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Fr 42.23

HARVARD COLLEGE

MAY 18 1922

LIBRARY

F. C. LOWELL FUND

DE LA

SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE.

COMITÉ CENTRAL.

Séance du 14 Janvier 1868.

Présidence de M. SALMON, vice-président.

L'ordre du jour appelle l'installation du Bureau qui se compose, pour l'année 1868, de MM. l'abbé JOURDAIN, président; BAZOT, vice-président; VION, secrétaire-annuel, élus dans la séance du 10 décembre 1867.

M. Salmon prononce l'allocution suivante :

MESSIEURS,

Je ne puis quitter ce fauteuil que des circonstances imprévues et bien indépendantes de ma volonté m'ont fait occuper seul pendant près d'une année, sans vous remercier du bienveillant concours par lequel vous m'avez rendu faciles des fonctions qui, pour moi plus que pour tout autre, auraient présenté de grandes difficultés.

Ces remerciements, Messieurs, ne vous les dois-je pas d'ailleurs pour les suffrages qui, pendant cinq ans, m'ont maintenu à un poste dont l'amitié la plus indulgente pouvait seule me juger digne. Ce

pošte, du reste et je me hâte de le dire, dans ma pensée comme dans la vôtre sans doute, ne devait être qu'une sinécure. Vous connaissiez le zèle et l'infatigable activité du collègue que vous aviez appelé à l'honneur de vous présider et, sous son habile direction, il était naturel de penser que notre Compagnie n'avait besoin de trouver dans son Vice-Président qu'une bonne volonté un peu passive qui semblait n'avoir guère à craindre d'être mise à l'épreuve. Je n'ai pas besoin de vous rappeler les circonstances qui, en provoquant un éloignement regrettable, ont brusquement changé une situation que j'aurais voulu voir se continuer jusque la fin de notre mandat. Si je crois cependant y faire allusion, c'est pour vous remercier, Messieurs, de l'esprit de concorde et de modération qui vous a tous animés pendant les longues et importantes discussions qui ont rempli plusieurs de nos séances, discussions dans lesquelles a toujours régné la cordialité la plus parfaite et dont l'antagoniste et l'aigreur qui auraient pu si aisément s'y glisser, ont constamment été bannis.

En vous remerciant tous, Messieurs, du concours intelligent et dévoué que vous avez apporté à l'œuvre commune, je dois spécialement un témoignage de gratitude aux autres membres du Bureau qui ont bien voulu me seconder l'un en présidant, comme doyen d'ancienneté, deux séances où j'avais été dans l'impossibilité de me rendre, l'autre par le soin et l'exactitude avec lesquels il a rédigé ses nombreux et importants procès-verbaux. Je dois surtout remer cier notre excellent Secrétaire-perpétuel, dont la Société se plaisait, au commencement de l'année, à reconnaître par un vote unanime de remerciements les services exceptionnels et dévoués qu'une distinction bien méritée est venue récompenser le 30 août dernier.

L'année qui vient de s'écouler, Messieurs, ai-je besoin de vous le rappeler, a été laborieuse et difficile. Vous avez montré par votre unanimité dans le dissentiment fâcheux qui s'est élevé entre la ville d'Amiens et la Société des Antiquaires de Picardie, la fidélité avec

laquelle vous entendiez maintenir la lettre et l'esprit de nos engagements. Le résultat de nos délibérations sur l'avenir du Musée Napoléon prouve une fois encore la vérité du proverbe l'Union fait la force. J'aime à croire que la solution de ce grave différend viendra un jour, dans le sens que nous souhaitons tous, confirmer cet autre adage: Labor improbus omnia vincit.

Cette solution tant désirée nous la devrons sans doute aux dévoués collègues que vous avez choisis pour composer le Bureau de 1868. Leur zèle nous est connu, ils en ont donné de bonnes preuves et tout nous fait espérer que leur sagesse et leur prudence sauront mener l'œuvre à son terme et atteindre le but qui sera la réalisation de nos vœux, en même temps que celle de nos engagements: la communalisation, (permettez-moi ce mot créé pour la circonstance par un des plus habiles administrateurs qu'ait eus notre ville; je n'en trouve pas d'autre qui rende aussi bien ma pensée) la communalisation du Musée Napoléon.

Les nombreuses préoccupations qui ont assailli notre Société pendant le cours de l'année qui s'achève, ne lui ont pas fait négliger néanmoins les études qui sont l'une de ses principales missions. Cette année, Messieurs, vous pourrez, espérons le, vous y consacrer exclusivement; et, pour en avoir l'assurance, je n'ai besoin que de connaître les noms de ceux de nos collègues que vous avez choisis pour composer votre Bureau: sous la direction de l'un des savants auteurs des Stalles de la Cathédrale d'Amiens, avec le concours que lui apportent le judicieux numismate qui est chargé de le seconder et l'habile écrivain auquel nous devons l'Histoire de Pierre l'Hermite, la Société des Antiquaires de Picardie ne pourra que s'appliquer avec un redoublement de zèle et d'activité aux travaux si attachants et si variés que lui prescrit sa devise: Nosce patriam.

M. l'abbé Jourdain, président élu, prend place au fauteuil et s'exprime ainsi :

MESSIEURS,

C'est bien à propos que la noble devise de notre blason vient d'être rappelée. Le but essentiel de notre institution et le programme de tous nos devoirs est renfermé dans ces deux mots: Nosce patriam ! Je m'y attache; et je veux commencer par vous parler d'une question qui se rencontre la première sur le chemin de ma pensée, quoique contenue dans le second seulement des deux mois de notre devise, Patriam....

La raison de notre répugnance à voir passer le Musée, des mains de la Ville, en d'autres mains, tient, on l'a dit mille fois, à un sentiment patriotique, à ce sentiment inné et persistant qui nous fait voir quelque chose de ce que nous aimons le mieux: la patrie, la patrie comme en détail, dans ces tombeaux, dans ces vases, dans ces manuscrits, dans ces chartes arrachés à l'oubli, et survivants ranimés par nous, de nos chers aïeux.

Or, ce sentiment, Messieurs, dites-moi s'il ne s'attachera pas un jour, s'il ne s'attache pas déjà à ces pierres amoncelées et mises en sublime ordonnance sous la savante inspiration d'un groupe d'hommes que nous sommes heurenx et fiers de saluer dans nos rangs comme les courageux édificateurs qui ont, je ne dis pas, donné sa pareille à l'œuvre sans pareil de Robert de Luzarches, mais qui ont posé hardiment dans nos murs la question de savoir lequel est le plus beau de l'art gothique ou de l'art grec; dites-moi si le Musée Napoléon, cette autre grande œuvre née de l'amour de la science et de l'amour de la commune, ne doit pas tenir aux entrailles mêmes du pays, et être aimé comme le pays?...

Oui, et voilà, en dernière analyse, pourquoi Musée et collections, la grande ville d'Amiens a souhaité un jour de posséder tout cela, pourquoi elle nous a fait promettre de lui faire cession de tout cela à titre de donation; pourquoi, liés de notre côté par des engagements sérieux et poussés par l'enthousiasme de l'amour du pays,

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