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il se laissa nommer juge au tribunal de Wissembourg (1867), d'où il fut envoyé bientôt à celui de Schlestadt. Les trois années qu'il passa en Alsace ne furent point tout-à-fait perdues pour 1: science, car elles lui permirent de visiter l'Allemagne rhénane et de consigner sur ses calepins, comme quelques années plus tôt en Espagne, bon nombre d'observations archéologiques dont il comptait sans doute tirer parti plus tard, quand l'heure serait venue de rédiger son histoire de la Marche.

Mais cette heure ne vint pas. La guerre franco-allemande obligea Bosvieux à quitter Schlestadt. Il se réfugia dans sa ville natale, où il mourut quelques mois après, le 31 mai 1871.

Bosvieux a légué ses cartons aux archives départementales de la Haute-Vienne. C'est là seulement que l'on peut apprendre au juste ce qu'a fait cet infatigable travailleur et apprécier l'étendue de ses recherches et leur profondeur (1). Nous ferions sourire les érudits de profession si nous disions, selon la formule habituelle, qu'il a tout su, tout connu. Non certes, mais il a su et connu plus que personne sur le domaine qu'il avait choisi, parce qu'il n'a négligé aucune des sources d'information qui existaient pour lui et qu'il a pris intérêt à toutes les manifestations de l'activité humaine dans le passé. Mais sauf un Dictionnaire topographique de la Creuse, que l'on pourrait éditer sous sa forme actuelle (490 pages, in-4°) (2), sauf le carton où il a réuni tout ce qu'il avait pu trouver sur Saint-Yrieix dont il voulait aussi écrire l'histoire, sauf les diverses publications que nous énumérons plus loin, Bosvieux n'a rien achevé. Il était du nombre de ceux qui, préoccupés de tout recueillir, ne se pressent point de rédiger, oublieux de ce prudent adage des ancêtres, que « rien n'est plus certain que la mort et rien plus incertain que l'heure d'icelle ».

La liste des courtes productions de Bosvieux n'a point encore été

(1) M. Jean de Cessac a été chargé par l'Ecole des chartes de rédiger l'inventaire de ce fonds. Ce travail est terminé et forme un beau volume manuscrit de 376 pages in-40o qui sera publié un jour. Les matières sont réparties sous scize chefs différents A. Géographie physique et politique. B. Agriculture. C. Industrie. D. Langage. E. Coutumes et chartes communales. F. Administration. G. Évènements généraux. Histoire des vicomtes de Limoges. H. Histoire des comtes de la Marche et des vicomtes de Combraille. I. Justice. J. Fiefs et familles. K. Établissements religieux. L. Dictionnaire historique des communes. M. Archéologie. N. Hagiographie et biographie. 0. Finances. P. Bibliographie. Q. Mélanges.

(2) Depuis 1885, M. l'abbé Lecler publie dans l'Annuaire-Almanach de la Creuse, édité par M. Ducourtieux des Notes pour un Dictionnaire topographique, archéologique et historique de la Creuse qui ont pour fondement le Dictionnaire de Bosvieux.

dressée d'une manière satisfaisante. Celle qui suit pourrait bien. être complète. Son premier travail est une ébauche de l'Histoire de Saint-Yrieir, qui parut en partie seulement dans le Frelon, journal de l'arrondissement de Saint-Yrieix (1850-1851).

Bosvieux collaborait déjà au bulletin de la Société archéologique du Limousin, où dès 1851 (t. III, p. 155 et suiv. (1), il donnait des Extraits du registre consulaire de Saint-Yrieix, que l'on conserve aux archives départementales de la Haute-Vienne; et en 1852 des Détails relatifs aux guerres de religion en Limousin (t. IV, p. 39 et suiv.) Ce sont en somme des extraits du Journal des deux Jarrige. Au tome V qui porte le millésime de 1855, nous trouvons de lui une notice sur les Bains romains d'Evaux, qu'il avait déjà donnée (sous une autre forme peut-être), au Conciliateur, journal des intérêts de la Creuse, 4 août 1853 et 8 mars 1855.

Il collabora également aux Mémoires de la Société des Sciences de Guéret, où il inséra seulement des documents: 1° Documents relatifs aux arrière-bans de la province de la Marche (t. II, p. 122 et suiv.); 2° Installation de M. Foucaud de Saint-Germain-Beaupré, gouverneur de la Haute et Basse Marche (t. II, p. 312 et suiv.); 3° Documents relatifs aux confréries de la province de la Marche (t. II, p. 414 et suiv.); 4° Vita beati Gaufredi (t. III, p. 75 et suiv.) qu'il publia aussi à part avec l'introduction sous la date de 1858 (2). C'est la vie de saint Geoffroi de Noth, prieur du Chalard (x1° siècle).

En 1855, il avait réédité à Guéret le Brief discours sur la deffaicte des Huguenots advenue le 10 juin 1588 au pais et comté de la Haute-Marche. La préface contient malheureusement plusieurs erreurs de faits.

Dans un Rapport au conseil général de la Creuse, 1862 (96 pp., in-8), Bosvieux étudia les anciennes circonscriptions du département et donna le relevé des juridictions civiles, ecclésiastiques et autres qui avaient disparu en 1790. Ce rapport est devenu à peu près introuvable.

Dans un nouveau Rapport au conseil général, à l'occasion de la session de 1863 (36 pp. in-8°), il dressa une bibliographie des Ouvrages historiques relatifs à la Creuse. Il reprit bientôt ce travail en vue du Congrès archéologique qui se tint à Guéret en 1865, et publia, en 1866, sa Bibliothèque de la Creuse: essai bibliographique, resté inachevé (80 pages in-8°) (3).

(1) Ce tome III porte le millésime de 1848, mais il est facile de voir par le contenu des pages 163 et suiv. qu'il fut publié au plus tôt en 1852. Bosvieux y prend d'ailleurs le titre d'élève de l'Ecole des Chartes.

(2) La date du Bulletin est 1862, mais c'est celle de la dernière livraison. (3) Contrairement à ce que dit l'Almanach limousin, ce travail ne figure pas dans le volume que publia le Congrès archéologique de Guéret.

Avant de quitter Guéret, Bosvieux avait collaboré aux premiers fascicules de Nobiliaire Limousin, aux Monastères du Limousin et de la Marche, de l'abbé Roy-Pierrefitte, et rédigé en partie l'Inventaire de la série C des Archives départementales de la Creuse. Cette partie de l'inventaire, qui forme cinq feuilles in-4o, n'a été publiée définitivement, avec sa continuation, qu'en 1885.

Aux archives d'Agen, Bosvieux s'occupa de la série B, et les douze feuilles in-4° qu'il a rédigées figurent également sous son nom dans le volume d'Inventaire des Archives départementales de Lot-etGaronne, publié en 1878.

On sait que Bosvieux a décrit quelque part les Reliquaires de Malval, mais on ignore et le lieu et la date de ce travail.

En 1866, la librairie Dugenest, de Guéret, donna encore sous son nom: Le Château de Monneyroux à Guéret et ses différents propriétaires, brochure de 15 pages in-8°.

Enfin, en 1886, a paru à Tulle, chez Crauffon, un volume de Chartes, Chroniques et Mémoriaux pour servir à l'histoire de la Marche et du Limousin, par Alfred Leroux et feu Auguste Bosvieux. Les chroniques empruntées aux cartons de Bosvieux occupent les pages 253-315.

La bibliothèque de Bosvieux a été vendue aux enchères par les soins de la librairie Claudin de Paris en décembre 1887. Une bonne partie de ce qu'elle contenait est ainsi entrée à la bibliothèque communale de Limoges, grâce à un crédit de 3,000 francs volé à temps par le conseil municipal. Le reste s'est éparpillé dans quelques collections publiques et privées, en particulier dans celle de M. Tandeau de Marsac, notaire à Paris. Les 1213 articles qu'énumérait le Catalogue restent comme un témoignage du soin et de l'intelligence qu'avait mis Bosvieux à recueillir ces épaves du passé.

Les quatre noms du XIXe siècle qui viennent de nous occuper se présentent à nous avec des mérites fort divers et des travaux de valeur assez inégale. Mais tous nous rappellent des fonctionnaires qui ont creusé plus profondément que d'autres leur sillon professionnel dans notre province. Ils n'en ont été récompensés ni par le profit qu'ils étaient en droit de tirer de leurs travaux, ni par la notoriété et l'estime qu'ils méritaient si bien. Leurs noms peuvent être ajoutés à la liste de ceux qui passent ici-bas pour faire oublier la foule des ambitieux incapables, des ignorants et des oisifs.

Alfred LEROUX.

DE

MARC-ANTOINE MURET

ET DOCUMENTS LE CONCERNANT

Transcrits aux Archives de Mantoue et de Rome

PAR A. BERTOLOTTI

A l'époque où j'étais archiviste à Rome, j'eus à m'occuper du célèbre professeur limousin Marc-Antoine Muret. Je fus assez heureux pour découvrir son testament, celui de son héritier et d'autres documents le concernant. Envoyé aux archives de Mantoue, j'y trouvai diverses lettres de Muret dans la correspondance de Guillaume Gonzague, duc de Mantoue. Dans l'espoir que ces matériaux pourraient être utiles à la biographie de l'illustre Limousin et intéresseraient ses compatriotes, je les transcrivis je les offre aujourd'hui, comme un témoignage de sympathie et d'estime, à la Société archéologique et historique de sa province natale, qui conserve si bien le dépôt de la science du passé (1).

Dans le recueil que je donne ci-après, figurent neuf lettres

(1) La Société archéologique et historique du Limousin tient à exprimer loute sa gratitude à son savant et libéral correspondant pour son très précieux envoi. Elle lui renouvelle ici les remerciements que son Secrétaire général a été déjà chargé de lui adresser. Elle doit aussi des remerciements à M. Charles Dejob, docteur és-lettres, maitre de conférences à la Sorbonne, auteur d'un très intéressant livre sur Muret (un Professeur français en Italie dans la seconde moitié du xvic siècle), qui a bien voulu examiner ces lettres et s'est assuré qu'elles sont inédites.

autographes de Muret, toutes adressées au due de Mantoue, moins une seule, écrite à l'ambassadeur de ce prince à Rome. Elles sont datées de cette dernière ville et de Tivoli, et établissent que le duc avait chargé le célèbre professeur de composer des hymnes sacrés, que ces poésies furent toujours bien accueillies et que le poète en fut généreusement récompensé. La première de ces lettres est en date du 25 septembre 1570; la dernière du 2 décembre 1580.

Le premier des documents que j'ai joints à ces lettres est le privilège accordé, par Muret, à deux typographes Parisiens pour l'impression de ses œuvres (12 juillet 1579).-Vientensuite son testament, en date du 19 mai 1585. Il nous apprend que l'orateurdes papes a choisi, pour y être inhumé, l'église des religieux de saint François, au Monte-Pincio. Dans ce testament, Muret dicte luimême les termes de son épitaphe et désigne, pour son héritier universel, un sien neveu du même nom que lui et fils de son frère. Les cardinaux de Sens et de Saint-Etienne au MonteCelio sont nommés ses exécuteurs testamentaires.

L'héritier de Marc-Antoine, bien que fort jeune, ne tarda pas à suivre son oucle dans la tombe; à son exemple, il fit son testament le 14 mars 1586, moins d'un an après le célèbre professeur. Dans ce testament figurent des legs pour sa mère, Anne, et pour deux sœurs qui habitent Limoges, mais dont il ne donne pas les noms. Le neveu de Muret lègue au Collège romain tous les livres de sa bibliothèque. Il fait d'assez importantes libéralités aux Jésuites et à diverses congrégations.

Je note encore dans ce testament une somme pour doter une vingtaine d'orphelines pauvres, et divers autres legs de bienfai

sance.

Le neveu de Muret institue pour ses héritiers universels ses «fidèles et illustres amis » Louis Ryvaldi Rivaud son compatriote, archidiacre de Venise, et Marc-Antoine Lanfranco de Vérone.

Ajoutons que le notaire chargé de dresser l'instrument des dernières volontés des deux Muret est un clerc du diocèse de Limoges résidant à Rome: Jean Junien.

On trouvera à la suite de ce dernier testament les inscriptions sépulcrales destinées à rappeler le souvenir des deux MarcAntoine Muret qui font l'objet de ce petit recueil.

A. BERTOLOTTI,

Archiviste de l'État, à Mantoue.

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