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gneurs de Crèvecœur. Il possède des copies de diverses lettres adressées au Sénat de Venise par Henri de Bonnivet et par Henri Marc de Bonnivet, par lesquelles ces seigneurs offrent d'aller au secours de la République à la tête d'un corps d'armée de douze mille hommes levés sur leurs propres seigneuries. Ce chiffre énorme, surtout à une pareille époque, donne une idée exacte de la puissance et de l'état de la seigneurie de Crèvecœur. Le marquis Henri insère en outre dans ces documents écrits. en italien, des détails biographiques et généalogiques importants qui permettent de rectifier des erreurs historiques échappées à Moréri et à d'autres savants auteurs. M. Hubert possède en outre des lettres originales adressées par les rois de France au Sénat de Venise, afin de recommander particulièrement ces illustres membres de la maison de Gouffier.

La Société remercie M. Hubert de cette intéressanic communication.

-M. l'abbé Jumel appelle l'attention de la compagnie sur les pierres tombales placées dans les églises et la nécessité de les conserver au point de vue de l'histoire et de l'art. Il propose la nomination d'une commission spéciale, composée de laïques et d'ecclésiastiques: 1° Pour inventorier toutes les pierres tombales placées dans les églises; 2° pour veiller à leur entretien et à leur conservation; 3° pour leur donner une destination convcnable, lorsqu'un changement de place deviendrait nécessaire.

M. l'abbé Corblet fait remarquer qu'une commission a été formée en Belgique, non seulement pour relever les pierres tombales, mais pour inventerier tous les objets

qui offrent pour l'art et l'histoire un intérêt, et que cette commission poursuit son œuvre avec un plein succès. Il ne doute pas qu'un inventaire dressé avec soin ne fût chez nous, malgré les pertes immenses qu'ont faites nos églises, d'un grand intérêt encore. Mais une grande difficulté se présente. On ne saurait s'en rapporter aux renseignements qui seraient donnés. Il faudrait voir. Il demande si l'on trouverait facilement des commissaires qui consentiraient à parcourir toutes les communes pour assurer l'exécution convenable d'un pareil travail.

M. Rembault cite l'église de Wailly, qui possède des pierres tombales très remarquables, lesquelles sont tous les jours piétinées par les habitants, et dont il importerait d'assurer la conservation.

MM. Garnier et Jourdain partagent l'avis de M. Corblet; ils ne regardent point cependant ce travail comme impossible; ils pensent qu'une enquête préalable aurait son utilité, et qu'il conviendrait de la commencer, la destruction et la dispersion des objets d'art marchant très vite.

-M. Garnier donne une idée sommaire du cabinet cambraisien de M. Victor Delattre, en lisant les principales divisions du catalogue que prépare M. Delattre.

-M. de Grattier donne lecture d'une troisième étude sur la campagne de Jules César chez les Bellovaques. Les conclusions de ce travail, dans lequel il examine les hypothèses de MM. de Sauley et Peigné, sont les mêmes que celles de ses études précédentes, à savoir que le théâtre de cette guerre n'a point encore été découvert.

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- M. le Président remercie M. de Grattier de cette lec

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ture, et le félicite de la persévérance avec laquelle il poursuit le problème difficile dont il cherche la solution.

-M. Dubois lit de nouvelles recherches ayant pour but de relever quelques erreurs qui se sont accréditées dans l'histoire d'Amiens, et qui lui permettent de donner la véritable origine du nom du Châtelet, de la rue des TroisCailloux, de la rue de Ville; il fait connaître le nom de celui qui a fait construire le mont des Olives au cimetière St.-Denys, et ceux des artistes Mathieu de la Vaquerie et son fils, qui l'ont exécuté. Il parle ensuite de quelques usages anciens relatifs à la confrérie de Saint-Firmin, au couvent de Saint-Antoine en Barrois, et de la procession du pain béni à Notre-Dame-de-Grâce, qui ont été supprimés.

M. le Président exprime à M. Dubois, dont le travail a été accueilli par d'unanimes applaudissements, le regret qu'il ne l'ait point présenté plus tôt à la Société, car il l'eût prié de le lire à la séance publique, où certainement il eût été très favorablement écouté. (Voir p. 220,)

-M. De Grattier demande la parole. Il propose un vote de remerciements aux membres de la Société qui n'ont pas craint d'entreprendre la construction du Musée et qui, par un dévouement et une activité qui ne se sont pas un seul instant démentis, sont parvenus à élever le magnifique monument que tout le monde admire. Il demande également que l'on remercie ceux qui, par leurs efforts heureusement couronnés de succès, ont obtenu que le Musée Napoléon fût un monument communal. Il espère que les divisions qui se sont élevées au sein de la Société ont cessé d'exister; que les embarras passés, chacun sera fier d'avoir doté la ville d'un Musée qui sera

d'autant plus précieux et remarquable qu'il sera consacré aux souvenirs du pays; et que la Société, assurée des sympathies de tous, continuera maintenant sans obstacles les travaux historiques et archéologiques qui lui ont valu un rang si distingué parmi les Sociétés qui s'occupent des mêmes études.

Il ajoute que les Sociétés de l'Oise ont suivi avec beaucoup d'intérêt les débats relatifs à la destination future du Musée, et il félicite la Société de ses succès.

M. Coët s'associe, dit-il, de tout cœur, aux paroles et à la proposition de M. De Grattier.

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M. Rembault signale une plaque en marbre noir conservée chez M. Scoté, boulevard du Vivier, et sur laquelle sont gravés les trois mots: Conventus Fratrum Prædicatorum. Cette inscription était autrefois, dit M. Rembault, placée sur la pore du couvent des Augustins, d'où l'a retirée le père de M. Scoté.

Plusieurs membres pensent qu'il y a erreur et qu'il s'agit du couvent des Dominicains.

M. Rembault fait observer que d'abord les Dominicains seuls, puis les Franciscains, puis les Carmes et ensuite les Augustins eurent le droit de prédication et celui de porter le titre de frères prècheurs.

Malgré cette observation, les membres précédents persistent à penser que les Dominicains seuls portaient le titre de frères prêcheurs.

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M. Salmon demande à faire une communication relative à un sujet dont il a plusieurs fois déjà entretenu la Société l'époque de la mission de S. Saturnin de Tou

louse, par laquelle on arrive à déterminer celle de S. Firmin d'Amiens.

Les auteurs qui veulent faire remonter au 11° siècle la prédication de la Foi dans les Gaules n'ont pour autorité qu'un passage de S. Grégoire de Tours, lequel s'appuie exclusivement sur la Passion de S. Saturnin. Ce document, publié par D. Ruinart, place l'arrivée du saint évêque de Toulouse sous les consulats de Dèce et de Gratus, Decio et Grato coss.

Les défenseurs de la mission de S. Saturnin aux temps apostoliques combattaient ce texte et le réfutaient au moyen d'un grand nombre d'arguments et de textes contraires. La découverte faite à Florence, à la Bibliothèque Riccardi, d'un manuscrit contenant une vie de S. Saturnin, est venue leur apporter un puissant secours.

Ce manuscrit (désigné souvent sous le litre de manuscrit de Maceda, du nom de celui qui l'a le premier révélé au monde savant) est, au plus tard, du commencement du x1° siècle. Il contient la Passion de S. Saturnin telle qu'elle se trouve dans le texte de Ruinart, avec diverses additions; mais, ce qui est le plus remarquable, le passage relatif à la mission du saint est tout différent, et il la fixe sous le règne de Claude, successeur de Caïus Caligula, Claudio qui Gaio vita defuncto subrogatus...

Ce manuscrit joint à d'autres documents et aux raisons que faisaient valoir les défenseurs de l'époque apostolique de S. Saturnin, est d'un grand intérêt dans la question. Il est regrettable qu'il ne soit pas assez connu, et M. Salmon s'estime heureux d'en avoir parlé en France l'un des premiers. Il a déjà eu l'honneur d'apprendre à la

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