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menses serait venue jusqu'à nous, d'autres cavernes moins vastes et plus éloignées ne nous sont-elles pas connues?

Les pierres n'ont pas conservé, il est vrai, leur rudesse naturelle, mais la hache n'a qu'à peine dégrossi leurs panneaux, et la taille à prisme rectangulaire est une élégante mais peu fidèle description de ces pierres grossièrement travaillées.

La rigole me paraît être simplement une entaillure destinée à recevoir le tenon d'une pierre superposée.

Qu'est-ce qu'une rigole? C'est une ouverture longue, étroite, creusée dans une pierre de taille pour conduire un liquide quel qu'il soit; or, la susdite rigole n'a pas d'issue. Si je suis dans l'erreur, cette entaille très-peu profonde (4 centimètres) est inexplicable et restera pour moi inexpliquée jusqu'à de nouvelles découvertes; en attendant, je la range dans la catégorie des difficultés que de plus nombreuses observations feront peut-être surmonter un jour, si elles peuvent jamais l'être, car il en est qui seront à toujours insolubles.

La déclivité vers l'un des angles dont les arêtes sont abattues à chanfrains creux se traduit, en style prosaïque, par écornement d'un des angles résultant d'un choc ou d'un coup de marteau.

La galerie funèbre contenant un amas confus de débris humains jetés pêle-mêle, n'est pas autre chose qu'une tranchée mal faite profonde d'un mètre environ, large d'un mètre aussi environ, où se rencontre, non pas couchés, mais disséminés et en petite quantité des ossements brisés.

Je me suis expliqué ce bouleversement par la probabilité que ce cimetière a reçu les corps d'hommes qui professaient le Paganisme, et que lors de l'établissement du Christianisme on détruisit, par ordre des rois et des empereurs, tout ce qui était relatif au culte aboli. Je reconnais cependant qu'on peut m'objecter que les pots toujours placés, dit M. Dumesnil, près de la tête, indiqueraient que les morts étaient chrétiens, parce qu'il était d'usage, dans la primi

tive église, de mettre à la tête des morts en les inhumant des pots renfermant des charbons, de l'eau bénite, de l'encens, usage qui n'a passé que dans le xine siècle. On peut encore supposer que les fosses ont été ouvertes et fouillées précédemment, bien que le souvenir de ces fouilles antérieures soit depuis longtemps perdu.

- Au pied de la falaise gisait l'auge ou le cercueil en pierre, brisée en plusieurs morceaux.

Des fouilles et des sondages furent faits devant moi, mais après quatre heures au moins employées à un travail infructueux, fatigués nous restrâmes à Framerville où M. Dumesnil donna une aimable hospitalité à M. l'abbé Poiré et à son collègue d'Amiens.

Notre dévoué confrère et M. Dumesnil sont dans la ferme intention de poursuivre leurs recherches; ils m'ont promis de me tenir au courant de ce qu'ils récolteront, si toute fois récolte il y a.

Je finis en remerciant M. Dumesnil de l'invitation qu'il a faite à la Société et je félicite M. l'abbé Poiré de l'initiative qu'il a prise dans cette affaire, qui n'est pas terminée, nous l'espérons.

Framerville, Framville, Frameri Villa en 1170, est un village d'époque française, situé auprès de la route d'Amiens à Péronne et à deux myriamètres de cette dernière ville. Au Cartulaire de Lihons (Lihons-en-Santerre, ancienne ville), il est cité sous les noms de Frainville et de Frainiville, qui signifieraient une habitation élevée au milieu des frênes ou franies, selon l'orthographe du temps.

RAPPORT DE M. BAZOT, TRÉSORIER,

SUR DES

MONNAIES TROUVÉES A THÉZY-GLIMONT, (Canton de Sains, arrond' d'Amiens.)

Le 24 avril dernier, un ouvrier employé à terrasser dans la cour du château de M. de Thézy, trouva des monnaies d'or et d'ar

gent renfermées dans un pot de terre enfoui à une profondeur de quinze centimètres: le pot contenant ces pièces métalliques fut involontairement brisé par l'ouvrier qui n'en conserva aucun fragment.

Informée de cette trouvaille, la Société envoya sur les lieux deux de ses membres, MM. Antoine et Bazot; arrivés à Thézy, ces deux commissaires ne purent voir le trésor, son propriétaire, M. de Thézy était absent; mais M. le curé de l'endroit, l'abbé Deguehegny qu'ils rencontrèrent, d'une amabilité parfaite, leur communiqua, de la meilleure grâce du monde, l'inventaire dressé par lui au moment de la découverte.

La description aussi minutieuse qu'intelligente des pièces, l'interprétation des abréviations des légendes faites avec autant de soin que de savoir, révélèrent à vos délégués, dans M. l'abbé Deguehegny, un amateur distingué, sinon un véritable numismatiste: son travail leur apprit que les pièces trouvées n'avaient qu'un bien petit mérite d'ancienneté, qu'elles étaient communes, et que leur conservation laissait à désirer. La trouvaille n'a que ceci de remarquable, elle comprend toute la quatrième branche, dite deuxième des Valois.

Cinq effigies de rois figurent dans ce trésor: quatre rois de France, un roi d'Espagne, dans les proportions suivantes :

FRANÇOIS Ier.

(Un escu d'or, trois testons).

Un teston porte cette sentence pieuse, assez rare; NO NOBIS DN SED: NOI: TUO DA: GLORIA: pour NON NOBIS DOMINE, SED NOMINI TUO DA GLORIAM.

Un autre teston a été frappé avec la devise monétaire du duché

de Bretagne, Deus: in adjutorium meum intende, tirée du psaume XXXVII vt 23.

François Ier, en régularisant l'emploi de la lettre monétaire par son ordonnance du 14 janvier 1539, imita en cela les Romains, nos maîtres.

Les initiales indicatives des ateliers monétaires apparurent vers la fin du e siècle, sur les monnaies d'Aurélien. Cet usage devint plus général sous Probus et les autres successeurs d'Aurélien. Cependant ces marques communes sur le bronze, se voient moins habituellement sur l'argent et sont très-rares sur l'or.

C'est à la circonstance du menton rasé ou du menton barbu’qu'on reconnaît les testons de ce roi, frappés avant ou après 1520. Dans cette année, à la fête des 10is, François Ier blessé par le capitaine de Lorges au siége simulé à Romorantin, fit couper ses cheveux et laissa pousser sa barbe.

C'est encore sous François de Valois, comte d'Angoulême devenu roi de France et premier du nom, qu'on voit pour la première fois la couronne fermée sur les monnaies royales.

HENRI II.

(Neuf testons).

Ils proviennent ainsi que l'indiquent les lettres monétaires R. G. M. A. D. N. L. des ateliers de Lyon, Orléans, Montpellier, Paris, Poitiers, Bayonne, Toulouse.

Ce roi qui, selon Mezerai et Brantôme, eût été sans défaut s'il eût eu l'âme aussi bien faite que le corps, introduisit l'usage d'indiquer sur les monnaies le millésime et le numéro d'ordre des rois du même prénom.

L'administration des monnaies reçut sous Henri II une organisation nouvelle, et dans l'édit daté de Fontainebleau du 3 mars 1554, le premier qui ait réglé la matière avec une certaine éten

due, on trouve indiqué, article 1er, parmi les ateliers dans lesquels la fabrication doit être faite, celui d'Amiens.

CHARLES IX.

(Un escu d'or, vingt testons, deux douzains ou sols tournois).

Deux des vingt testons sont de l'année 1574, du côté de l'effigie; il y a, nous a dit M. l'abbé Deguehegny, un D et à côté A M en caractères plus petits et il nous a demandé si ces deux lettres ne seraient pas une abréviation de AMBIANUM. Nous lui avons répondu que nous ne le pensions pas. L'ordonnance du 14 janvier 1539 fut respectée, ses prescriptions ont été suivies jusqu'à la suppression des ateliers monétaires de province. Les lettres monétaires furent jusqu'à ces derniers temps les seuls signes de reconnaissance l'usage d'indiquer par un monogramme, ou une abréviation, la monnoierie d'où sortaient les pièces mises en circulation n'étant plus suivi depuis longtemps.

Capétien qui n'eut aucune vertu pour racheter ses vices, Charles IX s'occupa peu des monnaies: il y a néanmoins de ses monnaies qui ont un caractère historique en ce qu'elles se rapportent à un grave événement de son règne : ce sont celles de l'année 1562. A cette époque le prince de Condé, chef actif et intrépide, à l'âme ardente el fière, que le danger ou l'adversité ne pouvait effrayer ni abattre, dédaignant les pusillanimes indécisions de son frère et la prudence de l'amiral de Coligny, fit une prise d'armes et, à la tête des Protestants, s'empara d'Orléans où il frappa monnaie pour solder ses troupes. Il se servit des coins du roi; mais, pour distinguer cette fabrication extra-légale, le maître des monnaies s'abstint de placer la lettre monétaire. Les pièces de 1562 qui ne présentent pas la lettre de l'atelier monétaire, c'est-à-dire l'R doivent donc être celles que fit frapper le prince de Condé.

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