de quelque membre de la famille Muret que l'abbé Vitrac aura confondu avec Marc-Antoine..... >>

Nous avons souligné postérieur d'un siècle à Muret, car il est très probable (nous sommes étonné que M. l'abbé Arbellot n'y ait pas songé) que cet ecclésiastique du nom de Muret est le personnage appelé par les Biographies Michaud et Didot: MURET (Pierre), né à Cannes, mort vers 1690, qui entra dans la congrégation de l'Oratoire, puis vint à Paris, où il fit ses études de théologie, y reçut la prêtrise et se fit bientôt connaître par ses sermons. Il accompagna à Madrid, en 1666 et 1667, l'archevêque d'Embrun, Georges d'Aubusson de La Feuillade.

M. Morel Fatio, l'érudit qui nous a fait connaître tant de documents importants intéressant la France et conservés dans les

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