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devoir vous transmettre à propos de la charte de 1293, charte qui a dû être approuvée, dit le texte, par le roi de France et par le Pape.

CHARTE sur parchemin in-plano, datée du mois. d'octobre 1293, contenant :

« Cession par l'abbaye de Joüarre, à Raoul de Clermont, connétable » de France, des moulin, ponts, ehaussée et droit de pesche appar» tenans à la dite abbaye. »

A tous ceux qui verront et orront ces presentes lettres, seur Alis par la devine permission abbesse de Jueurre, et tous li convens dou dit lieu Salut en nostre signeur. Sachant tuit que comme nous eussiens a Saint-Crist, molins, bordel pour peschier, la chaucie de Saint-Crist, les pons et la pescherie a nasses gisans devant la chaucie ou vivier nostre tres chier signeur Raoul de Clermont, connestable de France et signeur de Neelle. Et aveucques ce le vivier de Daumignon, et la chaucie et le bordel. Et ces choses desus dites nous fussent de grans coustemens a soutenir, et de petite value a nostre Eglise de Jueurre, et eussent este de lontemps. Nous de nos bonnes volentez sans nul contraignement pour le pourfit de nostre Eglise devant dite apparent, et par le conseil de bonnes gens. De toutes ces choses desus dites avons fait marchie au dit mon signeur Raoul au quel appartient la signourie des diz lieuz et la justice. En tele maniere que toutes les choses desus dites demourront et seront au dit mon signeur Raoul, et a ses hoirs, ou a ceus qui arroient cause daus, a tous jours, pour quarente et cinc livres de parisis chacun an a paier, a nous ou a nostre certain commandement, de li ou des siens ou de ceus qui aroient cause

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d'aus en la ville de Neelle, wit jours deuant la Natiuité Saint-Jeanbaptistre. Et se il avenoit par avanture que il ou si hoir ou cil qui de lui auroient cause defaussissent de celle paie faire, fust en tout fust en partie au jour desus dit, il seront tenu a nous rendre pour chacune journée que il defaudroient cinc sos de parisis en non de painne jusques a tant que toute la paie fust faite entierement et par cest marchie il est acorde de la volente dou dit mon signeur Raoul, que la prieuse qui démourra a Saint-Crist, ou li couvens habitans et demouranz en la maison que nostre Eglise a a SaintCrist devront et porront morre franchement aus diz molins chascune semainne, l'une parmi l'autre deus sestiers de ble a la mesure de Peronne, mais que ce soit pour aus user en la dite maison de Saint-Crist, et nient plus, et devront morre sans delai apres le premier qui aura commencie a morre. Encores est-il accorde dou dit mon signeur Raoul, que toutes les manieres de gent desus dite, et leur mainie, passent franchement alanz et venenz pour leur user et pour leur necessite sans paier chaucie au lieuz desus diz; et que les charrettes li home ou li cheval, ou les bestes menanz ou portans les biens ou les choses appartenens a l'uisage de nous et de nostre Eglise, ou alanz pour nous ou pour choses appartenens a nostre maison de Saint-Crist, porront aler et venir par les chaucies franchement sans paier riens de chaucie au dit lieu. Et est ancor acorde par sa volente que il paiera le farinage et le ble que l'en a acoustume a paier chacun an es diz molins, a toutes les personnes a cui on les doit ou devra paier, et li cens des diz molins seront au dit mon signeur Raoul tout quitte, et il nous aquitte trois sos de cens que nous li deviens seur les molins desus diz chascun Toutes ces choses, si comme elles sunt desus dites, premettons nous loialment et en bonne foi a tenir et a fermement garder, toutes ensemble et chascune par soi, sans aler encontre par nous ne par autre, en quelque manierre que ce soit; et li premettons

an.

les choses desus dites deffendre, desraignier, garantir et appaisier encontre tous et vers tous a mes propres cous. Et se il avenoit par avanture que il feist aucuns cous, ou receust aucuns dammages par la defaute de nostre garantise, nous volons que il ou si hoir ou cil qui auront cause de aus, en soient creu par leur simple parole sans autres preuves; et li permettons rendre et restablir et enteriner tous cous et tous dammages; et volons et hostroions que il s'en tiaigne seur toutes nos choses; et seur tous nos biens que nous avons a Saint-Crist et es-appartenences, ou a tous nos autres biens, les quiex nous li avons obligie, se il avenoit par avanture que nostre chose de Saint-Crist et des dites appartenances fussent vendues, engagies, arestees ou empeschies. Et quant a ce faire, tenir, enteriner, et acomplir, obliions nous au dit mon signeur Raoul et a ses hoirs, tous les biens de nostre Eglise meubles et non meubles presens et a avenir, en quelque lieu que il soient ou pourront estre trouvé, renonçans quant a ce fait a toutes aides de droit, de loi et de canon, de coustume de païs, de graces, de indulgences et de privileges empetrez et a empetrer, a toutes exceptions, barres, deffenses et deceptions, et tous angains par les quiex les dites choses porroient estre rappelees, decriees et destourbees, et anianties, et a ce que les dites choses ne soient faites pour le pourfit de nostre Eglise, et que nous ne puissions dire que nous soiens deceues en cest fait, et enseurque tout, an droit qui dit que generaus renunciation ne vaut. Et volons encores que il nous puisse contraindre ou faire contraindre par la prinse de nos biens temporeux par quelconques justice que il vorra des gens nostre signeur le roi de France, ou par li ou par ses gens de ce que nous tenons desous lui, a acomplir les dites convenances. - Et prions et requerons a tres excellent prince nostre chier signeur Phelippe, par la grace de Dieu roi de France, que il veille agreer et confermer cest marchie et les convenances contenues en ces

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presentes lettres. Et requerons et soupploions a rostre saint pere et signeur l'apostoile qui pour le tens sera, que il veille confermer et approuver toutes les convenances desus dites et chascune par soi; et donner ses lettres de la devant dite confirmation et approuvance, toutes les fois que il en sera requis par le porteeur de ces lettres sans autre mandement avoir, et es-quelles lettres la teneur de ceste lettre soit contenue mot a mot. Ou tesmoignage de laquele chose, nous Alis desus dite, abbesse de Jueurre, et tous li couvens dou dit lieu, avons fait seeller ces lettres de nos seaus. Faites et donnees l'an de grace mil deus (cens) quatre vins et tresze, ou mois de Octembre, le lundi apres feste Saint-Denise.

(Les sceaux ont disparu).

RAPPORT DE M. BAZOT, TRÉSORIER,

SUR LE

CIMETIÈRE MEROVINGIEN OU FRANK

DE FRAMERVILLE.

En France les antiquités nationales ont trouvé dans toutes les anciennes provinces des explorateurs désintéressés que l'attrait irrésistible de l'étude d'un monde loin d'eux, entraîne vers les temps obscurs de notre histoire; que la conscience de rendre un service vrai à leur pays soutient dans leurs recherches trop souvent stériles. Le sol de la Picardie, particulièrement, est devenu, depuis un certain nombre d'années, l'objet de l'attention des archéologues, et des antiquaires du pays. Les découvertes qu'ils ont faites les excitent à de nouvelles découvertes et chacun d'eux constate avec autant de joie que d'empressement, par la voie de la

presse, l'existence des ruines qu'il rencontre, des débris qu'il dé

couvre.

La Société des Antiquaires de Picardie, par ses excursions, ses fouilles, ses publications, a vulgarisé la science archéologique ; et, s'il est vrai que la Picardie est la province qui a fait le plus et le mieux pour la science archéologique, la Société des Antiquaires a contribué pour une bonne part à mériter cet éloge. Grâce à elle, on a compris que les jouissances de cette science étaient éminemment patriotiques; le goût s'est formé et on a saisi avec avidité tout ce qui pouvait donner quelque connaissanee, quelque lumière sur l'antiquité; l'archéologie n'a jamais été si florissante que de nos jours. Maintes personnes qui, autrefois, auraient laissé couler avec une mortelle monotonie leurs jours de repos achetés au prix de longues années d'une vie de labeur, aujourd'hui viennent en aide à la Société et lui servent d'utiles auxiliaires, en unissant leurs efforts aux efforts de ses membres actifs, en fouillant avec eux dans la poussière des peuples primitifs; heureux qu'ils sont de consacrer leur reste d'activité et leur intelligence mûrie, à l'étude d'un passé plein d'intérêt, à recueillir les souvenirs des Gaulois, des Romains et des Franks, nos premiers ancêtres.

La raillerie tourne en ridicule les collectionneurs et les accuse de prendre pour l'amour de l'antique leur manie de recueillir, sans ordre, sans choix, prétend-elle, une foule de débris, souvent apocryphes, dont ils forment de prétendues collections, entassant sans goût les objets plus ou moins communs.

La critique s'attache à poursuivre les personnes modestes qui, sans avoir fait les études préparatoires nécessaires pour se livrer à des recherches hérissées de difficultés, s'occupent des temps anciens, et leur reproche de prendre des allures savantes alors qu'ils ne sont pas même des demi-savants.

Raillerie et critique ont grand tort, nous soutenons que tous les

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