Page images
PDF
EPUB

ministérielle dans l'accomplissement de la tâche difficile et glorieuse qu'elle avait acceptée. La Société des Antiquaires de Picardie ne peut manquer de vous comprendre, pour une très-large part, dans le témoignage de reconnaissance qu'il lui tarde de décerner solennellement aux auteurs de cette grande œuvre.

Agréez, je vous prie, M. le Conseiller d'Etat, l'assurance de la considération très-distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être...

A cette lettre il a été répondu par M. le Préfet, à la date du 21 février, la lettre suivante :

MONSIEUR,

MM. les membres de la Commission du Musée Napoléon m'ont, en effet, demandé, le 27 décembre, à l'exception de M. Dufour, leur président, à être relevés du mandat dont la Commission a été investie par l'arrêté de M. le Ministre de l'Intérieur en date du 6 février 1855.

J'ai transmis cette demande à Son Excellence, avec la délibération prise le 11 décembre 1867 par la Commission du Musée et contenant le compte des recettes et des dépenses faites dans l'intérêt de l'œuvre, jusqu'à la même date, par M. Guerlin, son trésorier. Je compte recevoir prochainement les instructions de Son Excellence et je m'empresserai alors de répondre plus complètement que je ne puis le faire aujourd'hui à la communication que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser.

Agréez. M. le Président, l'assurance de ma considération distinguée.

Le Conseiller d'Etat, Préfet de la Somme,

CORNUAU.

M. De Forceville expose que la Société des Amis des Arts du département de la Somme dont l'exposition

s'est trouvée retardée depuis deux années, aurait le désir de faire celle de 1868 dans une des galeries du Musée Napoléon, que cette circonstance est une raison de plus pour que la Société des Antiquaires accélère le moment où elle sera en pleine possession du Musée, et pourra donner, dans cette éventualité prochaine, une solution favorable.

M. le Président répond qu'il croit convenable d'attendre encore quelques jours, jusqu'à ce qu'une réponse de M. le Ministre de l'Intérieur soit transmise régulièrement par M. le Préfet.

MM. Dutilleux et Duvette demandent qu'aussitôt cette réponse connue, la Société soit convoquée d'urgence.

[ocr errors]

M. Hesse lit un rapport détaillé sur la situation financière de la Société et conclut par une série de propositions qui sont successivement adoptées, sauf la question relative aux publications, qui est renvoyée à l'examen collectif de la Commission des comptes, du trésorier et de la Commission de publication, pour devenir l'objet d'un rapport supplémentaire.

NOTE SUR JACQUES ROHAULT

PAR M. ARTHUR DEMARSY,

Membre titulaire non résidant.

Le dernier bulletin de la Société (1) renferme une communication intéressante de notre savant confrère M. Bazot, dans laquelle il

(1) 1867, page 372.

rectifie les dates de naissance et de mort d'un de nos compatriotes, Jacques Robault, physicien et mathématicien, né à Amiens, et que tous les biographes avaient, jusqu'à ce jour, fixé d'une manière erronée. Grâce à une note placée en tête d'un exemplaire de son Traité de Physique, et s'aidant des recherches de M. Dubois, M. Bazot a pu fixer la naissance de Jacques Rohault au 23 mai 1623, et son décès au dernier jour de décembre 1672. Seulement, sur ce dernier point, il a donné, d'après une communication de M. Rohault-Fleury, une copie inexacte de l'acte de décès. M. Jal, dans son Dictionnaire critique de Biographie et d'Histoire (1), avait déjà relevé l'erreur relative à la mort de notre compatriote, commise jusqu'à ce jour par tous ceux qui se sont occupés de la biographie de ce célèbre Picard, et il avait donné une copie de l'acte de décès qui, sans différer pour les faits, présente des variations de rédaction qui nous engagent à le transcrire ici tel qu'il le rapporte (2).

a Jacques Rohault, professeur ès-mathématiques, décédé en sa maison rue Quincampoix, le... décembre 1672, a esté inhumé le lendemain en nostre église, où ont assisté Mrs Clerselier, son beau-père et .. (incomplet. »

L'acte est transcrit sur le registre de Saint-Merry, au folio 30, après un acte qui déclare enterré le 1er janvier 1673 un homme décédé le 31 décembre 1672. La mort de Jacques Rohault doit donc être reportée au 31 décembre seulement et non au 30 ou au 31, comme M. Jal semble le supposer.

Quant au nom du témoin, que la copie communiquée à M. Bazot nomme Cerselier, son vrai nom est Claude Clerselier. C'était un avocat au parlement, qui maria sa fille Geneviève au personnage qui nous occupe (3).

(1) Paris, Plon, 1867, grand in-8°.

(2) Page 1075.

(3) Clerselier avait épousé, le 5 novembre 1630, Anne de Villelogeux,

Certains auteurs ont prétendu que les restes de Rohault avaient été portés à Saint-Etienne-du-Mont et mis dans le tombeau de Descartes, son maître et son ami, mais M. Jal, en déclarant qu'il n'a rencontré aucun acte rapportant cette translation, s'attache à combattre cette assertion qu'aucune preuve ne vient appuyer.

Rohault fut l'ami de Molière, qui avait dans sa bibliothèque un exemplaire de sa physique; c'est par son intermédiaire qu'il prêta au père de l'illustre comédien l'argent nécessaire à celui-ci pour faire réparer sa maison du pilier des halles (1).

Compiègne, 1 décembre 1867.

LETTRES relatives à Amiens, tirées des cartons de la Bibliothèque de l'Institut (carton no 271 et 272), et communiquées Par M. le marquis DE GODEFROY - MÉNILGLAISE.

I.

Lettre adressée d'Amiens au Garde-des-Sceaux Seguier, par le sieur DE NOYERS, le 12 juin 1633.

MONSEIGNEUR,

Le deplorable estat de ceste ville d'Amiens m'oblige à importuner vostre justice avant que je vous puisse rendre compte des effects de ma commission, ce que je differe jusqu'à ce que j'aie vuidé les

dont, suivant quelques personnes, il aurait eu quatorze enfants, quoiqu'on ne retrouve la trace que de quatre. Traducteur, éditeur et ami de Descartes, Clerselier composa une préface pour la physique de son gendre Rohault. (Jal. Op. cit. art. Clerselier).

(1) Les actes qui constatent ce fait ont été retrouvés par M. Eudore Soulié et publiés dans ses Recherches sur Molière et sa famille.

ouvrages qui sont à faire en ceste grande citadelle d'Amiens qui m'occupent depuis six jours. Mais comme le mal presse, je n'ay peu reffuser à ce pauvre peuple de le vous representer, affin qu'il vous plaise, Monseigneur, contribuer de vostre bonté à l'obtention des remedes qu'ils vont reclamer au Conseil.

La contagion qui deserta l'année derniere ceste belle ville emporta avec la vie d'un nombre infini d'habitans plus de cinquante mille escus des biens de l'Hostel de Ville et des capitations qu'ils firent sur eux en la maniere accoustumée dans tels rencontres; de sorte que les voilà endettés par dessus toutte créance et sans voir auscun moien de s'aquiter: mais la seule pauvreté leur eust esté tolerable, s'il eust pleu a Dieu retirer son fléau de sur eux. Le mal recommence, et desja il y a plus de trois cents contagiés dans leur maison de santé. Chaque nuict frappe six ou sept maisons, et n'estoit que ceux qui travaillent par commandement du maistre et non par election ne doivent rien craindre, desja j'aurés esté forcé par mes amis de quitter la partie et fuir le danger qui en verité n'est petit. Jugés, Monseigneur, quelle est la face de ce pauvre monde qui a devant les ieux le souvenir tout récent du ravage que fist l'année derniere ceste maladie, et qui voit toutte la ville tellement épuisée de moiens pour soulager leurs miseres, que si la bonté du Roy et vostre rare humanité ne leur done la main, il sont à la veille de se voir contrainctz d'abandoner tout ordre et la polyce qui ne se peult soustenir dans une necessité semblable à la leur qui ne leur done pas seulement de quoi nourir de pauvres capucins et aultres medecins spirituels dont l'entretenement leur est plus cher que celuy de ceux qui leur donent les remedes temporels.

Ils scavent que les charges de l'Estat ne permetent pas au Roy de subvenir aux particulieres necessités de ses villes; aussy ne pensent ils pas à en importuner Sa Majesté, mais seulement qu'il plaise au Conseil leur doner main levée de leurs deniers communs

« PreviousContinue »