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Séance du 10 Juin 1868.

Présidence de M. JOURDAIN.

M. Tailliar, de Douai, envoie à la Société un travail manuscrit sur la féodalité en Picardie, dont M. le Secrétaire perpétuel présente l'analyse.

Ce travail est renvoyé à la Commission de publication, pour être examiné au point de vue de son impression dans le prochain volume des Mémoires.

- L'ordre du jour appelle la lecture de diverses pièces relatives à la transmission du Musée des mains de la Commission de construction en celles de la Sociéte.

M. le Président fait connaitre un projet de réponse à M. le Préfet, par lequel il annonce à ce magistrat que l'ensemble de toute cette affaire est renvoyé à l'examen de la Commission de cession. Il rend compte, ensuite, oralement, des négociations tentées par lui avec M. le Maire d'Amiens, pour aboutir à un projet de cession du Musée à la Ville, en n'y mettant pour condition qu'un engagement préalable de conserver ce monument comme propriété communale affectée d'une manière permanente à l'usage de Musée. Il a le regret d'avoir, malgré l'énergie et l'insistance de ses efforts, été amené à reconnaître qu'il ne voyait pas moyen d'y réussir amiablement. En conséquence, il faut, selon lui, gagner du temps et persister dans une situation expectante.

-M. G. de Forceville demande la parole et représente que cette situation de légitime dignité qu'il ne méconnaît pas, ne doit pas empêcher la Société des Antiquaires d'user du droit de propriétaire dont elle n'a jamais été

dessaisie, et qui lui appartient plus que jamais, aujourd'hui que la démission de la Commission de construction laisse sans contrôle régulier l'administration du Musée. Il y a urgence, selon lui, pour la Société des Amis des Arts, d'être maintenue dans l'autorisation qui lui a été accordée administrativement par M. le Président de la Société de faire dans les galeries du Musée Napoléon son exposition de 1868, annoncée pour le 5 juillet.

Un membre contestant que cette autorisation eût été régulièrement donnée, la Société reprend la discussion sur cet incident; et, finalement, sur la mise aux voix par le Président, la Société décide qu'il y a lieu d'accorder (dans la limite de ses pourvoirs), à la Société des Amis des Arts, l'autorisation demandée par elle de tenir l'Exposition dans le Musée Napoléon.

- M. Jourdain expose ensuite qu'en présence des difficultés qu'il entrevoit de mener à bien et par la voie amiable, la mission qu'il avait acceptée, en prenant possession du fauteuil présidentiel, de remettre le Musée Napoléon à la ville d'Amiens, en sauvegardant la pensée constante de la Société de lui assurer à tout jamais le caractère de Musée communal confié, quant à l'Administration de ses collections, à la Société des Antiquaires de Picardie, il a résolu de se démettre de ses fonctions de président de la Société.

Cette résolution inattendue est vivement combattue par tous les membres présents à la séance. M. G. Rembauld demande spécialement la parole, et propose formellement à la Société de refuser d'accepter la démission de M. Jourdain. M. l'abbé Jourdain, dit-il, a constamment

mérité les éloges et les remerciements de la Société. Et, si sa dignité de Président lui parait exiger qu'il résigne ses fonctions, parce qu'il désespère de voir ses efforts couronnés par le succès de notre juste cause, la Société elle aussi a sa dignité à soutenir, et cette dignité consiste à ne pas se séparer de son Président. Donc la Société doit refuser d'accepter la démission de M. Jourdain. La Société tout entière applaudit à cette motion, et déclare à son Président qu'elle n'accepte pas sa retraite, mais le prie, au contraire, de continuer de rester à sa tête.

M. Peigné-Delacourt offre un exemplaire d'un travail imprimé sous le titre: Les Normands dans le Noyonnais au IX et au Xe siècle.

-M. Leleu est chargé de faire un rapport sur cet ouvrage.

- M. Bazot lit un rapport sur les médailles trouvées à Thésy. Elles sont, en majeure partie, de François Ier, Henri II et Philippe II, roi d'Espagne. Des remerciements sont dus à M. le curé Deguéhegny pour l'exactitude et la complaisance avec laquelle il a donné des renseignements à la Commission. (Voir p. 61.)

-La Commission chargée de s'entendre avec le propriétaire de Boves qui a mis à la disposition de la Société la pierre druidique dont il a été antérieurement parlé, demande qu'il lui soit alloué un crédit pour transférer cette pierre à Amiens, l'hiver prochain. Une somme

de 20 fr. est votée à cet effet.

M. l'abbé Poiré demande à être autorisé à continuer les fouilles commencées au cimetière mérovingiens nou

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vellement mis à jour à Framerville. Une somme de 100 fr. est mise à la disposition.

- M. Peigné-Delacourt demande à la Société de lui fournir les renseignements dont elle pourrait disposer sur les diverses localités de la Picardie, dont les noms commencent par l'initiale Bouch, telles que Bouchencamp, Bouchoir, Bouchavesne, Bouquemaison.... qui auraient servi, selon lui, d'étables aux bestiaux ou de parcs au gibier chez les Romains, conservant ici, comme en bien d'autres choses, les usages qu'ils avaient reçus des Gaulois.

- M. le Président propose d'examiner dans la prochaine séance s'il y aura cette année une séance publique, et à quelle date il conviendra de la placer.

Communication d'une Charte relative à le commune de SaintChrist (arrond. de Péronne), par M. A.-Gabriel REMBAULT, membre titulaire résidant.

MESSIEURS,

J'ai l'honneur de communiquer à la société des Antiquaires de Picardie une grande charte sur parchemin passée « l'an de grâce » mil (deux) cens quatre vins et tresze, ou mois de Octembre, le > lundi après feste Saint Denise. »

Cette charte appartient à une personne qui veut la conserver dans ses collections. J'ai vainement demandé au propriétaire la permission de vous l'offrir en son nom. Sur son refus, j'ai dû me contenter d'en faire faire une copie très-exacte que j'ai collationnée moi-même, mot pour mot. Je remets cette copie sur le bureau, et

j'espère que vous la publierez dans un prochain bulletin. Dans le cas contraire, je me réserverai la publication de ce document qui intéresse notre histoire locale.

La charte en question contient une cession faite par l'abbaye de Jouarre à Raoul de Clermont, seigneur de Nesle, connétable de France, des moulin, ponts, chaussée et droit de pêche qui appartenaient à cette abbaye dans la commune de Saint-Christ, près Péronne.

Dans son Nobiliaire du Beauvaisis, Simon dit :

« Raoul de Clermont II, sieur de Nesle, connétable, tué à la >> bataille de Courtray en 1302, avec son frère Guy, maréchal de » France, sieur de Breteuil. »

Le titre que j'ai l'honneur de vous présenter a donc précédé de neuf ans la mort du principal contractant, qui fut l'un des plus grands militaires de la Picardie.

La maison de Clermont-Nesle possédait encore au XIVe siècle la seigneurie de Briot (dépendance de St.-Christ). Cela résulte d'un aveu et dénombrement servi au Roi, le 21 juin 1385, par Jean, comte de Boulogne et d'Auvergne, de la baronnie de Briot appartenant à sa femme, Jeanne de Clermont-Nesle. Cet aveu a été produit en 1766, lors d'un procès entre le duc de Chaulnes, la ville de Péronne et les autres seigneurs riverains de la Somme, au sujet de l'empoissonnement des étangs de St.-Christ.

La réputation de ces étangs poissonneux s'étendait assez loin. Ainsi, dans l'échevinage tenu à Amiens le 10 février 1465, pour aviser aux honneurs et dons qui seront faits au comte de Charolais, connu sous le nom de Charles le Téméraire, il est décidé que:

On ira à Saint-Quentin et à Saint-Cry, pour le poisson querir. >> (Page 26. Entrées royales et princières dans Amiens, par M. A. Dubois. Amiens 1868.)

Tels sont, Messieurs, les quelques renseignements que j'ai cru

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