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4° La réfrigération du sang et la privation du contact de l'air sont les deux circonstances qui m'ont paru le plus propres à retarder la coagulation. Dans les expériences sur les animaux, il sera indispensable de les observer, lorsqu'on voudra pratiquer la transfusion médiate.

5o On peut injecter dans les veines d'un animal le sang pris à un autre animal, sans déterminer d'accidents graves chez le premier, à la condition que le sang soit parfaitement liquide.

6o Les phénomènes observés par Prévost, Dumas, Bischoff et Dieffenbach, dans ce dernier cas, et attribués par ces physiologistes à une propriété toxique de la fibrine, sont déterminés uniquement par des embolies.

7° En pratiquant la transfusion immédiate, soit à l'aide de mon appareil, soit avec celui de Moncocq, on évitera facilement la formation des embolies, ainsi que le démontrent mes expériences.

8° La défibrination du sang est donc inutile, surtout chez l'homme, où le sang ne commence à se coaguler que quatre ou cinq minutes après sa sortie des vaisseaux.

SUR LA

PRODUCTION DES ALGUES INFÉRIEURES

DANS LES INFUSIONS DE MATIÈRES ORGANIQUES.

PAR LE D'ORÉ

Professeur de physiologie à l'École de Médecine de Bordeaux, Chirurgien de l'hôpital Saint-André,
Membre correspondant de la Société de Chirurgie.

Les algues sont des végétaux vivant généralement sur la terre humide et dans les eaux douces ou salées, remarquables par une texture cellulaire ou filamenteuse dans laquelle il n'entre jamais de vaisseaux; en général libres, vivant isolément ou en société, nues ou enveloppées dans une sorte de substance gélatiniforme; à végétation continue ou interrompue par intervalles; puisant dans l'humidité ou le liquide ambiant les matériaux propres à leur accroissement, et dans l'air et la lumière, les principes de leur coloration; susceptibles enfin de se reproduire, soit par des germes prolifiques développés à leur surface (gonidia), soit par des sporules ou des séminules résultant, autant du moins qu'on en peut juger, du seul acte de la nutrition (germes non fécondés), soit enfin par des sporidies que contient un nucleus renfermé lui-même dans des réceptacles ou apothésies diversement conformés. (C. Montagne. Dict. d'hist. naturelle, d'Orbigny, t. I, p. 273.) Mon but, dans ce travail, n'est pas d'étudier le caractère des algues, ni de faire leur histoire botanique. Je n'ai pas la compétence nécessaire pour traiter un sujet aussi difficile.

Je veux indiquer simplement une des conditions nécessaires à l'apparition de ces végétaux dans les infusions et décoctions de matière organique.

Les substances dont je me suis servi sont assez variées. Je les ai empruntées aux deux règnes végétal et animal. Pour le premier, ce sont : le foin, le poivre, la betterave, les asperges, la levûre de bière; pour le second, le foie de veau, le liquide de l'ascite, l'urine, etc.

Pour bien apprécier le développement de ces végétaux inférieurs, j'ai fait deux séries d'expériences.

Dans la première série, j'ai placé les matières organiques dans l'eau exposée à l'air libre.

Dans la seconde, j'ai fait bouillir les matières pendant une heure ou deux, je les ai filtrées après l'ébullition, les abandonnant ensuite à l'air extérieur.

Dans ces deux séries d'expériences, j'ai obtenu les mêmes résultats, avec cette différence que la production des algues a toujours été plus lente dans le second cas que dans le premier.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Décoction de foin filtrée après une ébullition de demi-heure,
et abandonnée à l'air libre (1er juin 1865).

Après avoir fait bouillir 100 grammes de foin dans 500 grammes d'eau et avoir filtré la décoction, je l'ai exposée à l'air libre, la température ambiante étant de 25° centigrades.

Pendant les quinze ou seize premiers jours, la liqueur n'a présenté aucune altération sensible. Mais à partir de ce moment, il s'est produit à la surface trois plaques d'un vert noirâtre, plus foncé au centre que sur les bords, et affectant la forme lenticulaire. L'une de ces plaques offrant le diamètre d'une pièce de un franc, était renflée à son milieu et mince à sa périphérie. Elle offrait tous les caractères extérieurs d'un morceau de mousse. Les deux autres plaques, moins larges que la précédente, avaient la même forme et la même apparence.

J'ai examiné ces corps circulaires (fig. 1, n° 1) au microscope, avec un grossissement de 280 diamètres.

J'ai constaté l'existence de tubes à parois distinctes présentant de distance en distance des lignes transversales. Ces tubes (n° 2, 3, 4, 5) s'unissaient entre eux, en formant des angles plus ou moins aigus qui donnaient à la préparation l'apparence de rameaux d'aspect différent.

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En étudiant avec soin les trois parties mentionnées précédemment, j'ai cru reconnaître dans l'une d'elles, la plus petite, des filaments moniliformes brisés, à articles presque tous séparés.

J'ai soumis ces préparations à mon savant collègue M. Lespinasse, pour savoir son opinion sur la nature de ces productions. Voici les renseignements qu'il m'a fournis ; je les emprunte à la note écrite qu'il m'a remise.

« Cette curieuse algue appartient incontestablement au genre Cladaphora ægagrophila, de Kutzing.

> Quoiqu'on ne puisse guère la rapporter à aucune des descriptions de cet auteur, je suis loin d'affirmer qu'elle est nouvelle.

» Les corps organisés qui se produisent dans les infusions arrivent rarement à l'état adulte. Nés dans un milieu qui n'est point leur station naturelle, ils y sont toujours imparfaitement dévelop pés; et pour les algues, en particulier, je ne crois pas qu'on y ait jamais vu se produire leurs zoospores mûres. Ce sont en quelque sorte des êtres rachitiques. De cet état, sont nés tous ces enfants trouvés du règne végétal qu'on appelle les algues infusoires.

> Quant aux filaments moniliformes que vous avez figurés dans votre dessin (n° 6), et dont j'ai également constaté l'existence, ils me paraissent être une Nostochinée du genre Anabaena. D

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